Vacy Vlazna
La première ligne de la résistance pacifique palestinienne en
Cisjordanie ne se situe pas à Ramallah, siège de l’Autorité
palestinienne (AP), de l’Organisation de libération de la Palestine
(OLP) et du Conseil national palestinien (CNP), mais dans les nombreux
villages, tels que Bill’in, Nil’ilin, Nabi Saleh, Kufr Kaddum, Al
Maasara, Hizma, Al Walaja, Bab Al Shams, Burin ou Budrus, que l’AP est
censée représenter et protéger.
Dans ces villages, des héros et
héroïnes ont lutté avec courage et volonté au nom de la justice et de la
liberté contre les vapeurs toxiques des projectiles lacrymogènes
israéliens à grande vitesse, les balles réelles israéliennes, les balles
d’acier israéliennes enrobées de caoutchouc, la skunk
israélienne et son odeur tenace, les grenades assourdissantes
israéliennes, les arrestations et la torture dans les prisons
israéliennes, se concluant malheureusement par la mort ou des
mutilations pour de nombreuses personnes.
Étant donné que des villageois palestiniens mettent chaque semaine
leur vie en danger directement sur la ligne de front, face à face avec
les forces d’occupation israéliennes (FOI) et les milices coloniales
extrémistes, comment expliquer la stagnation des progrès vers une
souveraineté palestinienne totale ?
Hormis l’évidente supériorité de la puissance israélienne, étayée par
l’influence des États-Unis, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, du
Canada, de l’Australie et d’une ONU impuissante, il existe une force
interne corrompue et antagoniste aux aspirations nationales
palestiniennes sur la planète Ramallah.
Encerclée par quatre camps de réfugiés pauvres, Ramallah, regorgeant
de maisons, d’appartements de luxe, de nouveaux bâtiments
gouvernementaux et de missions diplomatiques étrangères, semble être
préparée à remplacer Jérusalem-Est comme future capitale. L’ancien
ministre de l’AP en charge du « portefeuille de Jérusalem », Hatem Abdel
Kader, a déclaré : « Je dois être honnête avec vous et vous dire que
nous avons perdu la bataille pour Jérusalem... L’une des raisons de cet
échec est que le gouvernement palestinien ne s’intéresse pas vraiment à
Jérusalem ».
À Ramallah, les membres de l’AP, du CNP et de l’OLP profitent des
hôtels 5 étoiles, des restaurants gastronomiques et des boîtes de
nuit... Il leur arrive aussi parfois, comme l’ont illustré les
documentaires « 5 caméras brisées » et « Budrus », de faire de brèves
apparitions en toute sécurité lors de manifestations dans les villages,
attirés uniquement par la présence des caméras.
Au sein de l’AP, la force antagoniste aux droits politiques
palestiniens est la conception machiavélique d’Israël qui a vu le jour à
Oslo en 1993 grâce à la sage-femme palestinienne, Yasser Arafat, qui
avait sournoisement accepté les résolutions 242 et 338.
« Quand l’OLP a accepté la résolution 242 après l’avoir combattue
depuis sa publication en 1967, elle a en réalité complètement abandonné
la cause palestinienne » (Anis Fawzi Qasim).
Yasser Arafat avait été fortement mis en garde, bien avant cela, par
le célèbre avocat de droit international Francis Boyle et le chef de la
délégation palestinienne, le Dr Haider Abdul Shaffi, contre le sabotage
inextricable de l’indépendance palestinienne contenu dans les accords
qui omettaient ouvertement les questions clés des frontières, des
réfugiés et de Jérusalem.
Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour faire le rapprochement entre
les bantoustans et la division de la Cisjordanie et de Gaza en zones A, B
et C qui a entraîné 21 ans de destruction de l’unité palestinienne,
fléau d’Israël.
Les Accords d’Oslo sont la preuve qu’Israël avait tiré les leçons de
l’unité populaire massive de la première Intifada. Ainsi, la mise en
place de l’AP et des 50 000 membres de ses forces de sécurité (FSAP),
armés, entraînés et financés par les États-Unis et Israël ont permis de
garantir l’existence d’un partenaire docile et d’une force de police de
proximité chargée de saper l’unité palestinienne et de maîtriser la
résistance à l’occupation israélienne. Tout bénéfice pour Israël.
