Des thèmes explosifs à l’ordre du jour
Le mouvement nationaliste Fatah, entame, aujourd’hui, les travaux de son 6e congrès général, dans la ville de Beitlehem, en Cisjordanie occupée. 2 250 cadres devront participer à ce 6e congrès, qui se tient 20 ans après le 5e qui s’était déroulé à Tunis.
Ghaza : De notre correspondant
Le nombre de participants initialement prévu par la commission préparatoire chargée du choix des membres, était de 1550. Son augmentation à 2 250 a suscité beaucoup de critiques de la part de ceux qui y ont vu une machination de l’ancienne garde, qui, selon eux, cherche à se faire réélire aux instances dirigeantes du mouvement, le comité central constitué de 21 membres et à un degré moindre, le comité révolutionnaire, qui en compte 120. Des milliers de militants du Fatah, possédant les critères d’admission au congrès n’ont pas été retenus, ce qui a fait beaucoup d’insatisfaits. Avec l’arrivée de milliers de cadres du mouvement Fatah, membres et non membres du 6e congrès, la ville de Beitlehem, d’ordinaire plutôt tranquille, connaît une effervescence comparable à celle des jours de grande affluence de touristes, venant visiter la basilique de la nativité, lieu de naissance du Christ.
En plus des congressistes qui viennent des quatre coins du monde, des sources affirment que 70 pays ont annoncé à la présidence leur présence au congrès. Certains d’entre eux ont même exigé de prononcer un discours. La question de la participation des membres du congrès résidant dans la bande de Ghaza est restée liée aux conditions posées par le mouvement islamiste Hamas qui a refusé leur sortie de l’enclave palestinienne tant que les services sécuritaires de l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie, ne libèrent pas ses militants qu’il qualifie de « détenus politiques ». Le gouvernement du Hamas avait annoncé officiellement son interdiction à quelque 400 membres du 6e congres du Fatah de se déplacer vers Beitlehem et a menacé quelques dizaines d’entre eux qui ont pu déjouer la vigilance des services sécuritaires du Hamas et quitter Ghaza, de les arrêter et de les juger dès leur retour.
L’ombre et l’âme de Yasser Arafat
Mahmoud Ezzahar, un des responsables les plus influents du mouvement islamiste a déclaré que la décision d’interdire la participation des membres du 6e congrès résidant dans la bande de Ghaza vise à empêcher l’élection de Mhamad Dahlane, (ennemi juré du Hamas), au comité central du Fatah. « Si nous permettons aux membres du Fatah de sortir, nous permettrons à Mhamad Dahlane de gagner une place au comité central du Fatah, ce qui va a l’encontre de la stratégie sécuritaire et future du Hamas », déclare le Hamas. Parmi les 550 membres représentant le quota de la bande de Ghaza au 6e congrès, 170 ont pu regagner Beitlehem, parmi eux ceux qui se sont infiltrés et ceux qui avaient quitté le territoire suite au coup de force du Hamas. Le mouvement Fatah a annoncé, dimanche soir, après une réunion du comité central présidée par le président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah Mahmoud Abbas, à Ramallah, l’échec de toutes les médiations des pays comme l’Egypte, la Syrie, la Turquie et le Qatar à faire revenir le Hamas sur sa décision. Azzam El Ahmad, un des responsables du Fatah et membre de la délégation au dialogue de réconciliation du Caire soutient que « le Hamas veut aggraver la division, et, par cette décision, il met les bâtons dans les roues du dialogue et de son succès ».
Fatah et la voie du salut
Il a ajouté que « la décision du Hamas d’interdire la participation des militants du Fatah au congrès de Beitlehem, signifie qu’il tient à aller de l’avant dans son plan de partage du pays en harmonie avec le projet unilatéral d’Ariel Sharon visant a séparer la bande de Ghaza de la Cisjordanie et qui va dans le sens de la création d’un Etat aux frontières provisoires, ce que fera échouer, en premier lieu, notre population de la bande de Ghaza ». Mais malgré ce problème de la non-participation de l’ensemble des membres de Ghaza, le 6e congrès général du Fatah reste spécifique par rapport aux précédents. C’est la première fois, depuis la création du mouvement Fatah, qu’il se tient en terre palestinienne. C’est le congrès qui regroupera le plus grand nombre de participants. C’est la première fois également que la majorité des membres revient aux territoires palestiniens, qui ne pouvaient participer à cause des mesures de l’occupant israélien qui criminalisait le Fatah et ses militants dont les activités étaient tenues secrètes.
Toutes les diasporas palestiniennes à travers le globe sont représentées. C’est la première fois qu’un congrès général du Fatah se tient en l’absence du leader historique du mouvement, le défunt président Yasser Arafat. Quant aux difficultés qui apparaîtront sûrement, durant le déroulement du congrès, elles seront multiples. Certaines sources proches du mouvement Fatah ont souligné que le congrès sera une occasion pour la base de demander des comptes aux dirigeants du mouvement et de discuter des points explosifs, tels la perte de la bande de Ghaza au profit du Hamas, la défaite aux dernières élections législatives, la mort suspecte de Yasser Arafat, le dossier des négociations de paix avec Israël, la relation entre le Fatah et l’Autorité palestinienne...
Le congrès devra enfin définir sa politique future surtout en ce qui concerne la relation avec Israël et son point de vue sur la nature de la lutte qui devrait accompagner les négociations de paix avec l’Etat hébreu. Mais beaucoup d’observateurs considèrent le 6e congrès du Fatah crucial pour l’avenir du mouvement qui devra élira de nouvelles instances dirigeantes et lui faire reprendre son aura sur la scène palestinienne. Une image ternie par certains responsables corrompus, qui, depuis leur arrivée dans les territoires ne pensent qu’à remplir leurs poches. L’enjeu de ce congrès étant de redorer le blason d’un mouvement qui a porté les espérances du peuple palestinien de pouvoir, un jour, jouir d’un Etat indépendant et souverain avec El Qods comme capitale sur les terres occupées en 1967.
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