Le ministre des Affaires étrangères d'Israël Avigdor Lieberman et chef du parti Ysrael Beitenu a publié le 28 novembre un nouveau manifeste qui détaille les perspectives du parti pour Israël. Le programme actualisé, intitulé "Nager à contre-courant" et postée sur la page Facebook de Lieberman, exige que les arabes israéliens qui s'identifient eux-mêmes comme Palestiniens "(...) renoncent à leur citoyenneté israélienne et déménagent pour devenir les citoyens du futur Etat palestiniens."
Combattants arabes palestiniens, 1947 (photo Abdulrazzaq Badran, journaliste au mensuel égyptien Dar El Hilal)
Il faut noter que les nomenclatures immuables de "Arabes israéliens" ou "Arabes" ont été inventées par les sionistes pour éviter d'identifier ceux qui sont restés dans leurs maisons - lorsqu'Israël leur a été imposé par la force - en tant que Palestiniens. Mais cependant, au grand dam d'Israël, les Palestiniens n'ont cessé de rappeler aux sionistes que "c'est Israël qui est venu chez nous ; nous ne sommes pas allés en Israël."
Le ministre israélien des Affaires étrangères a en outre suggéré qu'Israëlcrée "un système d'incitations économiques" pour pousser les Palestiniens à quitter leurs maisons et leurs villes qui existaient avant Israël lui-même.
Contrairement à ce Moldave transplanté, même les dirigeants blancs nés en Afrique du Sud n'ont jamais osé suggérer qu'on donne de l'argent aux Sud-Africains noirs pour qu'ils déménagent dans des pays d'Afrique du Sud noire.
Néanmoins, et pour argumenter la discussion, convenons avec le sionismeque la "judéïté" de quelqu'un l'emporte sur tous les autres et que les habitants originaux de la Palestine historique doivent donc laisser la place à la seule nation juive dans le monde, et déménager dans ce que Lieberman décrit comme "le futur Etat palestinien".
Où est ce "le futur Etat palestinien" ? Est-il dans les 22 pour cent qui restent de la Palestine historique, autrement dit la terre occupée en 1967 ?
Lieberman ne nous le dit pas. Simplement parce qu'il vit dans l'une des nombreuses colonies illégales réservées aux juifs dans ce même territoire prévu pour être "le futur Etat palestinien". L'émigré transplanté, comme ses copains colons illégaux, s'est déjà emparé de 40 pour cent des terres occupées en 1967, tandis que plus de 60 pour cent de l'eau de laCisjordanie est exclusivement réservée aux juifs.
Lieberman est l'incarnation de la politique israélienne de vol de terres qui ne laisse place à aucun Etat palestinien viable. Pour cela, l'ex-moldave est qualifié pour faire partie de la liste de l'Union européenne des produits des colonies illégales.
En outre, je suis convaincu que le videur de discothèque devenu ministre des Affaires étrangères d'Israël attend que les contribuables américains financent son programme. Ces mêmes contribuables inépuisables qui ont payé pour le retrait d'Israël du Sinaï en vertu de l'accord de Camp David et qui ont avancé l'argent pour le soi-disant "redéploiement" de l'armée israélienne en vertu de l'accord d'Oslo, et plus tard de l'accord de Wye River.
Le manifeste de Lieberman veut que les Palestiniens indigènes bougent, mais il ne paiera pas pour cela. Il veut qu'ils déménagent vers un endroit où 40 pour cent des terres sont réservées aux colonies juives.
Malheureusement, les Israéliens n'ont pas le monopole des conceptionssionistes fanatiques, ils les partagent avec ceux qui bénéficient des démocraties occidentales. Prenez par exemple le Rabbin Steven Pruzansky, de Teaneck, dans le New Jersey, ancien vice-président du Conseil rabbinique d'Amérique.
Lieberman aurait pu plagier un post du 21 novembre sur le blog personnel de Pruzansky, où il demande des mesures pour "encourager l'émigration arabe - le paiement d'allocations, d'indemnisation des biens, etc." et il affirme que "les Arabes qui habitent sur la terre d'Israël sont les ennemis (...) et qu'il faut les vaincre."
Pruzansky, l'homme du Dieu "juif", suggérait que "il faut qu'ils (les Palestiniens) sentent qu'ils n'ont aucun avenir en Israël - pas d'avenir national et pas d'avenir individuel."
C'est l'intention du nouveau projet de Loi fondamentale, sur l'Etat juif.
L'obsession sioniste sur la présence de non-juifs en Palestine historique est aussi vieille qu'Israël. Le premier Premier ministre israélien, le polonais David Ben Gourion, déplorait en 1948 leur incapacité à "débarrasser l'ensemble de la région de Galilée centrale" des Palestiniens.
Aujourd'hui, le manifeste du Moldave appelle à terminer le nettoyage ethnique que son collègue polonais a commencé en 1948.
(Source originale : Gulf Daily News)
Source : Intifada Palestine
Traduction : MR pour ISM