Depuis les Accords d’Oslo, les Palestiniens ont été condamnés non
seulement à affronter la violence israélienne, mais aussi les attaques
des forces de sécurité de l’AP au nom de la protection d’Israël et de
l’occupation. Ils ont été condamnés à subir les balles réelles et en
acier enrobé de caoutchouc de l’AP, les arrestations arbitraires, la
torture dans les prisons de l’AP, et une fin tragique pour certains avec
des morts insensées, comme celle d’Amjad Falah Odeh, 38 ans, ou des
mutilations, comme Ibrahim Abdul Razaq Shkukani, 22 ans, au camp de
réfugiés d’Askar en 2013.
Comme Israël, l’AP présente à la communauté internationale une image
de hasbara (propagande pro-israélienne) qui normalise la violence de son
propre État et son impunité. En 2013, le rapport adressé aux donateurs
du Comité ad hoc de liaison pour l’assistance aux territoires occupés
(AHLC) par l’AP est un hymne joyeux et plein d’autosatisfaction à la
gloire d’un État de droit fictif.
« Les efforts du 13e gouvernement [l’AP] ont abouti à une
amélioration significative de l’ordre public, à la promotion de l’État
de droit, à la protection des droits et libertés, à une sécurité accrue
et à des services de police et de sécurité de grande qualité. La
transparence et la responsabilité administratives et financières ont été
considérablement améliorées, et des relations plus étroites existent
désormais entre le secteur de la sécurité et la société civile. »
Pourtant, le rapport annuel 2013 d’Amnesty International sur
l’Autorité palestinienne est chargé d’échos funèbres de violations des
droits de l’Homme :
« En Cisjordanie, les forces de sécurité de l’AP ont arrêté et détenu
arbitrairement des centaines de personnes, y compris des membres du
Fatah, sans aucune forme de procès pour la plupart. Des centaines de
partisans du Hamas ont été placés en détention pendant une durée pouvant
atteindre deux jours, lorsque le président Abbas a rendu visite à l’ONU
en Septembre... L’AP et le Hamas ont tous deux restreint arbitrairement
les droits ayant trait à la liberté d’expression, de réunion et
d’association. Leurs forces de sécurité ont utilisé une force excessive
contre les manifestants ».
Les FSAP se composent notamment des forces de sécurité nationales et
préventives, des services de renseignements civils (Moukhabarat) et
militaires (Istikhbarat), de la police et de l’unité d’élite de la Garde
présidentielle. Sans oublier les anciens escadrons de la mort à Gaza,
mis en place en 1994 par un voyou du Fatah, Mohammed Dahlan, qui sera
plus tard promu au poste de ministre (ce qui ressemble à une promotion
par Israël des tueurs des forces d’occupation).
Depuis 2007, le Fatah recrute uniquement au sein de la Garde
présidentielle et les forces nationales de sécurité sont minutieusement
passées en revue par les États-Unis, le Shin Bet, les services de
renseignements jordaniens et de l’AP et sont formés respectivement à
Jéricho et en Jordanie. Le commandant en chef des FSAP est le président.
Il s’agissait auparavant de Yasser Arafat, et aujourd’hui du chef non
élu du gouvernement illégitime et exclusivement composé de membres du
Fatah, Mahmoud Abbas.
Étouffant les citoyens palestiniens dans une « culture de la peur »
en réprimant la dissidence et les rêves de liberté, les FASP comptent
65 000 membres au total (y compris le personnel rémunéré inactif à Gaza)
avec environ 1 membre pour 50 civils en Cisjordanie sur une superficie
de 5 640 km². À titre de comparaison, ce taux est de 1 membre pour 187
civils pour une superficie de plus de 7,6 millions de km² en Australie.
