Par Christian Merville | 04/08/2009
LE POINT
Contrairement à l'idée généralement admise, il faut être plus que deux en politique, n'en déplaise aux amateurs pour danser le tango. Est-ce pour cela que, de mémoire d'homme, on a rarement vu, et en un temps aussi court, un tel défilé de responsables américains ? Après le secrétaire à la Défense Robert Gates, le Proche-Orient a eu droit à la visite du général James L. Jones, conseiller à la Sécurité nationale, et à celle de l'inévitable Dennis B. Ross, qui a récemment repris du service, sans parler du négociateur en chef, George J. Mitchell, qui en est déjà à sa cinquième navette. Et dans les semaines qui viennent, la Maison-Blanche lancera une vaste campagne de relations publiques pour expliquer sa position sur la question la plus épineuse du siècle, assortie d'interviews de Barack Obama sur diverses chaînes de télévision des deux parties. Mais ce remue-ménage diplomatico-médiatique ne semble pas émouvoir outre mesure Tel-Aviv où l'on invite le chef de l'Exécutif US à s'adresser directement aux Israéliens. Tout comme, à ce jour, vous l'avez fait avec les Arabes, les musulmans, les Iraniens, les Européens, les Russes et les Africains, rappelle Aluf Benn, éminent éditorialiste du Haaretz, dans une récente tribune à un grand quotidien new-yorkais.
Il y a aussi l'absence de la secrétaire d'État, pratiquement sur la touche, murmure-t-on aujourd'hui, en raison précisément de l'activisme des émissaires présidentiels. Vexée, Hillary Clinton, qui était interrogée l'autre soir par David Gregory sur NBC, a répondu sèchement : « Je me suis fracturé le coude, pas le larynx » - une manière de rappeler qu'elle a pris position sur le conflit israélo-arabe à chaque fois que l'occasion s'en est présentée. Il reste que son dernier contact direct avec l'équipe de Benjamin Netanyahu remonte à mars dernier, et cela, les commentateurs ne manquent pas de le relever, rappelant qu'il s'agit du numéro 2 de l'équipe démocrate, au soutien sans faille à l'État hébreu à l'époque où elle représentait New York au Sénat. C'est bien pourquoi d'ailleurs l'homme de la rue continue d'avoir pour elle les yeux de Chimène, alors que le président fait figure d'allié plutôt incertain, contrairement à George W. Bush et même à Bill Clinton. Sans parler de ses deux principaux adjoints, Rahm Emanuel et David Axelrod, qualifiés hier par « Bibi » de « self-hating Jews ». En juin, le Jerusalem Post publiait les résultats d'un sondage qui a ému la Maison-Blanche. Pour cinquante pour cent des personnes interrogées, la présente équipe américaine est plutôt propalestinienne contre six pour cent seulement qui pensent le contraire.
Encore s'il ne s'agissait que des deux principaux protagonistes... Il y a aussi les dirigeants arabes, douze au total, qui se sont entretenus, au fil de près de sept mois, avec l'émissaire yankee pour lui signifier leur refus de toute concession et leur exigence de mesures concrètes à prendre par l'autre partie, essentiellement le gel de la colonisation. Pourtant, s'étonne George Mitchell, aucun des deux camps n'a fait état en privé d'une telle intransigeance. Ainsi, dit-il, Netanyahu a fini par accepter l'idée d'une suspension provisoire de nouvelles constructions pour peu qu'on le laisse terminer l'aménagement de 2 500 maisons. Bien maigre quand on sait que 300 000 colons sont déjà installés sur la rive occidentale du Jourdain et 200 000 autres dans la partie arabe de Jérusalem. Le mouvement Americans for Peace Now révélait récemment qu'Ehud Olmert avait autorisé l'édification de 4 500 unités et qu'un peu partout dans les territoires occupés, les maisons préfabriquées champignonnent. Avec la meilleure bonne volonté du monde, on ne trouvera pas, à Riyad comme au Caire ou ailleurs, un responsable pour juger qu'il y a là de quoi relancer la « feuille de route » établie en 2003. Encore moins exiger des Arabes les gestes « suggérés » par les Américains : installation à Tel-Aviv de représentations commerciales, interviews à des représentants de médias israéliens ou encore ouverture de l'espace aérien arabe aux avions de la compagnie El Al se rendant dans des contrées asiatiques.
