Par Georges Malbrunot le 17 septembre 2009 12h09
Parler avec le Hamas, un casse-tête!. Alors que la France n’entretient pas de relations avec le Hamas, l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères a rencontré cet été à Genève quelques-uns des principaux dirigeants du mouvement islamiste palestinien, considéré comme terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis.
Hubert Védrine n’était pas le seul à discuter à cette occasion avec Mahmoud Zahar ou Oussama Hamdane : l’Américain Thomas Pickering (ancien sous-secrétaire d’Etat), Jeremy Greenstock (ancien ambassadeur britannique aux Nations unies), et l’Allemand Ruprecht Polenz (à la tête de la Commission des Affaires étrangères au Bundestag) ont également participé à deux jours de débat avec le Hamas.
Les discussions ont tourné autour de deux points : comment amener le Hamas à reconnaître la solution des « deux Etats » (Israël et la Palestine), alors que jusqu’à présent le mouvement intégriste ne parle que d’un Etat palestinien de la Méditerranée au Jourdain (donc sans Israël). D’autre part que cet Etat s’étende sur la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-est, c’est-à-dire les territoires palestiniens occupés par l’Etat hébreu après la Guerre des Six jours en 1967.
Même si de précédents contacts ont déjà eu lieu entre certains dignitaires européens, américains et le Hamas, l’élément nouveau tient au fait que la rencontre a été organisée en Europe, en Suisse plus précisément, pays qui entretient très officiellement des relations avec le principal mouvement intégriste palestinien.
Les participants à la rencontre de Genève ont incité les dirigeants du Hamas à « s’approcher le plus près possible » des conditions fixées par les Occidentaux pour qu’un dialogue puisse s’ouvrir (c'est-dire reconnaissance d’Israël et des accords signés entre l’état hébreu et l’OLP, et renonciation à la violence).
Ces dignitaires – Hubert Védrine en tête – considèrent que c’est une erreur de ne pas parler avec le Hamas. « La diplomatie a été inventée pour parler avec des gens qui ne sont pas de votre avis », martèle-t-il. Qui plus est le Hamas a été élu démocratiquement lors des élections législatives de 2006.
L’an dernier, j’avais révélé dans Le Figaro l’existence de contacts secrets entre le Hamas et Yves Aubin de la Méssuzière, haut-diplomate à la retraite. Ce canal avait été noué avec l’aval du Quai d’Orsay, qui l'interrompit aussitôt après cette révélation.
La France, et plus généralement les Européens, ne savent pas comment « traiter le problème Hamas ». Par principe - on ne discute pas avec un mouvement terroriste - ils sont opposés à un dialogue avec les islamistes, tout en sachant que cette politique de la chaise vide est contreproductive. Plus on attend, plus le Hamas – loin de s’affaiblir, comme on le pensait en le marginalisant – se renforce, ce qui ne l’incite pas à modérer ses positions.
Certains pays, comme la Norvège, discutent très ouvertement avec le Hamas, sans renoncer pour autant à exiger des concessions aux islamistes. Les obtiennent-ils ? Non pas encore. Mais les tenir à l’écart de la solution du conflit israélo-palestinien est encore une plus mauvaise posture.