En apparence, l’AP semble disposer d’un large soutien, mais un
sondage réalisé en 2012 a révélé que 71 % des Palestiniens ont peur de
critiquer le gouvernement en raison de l’intimidation, de la peur de
l’arrestation et de la perte de leur travail en raison du népotisme qui
caractérise le système d’emploi de l’AP. Selon un rapport de
l’International Crisis Group (ICG), un résident laïque de Ramallah
déclare : « peu nombreux sont ceux qui respectent les forces de sécurité
palestiniennes, mais bon nombre les craignent vraiment » et « les
forces de sécurité contribuent directement à la fragmentation du tissu
social palestinien et sapent la démocratie... Elles agissent
généralement comme si elles étaient au dessus de la loi. Au cours des
trois dernières années, notre société a régressé. Il n’y a pas de
progrès ».
Même dans les zones contrôlées par l’AP, les FSAP ne sont autorisées à
intervenir qu’entre 6 heures et minuit, laissant les militaires
israéliens libres de terroriser les Palestiniens avec leurs raids
nocturnes sur les maisons. Ils prennent leurs ordres opérationnels
auprès du coordinateur militaire israélien dans les gouvernorats. Dans
la matinée du 27 février 2014, 200 troupes israéliennes ont organisé un
raid dans Bir Zeit et bombardé la maison de Mouataz Washaha, âgé de 24
ans, avant de l’assassiner.
Des témoignages indiquent que les FSAP, d’ordinaire visibles, avaient
étrangement disparu, ce qui suggère qu’elles avaient préalablement été
informées de l’opération contre Mouataz et reçu l’ordre de garder leurs
distances. En outre, les FSAP ont probablement fourni des informations
sur Mouataz aux services israéliens de renseignement. Des forces de
sécurité dédiées à la protection du peuple auraient averti Mouataz. Ceci
pose donc la question de leur complicité dans le meurtre de ce dernier,
puisqu’elles ne l’ont pas prévenu afin de le sauver.
Il est donc logique que les Palestiniens craignent les FSAP en raison
de leurs violations des lois palestiniennes locales et du droit
international ainsi que de leur conspiration bien plus sinistre et leur
parfaite coordination avec les services de renseignement israéliens et
militaires :
« Du point de vue d’Israël, la coordination a atteint des niveaux
presque sans précédent grâce à la lutte contre l’ennemi commun, à savoir
le Hamas. À quelques exceptions près [...], le service des
renseignements généraux (Shin Bet) fournit des listes de militants
recherchés à ses homologues palestiniens qui les arrêtent ensuite. Les
Forces de défense d’Israël (FDI) et les responsables des services de
renseignement israéliens considèrent à cet égard que « la coordination
n’a jamais été aussi importante », et qu’elle est « meilleure à tous les
égards » (ICG).
Dans ce rapport accablant, une étude intitulée « Politique de
détention » menée en 2012 par l’Organisation Arabe des Droits de l’Homme
(OADH) du Royaume-Uni auprès d’un échantillon, a révélé qu’en réponse à
la question : « Avez-vous déjà été détenu par les forces
d’occupation ? » 98 % des participants ont répondu « oui ». 59,7 % des
participants précisent que les tribunaux israéliens les ont accusés sur
la base d’informations fournies par les agences de sécurité de l’AP,
tandis que 99,7 % pensent que leur détention a été réalisée en
coordination avec les forces d’occupation ».
Hana Shalabi, l’héroïne de Jénine ayant fait la grève de la faim
durant 43 jours et qui a été exilée de force à Gaza pour avoir protesté
contre les détentions administratives illégales perpétrées par les
forces israéliennes, aurait été, selon un article de Lina Alsaafin,
trahie par l’AP : « Dans le cas de Hana Shalabi, une interview menée par
cette auteur auprès de sa famille et publiée dans al-Akhbar English a
révélé que le dossier de sécurité de Hana a été constitué par l’AP et
remis à l’armée israélienne. Cette dernière a dit à sa famille, qui
exigeait de connaître le motif de son arrestation, de s’adresser à l’AP
pour obtenir des réponses. Ceci correspond à un modèle de coordination
entre les forces de sécurité de l’AP et l’armée israélienne ».
