Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel, le philosophe
américain rescapé du nazisme, fait figure de vénérable sage dans le
monde entier, lu par des millions de lecteurs, décoré des plus hautes
distinctions et écouté presque religieusement, autant de marques de
reconnaissance qui lui confèrent une immense influence sur les esprits.
Aussi, quand ce docteur honoris causa de plus
d’une centaine d’universités dans le monde va dans le sens du vent, en
se faisant l’ardent défenseur d’Israël et le plus intraitable des
censeurs contre le Hamas, on a toutes les raisons de craindre que sa
voix très partisane ne l’emporte sur la clameur de protestation
dénonçant, dans toutes les langues, les atrocités commises par
l’ultra-sionisme vengeur.
Il n’est pas aisé de dire non à Elie Wiesel, et
pourtant The Times l’a fait. En effet, la direction du célèbre quotidien
britannique a refusé de publier la récente tribune de l’éminent
intellectuel, dans laquelle celui-ci s’est assis sur ses grands
principes éthiques sans vergogne, pour reprendre à son compte, en
l'amplifiant, l’allégation selon laquelle le Hamas se sert des enfants
palestiniens comme de boucliers humains.
La diatribe, infiniment sournoise et violente,
parrainée par « The Values Network », une organisation fondée par le
rabbin Shmuley Boteach, a été jugée trop à charge et trop anxiogène par
les responsables du Times, qui ont estimé qu’elle était susceptible de
heurter une partie de leurs lecteurs, ainsi que l’a rapporté le New York
Observer.
C’est dans une encre trempée au vitriol qu’Elie
Wiesel, fort de son aura internationale, a jeté l’anathème contre le
Hamas, tout en enjoignant le monde entier, des puissants aux citoyens
ordinaires, à choisir le bon camp, celui d’Israël cela va de soi, en se
gardant bien de dire que la barbarie est pourtant de ce côté-là du mur
de la honte, et que la résistance à l'oppresseur assoiffé de vengeance
est du côté du Hamas.
Dans une condescendance insupportable, cet énième
ambassadeur de Netanyahou aux Etats-Unis joue les hommes de paix,
poussant le cynisme et la suffisance jusqu’à « exhorter les Palestiniens à trouver de vrais musulmans pour les représenter ».
C’est bien là le comble du racisme de la part d’un philosophe
pro-sioniste qui avance masqué, drapé dans sa respectabilité, dans un
Occident où le soutien à Gaza et à l’ensemble de la Palestine forme
désormais une immense chaîne de la solidarité par-delà les frontières
idéologiques, culturelles et cultuelles.
Voici le réquisitoire, truffé de sophismes insidieux, que le Times n’a pas publié :
"Dans ma vie, j’ai vu des enfants juifs jetés
dans le feu. Et maintenant, je vois des enfants musulmans utilisés comme
des boucliers humains, dans les deux cas, par des adorateurs du culte
de la mort qu’on ne peut différencier des adorateurs de Moloch.
Ce dont nous souffrons aujourd’hui, ce n’est
pas d’une guerre des Juifs contre les Arabes, ni d’une guerre des
Israéliens contre les Palestiniens. Il s’agit plutôt d’une guerre entre
ceux qui défendent la vie et ceux qui glorifient la mort. C’est un
combat de la civilisation contre la barbarie.
Est-ce que les deux cultures qui nous ont
donné les Psaumes de David et les riches bibliothèques de l’Empire
Ottoman ne partagent pas l’amour de la vie, de transmettre la sagesse et
un avenir à leurs enfants? Et, peut-on discerner cela dans le sombre
futur offert par le Hamas aux enfants arabes, d’être des kamikazes ou
des boucliers humains pour des roquettes?
Mais, avant que les mères incapables de
trouver le sommeil, à Gaza et à Tel Aviv, puissent trouver le repos,
avant que les diplomates puissent sérieusement amorcer la reprise du
dialogue… le culte de la mort du Hamas doit être regardé pour ce qu’il est.
J’appelle les Palestiniens à trouver
de vrais Musulmans pour les représenter, des Musulmans qui ne mettront
jamais délibérément un enfant en danger.
J’appelle le Président Obama et les dirigeants
du monde à condamner l’utilisation par le Hamas, d’enfants comme
boucliers humains. Et j’enjoins l’opinion publique
américaine à se tenir fermement aux côtés du peuple d’Israël qui lutte
une nouvelle fois pour sa survie, et aux côtés des habitants souffrant de Gaza qui rejettent la terreur et soutiennent la paix."