Constat désolé, dressé par les pessimistes à tout crin : la paix n'est pas pour demain. Scénario rose, élaboré par les optimistes : après le va-et-vient de ces dernières semaines, on s'achemine vers une conférence internationale, probablement à l'automne, qui permettrait de débloquer la situation. Rappel, un rien amusé, de Mitchell, dont faisait état hier le New York Times : il m'avait fallu 700 jours avant de parvenir, en Irlande, à l'accord du Vendredi saint ; je ne suis sur le dossier proche-oriental que depuis 190 jours. Procédez à une petite soustraction. Décourageant, non ?
Il y a aussi l'absence de la secrétaire d'État, pratiquement sur la touche, murmure-t-on aujourd'hui, en raison précisément de l'activisme des émissaires présidentiels. Vexée, Hillary Clinton, qui était interrogée l'autre soir par David Gregory sur NBC, a répondu sèchement : « Je me suis fracturé le coude, pas le larynx » - une manière de rappeler qu'elle a pris position sur le conflit israélo-arabe à chaque fois que l'occasion s'en est présentée. Il reste que son dernier contact direct avec l'équipe de Benjamin Netanyahu remonte à mars dernier, et cela, les commentateurs ne manquent pas de le relever, rappelant qu'il s'agit du numéro 2 de l'équipe démocrate, au soutien sans faille à l'État hébreu à l'époque où elle représentait New York au Sénat. C'est bien pourquoi d'ailleurs l'homme de la rue continue d'avoir pour elle les yeux de Chimène, alors que le président fait figure d'allié plutôt incertain, contrairement à George W. Bush et même à Bill Clinton. Sans parler de ses deux principaux adjoints, Rahm Emanuel et David Axelrod, qualifiés hier par « Bibi » de « self-hating Jews ». En juin, le Jerusalem Post publiait les résultats d'un sondage qui a ému la Maison-Blanche. Pour cinquante pour cent des personnes interrogées, la présente équipe américaine est plutôt propalestinienne contre six pour cent seulement qui pensent le contraire.
Encore s'il ne s'agissait que des deux principaux protagonistes... Il y a aussi les dirigeants arabes, douze au total, qui se sont entretenus, au fil de près de sept mois, avec l'émissaire yankee pour lui signifier leur refus de toute concession et leur exigence de mesures concrètes à prendre par l'autre partie, essentiellement le gel de la colonisation. Pourtant, s'étonne George Mitchell, aucun des deux camps n'a fait état en privé d'une telle intransigeance. Ainsi, dit-il, Netanyahu a fini par accepter l'idée d'une suspension provisoire de nouvelles constructions pour peu qu'on le laisse terminer l'aménagement de 2 500 maisons. Bien maigre quand on sait que 300 000 colons sont déjà installés sur la rive occidentale du Jourdain et 200 000 autres dans la partie arabe de Jérusalem. Le mouvement Americans for Peace Now révélait récemment qu'Ehud Olmert avait autorisé l'édification de 4 500 unités et qu'un peu partout dans les territoires occupés, les maisons préfabriquées champignonnent. Avec la meilleure bonne volonté du monde, on ne trouvera pas, à Riyad comme au Caire ou ailleurs, un responsable pour juger qu'il y a là de quoi relancer la « feuille de route » établie en 2003. Encore moins exiger des Arabes les gestes « suggérés » par les Américains : installation à Tel-Aviv de représentations commerciales, interviews à des représentants de médias israéliens ou encore ouverture de l'espace aérien arabe aux avions de la compagnie El Al se rendant dans des contrées asiatiques.
Constat désolé, dressé par les pessimistes à tout crin : la paix n'est pas pour demain. Scénario rose, élaboré par les optimistes : après le va-et-vient de ces dernières semaines, on s'achemine vers une conférence internationale, probablement à l'automne, qui permettrait de débloquer la situation. Rappel, un rien amusé, de Mitchell, dont faisait état hier le New York Times : il m'avait fallu 700 jours avant de parvenir, en Irlande, à l'accord du Vendredi saint ; je ne suis sur le dossier proche-oriental que depuis 190 jours. Procédez à une petite soustraction. Décourageant, non ?
l'orient le jour