Lorsque les Palestiniens de Cisjordanie ont manifesté contre les
crimes de guerre horribles perpétrés contre leurs frères et sœurs de
Gaza lors de l’opération « plomb durci » en 2008-2009, la coordination
de l’AP avec Israël représentait la quintessence de la trahison, comme
le démontre la pièce de Nathan Thrall, « Our Man in Palestine » :
« La réputation des forces de sécurité palestiniennes a notamment été
entachée pendant la guerre israélienne de Gaza, qui a commencé en
décembre 2008. En Cisjordanie, des agents de l’AP en civil et en
uniforme ont encerclé des mosquées, empêché de jeunes hommes de
s’approcher des points de contrôle israéliens, arrêté des manifestants
scandant des slogans du Hamas, et dispersé des manifestants à coups de
matraque, de spray au poivre et de gaz lacrymogène. La confiance entre
les forces israéliennes et palestiniennes était si grande, déclare Keith
Dayton, qu’« une bonne partie de l’armée israélienne est partie à
Gaza ».
Barak Ben-Zur, ancien leader de la lutte contre le terrorisme au sein
des services de renseignement militaires israéliens et assistant
spécial du directeur du Shin Bet, m’a dit : « dans les villes arabes
israéliennes, il y a plus de protestations contre la guerre qu’en
Cisjordanie » grâce au « calme le plus total maintenu par les services
de sécurité palestiniens ». Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor
Lieberman, a ensuite déclaré : « Mahmoud Abbas lui-même nous a appelé
et nous a demandé et contraints à poursuivre la campagne militaire et à
renverser le Hamas ».
Ceci contribue à confirmer que, dans le langage de l’AP, l’expression
« État de droit » implique de sévères restrictions des libertés
d’expression, de la presse, de réunion et d’association grâce à des
arrestations et détentions arbitraires, à l’intimidation des
journalistes et au recours à des forces excessives. Le rapport de l’OADH
au Royaume-Uni indique qu’« il est intéressant de noter que les
détentions et les convocations effectuées par les agences de sécurité de
l’AP dépassent celles des Israéliens ».
Autre fait préoccupant, la vantardise de l’AP auprès de l’ONU quant au renforcement infrastructurel de l’« État de droit ».
Autre fait préoccupant, la vantardise de l’AP auprès de l’ONU quant au renforcement infrastructurel de l’« État de droit ».
« Afin de faire évoluer les infrastructures liées à la sécurité, le
gouvernement a finalisé la construction du centre de redressement et de
réadaptation de Jéricho et affecté des terrains à la construction de
trois centres supplémentaires à Dura, Jénine et Qalqilya. Un complexe
national palestinien de formation à la sécurité a été construit à
Nawei’ma (Jéricho) ».
Cependant, le gouvernement refuse régulièrement à la Croix-Rouge
internationale l’accès à ses centres de détention à propos desquels des
ONG de défense des droits de l’Homme signalent régulièrement que les
prisonniers politiques sont détenus sans motif d’inculpation ou au
mépris des ordonnances de mise en liberté de la Haute Cour
palestinienne, subissent torture, menaces, privation de sommeil et
traitements dégradants, sont passés à tabac, ont les yeux bandés, sont
enchaînés, maintenus en isolement carcéral, manquent de soins médicaux
et d’hygiène adaptés et se voient refuser l’accès aux avocats et aux
visites de leurs familles.
Le recours à ces méthodes qui suivent à la lettre le modèle israélien
n’est pas le fruit du hasard. Le personnel des FSAP est formé et
supervisé par Israël, l’équipe du coordinateur de la sécurité des
États-Unis (USSC) et la CIA. Des centaines de millions de dollars
américains ont été investis dans les équipements, les infrastructures et
le renforcement des capacités dans le cadre des stratégies et méthodes
d’oppression des civils palestiniens, en particulier ceux ayant des
liens avec le Hamas. Nathan Thrall écrit que « le chef des forces
nationales de sécurité palestiniennes a dit aux Israéliens : « nous
avons un ennemi commun », et que le chef du service de renseignement
militaire palestinien a déclaré : « Nous nous occupons des institutions
du Hamas conformément à vos instructions ».
