Depuis quelques jours les Autorités israéliennes s’interrogent sur
l’avenir des relations France-Israël. Un homme attire bien évidemment le
regard des milieux politiques de Jérusalem : Alain Juppé.
Voilà ce que disait l’ancien Premier ministre qui a des chances de
battre selon un dernier sondage Nicolas Sarkozy aux Primaires de l’UMP.
(Le Parisien : “A en croire un sondage LH2 pour Le Nouvel Observateur
publié ce jeudi ce serait le maire de Bordeaux et de loin”.
1. LE FIGARO Copyrights) Juillet 2014 :
"Alain Juppé, dirigeant intérimaire de l’UMP, a souligné aujourd’hui les
“exigences absolues” de sécurité d’Israël mais s’est interrogé sur le
sens de la “répression brutale” de l’armée israélienne et de la volonté
des deux parties de reprendre le processus de paix.
“La France a toujours suivi la même ligne depuis des décennies: la
sécurité d’Israël, le droit au peuple d’Israël à vivre en paix et en
sécurité dans des frontières reconnues est une exigence absolue. C’est
la raison pour laquelle le massacre de trois jeunes Israéliens ou le tir
de roquettes sur les villes israéliennes sont inacceptables”, a ainsi
déclaré Alain Juppé sur Europe 1.
“Cela dit, où va-t-on?”, a-t-il demandé, ajoutant, en évoquant “cette
répression brutale, qui vise des cibles militaires mais aussi des
civils, des dizaines de morts: où cela conduit-il? La réaction est-elle
proportionnée? C’est la grande question”, a nuancé l’ancien ministre des
Affaires étrangères". (Le Figaro)
Fondation France-Israël, Février 2012 : "La France est et sera
toujours l’amie d’Israël. Dans bien des domaines, notre relation
bilatérale est déjà exemplaire.
Je pense à notre dialogue politique, qui se nourrit des nombreuses
visites de ministres français en Israël et de ministres israéliens en
France – je me réjouis d’ailleurs que grâce à l’adhésion d’Israël à
l’Organisation de coopération et de développement économiques, les
ministres israéliens aient encore plus souvent l’occasion de venir à
Paris.
Je pense aussi à notre coopération culturelle, qui est extrêmement
vivante. En Israël, où un habitant sur dix est francophone, notre
ambassade a à cœur de répondre toujours mieux à la soif de culture
française. Les récentes initiatives que nous avons lancées, comme le
festival « lire en scène » ou le forum « démocratie», organisé en lien
avec de grands médias israéliens, ont été de véritables succès. Nous
sommes déterminés à les renouveler.
Pour autant, il existe encore des domaines dans lesquels nous pouvons progresser.
C’est notamment le cas de notre relation économique et commerciale,
qui reste notre talon d’Achille. Aujourd’hui, nous ne sommes qu’au 10e
rang des exportateurs vers Israël. Le niveau de nos investissements
mutuels est également insuffisant. C’est d’autant plus décevant que
l’économie israélienne dispose d’une capacité d’innovation inégalée, qui
a été récompensée cette année par l’attribution du prix Nobel de chimie
à Daniel SHECHTMAN.
Je sais que de nombreux projets ont été engagés pour remédier à cette
situation, qu’il s’agisse de l’organisation en décembre dernier des
journées franco-israéliennes de l’innovation à Bercy ou du lancement par
la Fondation du réseau social d’entrepreneurs Isralink.
Ensemble, nous devons continuer à nous mobiliser pour encourager les
hommes d’affaires français à investir en Israël et les hommes d’affaires
israéliens à venir investir en France, pour engager nos acteurs
économiques respectifs à travailler ensemble et pour inciter les
entreprises françaises, PME ou grands groupes du CAC 40, à s’installer en Israël pour tirer profit d’un marché technologique en pleine croissance.
Mais les liens qui unissent la France et Israël dépassent largement
le cadre de notre relation bilatérale. Nous mesurons pleinement les
défis que représentent pour Israël les bouleversements en cours dans le
monde arabe. Sans faire preuve de naïveté, nous considérons que la
meilleure réponse à apporter aux aspirations des peuples consiste à
reconnaître leur légitimité et à accompagner les transitions
démocratiques en cours pour garantir leur succès. Il ne s’agit pas pour
autant d’un chèque en blanc aux nouveaux régimes. Nous ne tolérerons pas
que ces derniers, fussent-ils issus des urnes, remettent en cause les
fondamentaux de la paix avec Israël ou son droit à exister dans la
région.
Nous mesurons aussi – et nous partageons avec vous – l’inquiétude que
suscite le manque de progrès tangibles dans le processus de paix. Il
faut naturellement saluer les efforts de la Jordanie pour relancer des
contacts directs entre les parties. Mais ne nous voilons pas la face,
ces efforts n’ont malheureusement que très peu de chances d’aboutir, car
les parties ne sont pas prêtes à prendre les mesures courageuses qui
s’imposent pour avancer sur le chemin de la paix.
Cette situation d’impasse est contraire aux intérêts d’Israël. Nous
ne pouvons nous en satisfaire. Il est de notre responsabilité à tous
d’encourager les parties à recréer le climat de confiance indispensable à
la relance d’un processus de négociation viable, seul à même de mettre
un terme au conflit. C’est la raison pour laquelle nous avons vivement
condamné l’accélération récente de la colonisation, qui menace plus que
jamais la solution des deux Etats.
L’impasse actuelle doit également nous conduire à engager une
réflexion sur la méthode et sur le nécessaire élargissement de
l’encadrement international du processus de paix. Aujourd’hui, il n’est
plus réaliste de penser qu’il sera possible d’avancer sans un
accompagnement direct des efforts de paix par l’Europe ou les pays
arabes.
Enfin, comme le président de la République l’a une nouvelle fois
rappelé dans ses vœux au corps diplomatique, la France s’engage
pleinement en faveur de la sécurité d’Israël. J’en veux notamment pour
preuve le rôle moteur que nous jouons dans la mobilisation
internationale contre le programme nucléaire iranien. C’est à
l’initiative de la France que l’Union européenne a adopté des sanctions
sans précédent, à savoir un embargo pétrolier et le gel des avoirs de la
Banque centrale iranienne.
Ces mesures témoignent de notre détermination. Elles visent à montrer
au régime iranien que la seule issue possible consiste à ouvrir des
négociations sérieuses et concrètes avec la communauté internationale
sur son programme nucléaire Elles prouvent que face à cette menace,
Israël n’est pas seul. Nous continuerons à renforcer la pression sur
Téhéran tant qu’il refusera le dialogue et poursuivra ses provocations.
Toute reprise du dialogue ne pourra être conduite que sur des bases
concrètes et sérieuses et mener à une solution qui comporte
nécessairement le respect des résolutions du Conseil de sécurité. Nous
ne baisserons pas nos exigences.
Mesdames, Messieurs, Vous le voyez, notre engagement aux côtés
d’Israël ne faiblit pas. Vous trouverez toujours dans cette maison des
hommes et des femmes désireux de soutenir le travail de la Fondation et
d’appuyer toute initiative de nature à renforcer les liens entre la
France et Israël".
2. Le 5 Janvier 2009 dans Le blog d’Alain Juppé : "Ce matin, j’ai
signé une lettre à l’intention du maire d’Ashdod, la ville israélienne
jumelée avec Bordeaux. Je lui dis le soutien que j’apporte à ses
concitoyens dans l’épreuve qu’ils subissent depuis des semaines : des
roquettes tirées de la bande de Gaza toute proche frappent des bâtiments
de la ville et y font des blessés. Comment ne pas comprendre et ne pas
partager l’exaspération de la population exposée à ce danger d’autant
plus insupportable qu’il est imprévisible ?
Mais en même temps comment comprendre la stratégie israélienne face
aux provocations du Hamas ? Qui peut imaginer trouver une solution de
coexistence durable entre deux peuples qui ont également le droit de
vivre sur cette terre, en utilisant la force la plus brutale ? Et la
plus aveugle puisqu’elle frappe aussi bien les enfants ou les vieillards
que les hommes en armes ! Qui ne voit qu’une opération militaire aussi
sanglante ne peut que durcir les haines, radicaliser la soif de
vengeance, pousser les Palestiniens au désespoir et la rue arabe à la
détestation d’Israël et de tous ceux qui semblent cautionner sans
réserve son comportement ?
On éprouve un sentiment d’immense gâchis et l’on cherche vainement
une issue à ce conflit qui empoisonne les relations internationales
depuis tant de décennies.
Je n’aurai certes pas la prétention de suggérer telle ou telle piste.
Je formulerai juste deux souhaits dont la réalisation dépend pour le
premier de nous, et pour le second des protagonistes eux-mêmes.
Je souhaite d’abord que la France joue le seul rôle utile qui lui
échoit : celui de rendre possible le dialogue. Et pour cela elle doit
parler à toutes les parties, sans s’interdire de condamner ce qui est
condamnable dans les comportements de chacun, mais en se montrant
disponible envers les uns et les autres.
Je souhaite ensuite que, du côté israélien comme du côté palestinien,
se lève un jour prochain l’homme ou la femme capable de prendre le
risque de la paix. Irréaliste ? Peut-être. Et pourtant le miracle s’est
déjà produit, il y a 15 ans, au moment des accords d’Oslo : ils
s’appelaient Rabin et Arafat.
3. BLOG de Alain Juppé en 2009. ASSEZ
! J’ai toujours aimé Israël. J’admire son peuple, si créatif et si
courageux. Je suis attaché à l’existence de l’Etat d’Israël, à son
intégrité, à sa sécurité qui ont toujours été, à mes yeux des exigences
absolues.
Mais, aujourd’hui, j’avoue que je ne comprends plus. Je suis même
malheureux de voir les autorités israéliennes, apparemment soutenues par
l’immense majorité de leurs citoyens, se fourvoyer à ce point. Où donc
l’attaque sauvage qu’elles mènent contre Gaza peut-elle les mener ?
Il y a d’abord la morale. Bernard-Henri Lévy ne me convainc pas quand
il écrit : “Les Palestiniens tirent sur des villes, autrement dit sur
des civils… Les Israéliens ciblent des objectifs militaires et font,
sans les viser, de terribles dégâts civils.”
Les écoles de l’ONU ou les convois humanitaires constituent-ils des
objectifs militaires ? Et que répondre aux responsables du Comité
International de la Croix-Rouge (CICR) quand
ils déclarent : “L’armée israélienne n’a pas respecté ses obligations
requises par le droit international humanitaire. Le retard dans
l’autorisation d’accès aux services de secours est intolérable.” Les
images qui nous montrent des enfants blessés, des enfants morts ne sont
pas des montages médiatiques !
Quant à la stratégie, je ne la comprends pas non plus. Israël, si
j’en crois certaines analyses, chercherait à convaincre la population
palestinienne que le Hamas la prend en otage, en espérant ainsi priver
l’organisation de tout soutien populaire. Et si c’était le contraire ?
Si la violence faite aux Palestiniens les ressoudait, et avec eux les
opinions arabes, autour des plus extrémistes ? L’isolement dans lequel
Israël risque de s’enfermer est suicidaire.
Le conseil de sécurité des Nations Unies vient d’adopter à
l’unanimité, à l’exception des Etats-Unis qui n’ont pas voté contre mais
se sont abstenus, la résolution 1860 qui demande un cessez le feu
immédiat. Ce devrait être le signal, pour le gouvernement israélien, que
maintenant, c’est assez.
3. Blog de Alain Juppé. Juillet 2006. MALHEUREUX LIBAN.
Plus que tout autre région du monde, le Proche-Orient suscite les passions les plus extrêmes. Il suffit pour s’en convaincre à nouveau de lire quelques-unes de vos réactions à mon “blog notes” intitulé “Malheureux Liban”. Je me demande si certains de mes correspondants ont bien lu mon texte jusqu’au bout.
Plus que tout autre région du monde, le Proche-Orient suscite les passions les plus extrêmes. Il suffit pour s’en convaincre à nouveau de lire quelques-unes de vos réactions à mon “blog notes” intitulé “Malheureux Liban”. Je me demande si certains de mes correspondants ont bien lu mon texte jusqu’au bout.
J’ai, avec le Liban, avec son peuple, avec tant d’amis libanais, un
lien ancien et profond. Pas seulement politique, mais plus encore
culturel et moral. J’ai toujours pensé que la France avait une
responsabilité particulière envers le Liban. J’avais pour Rafic Hariri
amitié et estime ; son assassinat a été un terrible malheur pour ce
Liban qu’il avait mis tant d’énergie à reconstruire. Comment aujourd’hui
ne pas être atterré devant le spectacle de désolation et de destruction
que donnent Beyrouth et d’autres villes libanaises ? Le Hezbollah est
une organisation terroriste qui revendique de barbares attentats contre
d’innocentes populations civiles. Mais comme je l’ai écrit hier, ce fait
ne justifie pas l’excès de la réaction israélienne.
Les destructions perpétrées au Liban ne pourront que durcir les
antagonismes et les haines, sans faire avancer d’un pouce ce qui
constitue la seule solution au problème israélo-palestinien,
c’est-à-dire une solution politique, fondée sur la coexistence aussi
pacifique et harmonieuse que possible d’un Etat israélien et d’un Etat
palestinien.
Je n’aurais pas dressé moi-même la terrible comptabilité qu’on trouve
ce matin dans les colonnes du Herald Tribune : “The assymetry in the
death tolls is marked and growing : about 230 Lebanese dead, to 25
Israeli dead, since July 12. Most of the Lebanese were civilians, but
half of the Israelis. In Gaza, since June 28, about 103 Palestinians
have died in the fighting, 70% of them militants. One Israeli soldier
died, from friendly fire.” Les amis d’Israël, dont je suis, ne peuvent
pas ne pas partager la conclusion de cet article : “Wars end with
diplomacy. You can’t win a war with F-16’s alone". (Les guerres se
terminent par la diplomatie. On ne peut gagner une guerre seulement avec
des F-16).
Source:
Sources IsraelValley et http://www.jforum.fr/forum/france/article/juppe-et-ses-relations-avec-israel