En ciblant le Hamas, l’AP, avide de pouvoir et engraissée par les
dollars américains, était et demeure, sur ordre de son bailleur de
fonds, un instrument d’aide à la stratégie sioniste « diviser pour mieux
régner », qui constitue le baiser de la mort pour l’unité
palestinienne.
Le diplomate péruvien Alvaro de Soto, ancien ambassadeur de l’ONU au
sein du Quartet, écrit dans un « rapport de fin de mission »
confidentiel que la violence entre le Hamas et le Fatah aurait pu être
évitée si les États-Unis ne s’étaient pas fermement opposés à la
réconciliation palestinienne. « Les États-Unis », écrit-il, « ont
clairement encouragé la confrontation entre le Fatah et le Hamas »
(Nathan Thrall).
L’AP ne se contente pas de viser les représentants officiels et les
combattants du Hamas, elle imite le châtiment collectif imposé aux
Gazaouis par Israël. En novembre 2013, le Centre palestinien pour les
droits de l’Homme (PCHR) a demandé à l’AP de fournir d’urgence des
médicaments aux patients atteints de leucémie qui risquaient « de graves
complications ou la mort » parce qu’ils étaient « privés de traitement
depuis décembre 2011 » et que celui-ci ne pouvait être obtenu que par le
ministère de la Santé à Ramallah.
Le Hamas, lui aussi, doit assumer la responsabilité pour sa
contribution à la perfidie de la désunion politique. Amnesty
International précise que « les arrestations et détentions arbitraires
effectuées à la fois par l’AP en Cisjordanie et la véritable
administration du Hamas dans la bande de Gaza ont continué, en
particulier à l’encontre de leurs adversaires politiques respectifs.
Dans les deux zones, les forces de sécurité ont torturé ou maltraité les
détenus en toute impunité... L’AP comme le Hamas ont arbitrairement
restreint les droits relatifs à la liberté d’expression, de réunion et
d’association, et leurs forces de sécurité ont utilisé une force
excessive contre les manifestants ».
Pour comprendre la marque de Caïn apposée à l’AP, lisez l’analyse
satirique de la corruption révolutionnaire rédigée par George Orwell,
« La Ferme des animaux ». Les animaux de la ferme, menés par les cochons
Boule de neige et Napoléon, et inspirés par le commandement « tous les
animaux sont égaux » renversent l’agriculteur... Un nouveau régime
tyrannique basé sur le principe « tous les animaux sont égaux, mais
certains le sont plus que d’autres » émerge sous le commandement de
Napoléon qui exile Boule de neige. Les cochons se pavanent désormais sur
leurs pattes arrière, portent des fouets, maintiennent l’ordre à la
ferme à l’aide de chiens d’attaque sanguinaires et concluent des
alliances avec les agriculteurs voisins. Les animaux ne peuvent plus
faire la distinction entre les cochons et les humains.
En effet, Israël dispose d’une armée de 65 000 collaborateurs
palestiniens (en plus des bureaucrates, représentants et diplomates de
l’AP) qui ont du sang palestinien sur les mains, et peut anéantir à
moindre frais la résistance et les droits palestiniens grâce à des
donateurs occidentaux. Pendant ce temps, les colonies dévorent
inlassablement les précieuses terres palestiniennes et l’AP participe
indirectement à la construction de cette expansion brique par brique.
En fin de compte, une question se pose : que se serait-il passé s’il
n’y avait pas eu les Accords d’Oslo et l’AP qui a privé les Palestiniens
de 20 ans de liberté potentielle et participé à l’imposture des
négociations de paix et au calvaire de milliers de vies sacrées ?
La Palestine serait peut-être un État souverain depuis 15 ans, le
petit Ahmad Abu Nahl serait en ce moment pris en charge par un hôpital
Gazaoui de première classe pour son hypertrophie du cœur, les petits
Hala Abu Shbeikha et Omar Jihad Mashharawi feraient toujours la joie de
leurs parents, les enfants de Itemad Ismail Abu Mo’ammar pourraient
toujours voir le sourire de leur mère, Shadi Mohammad Shahin n’aurait
jamais été torturé à mort alors qu’il était placé en garde à vue par
l’AP, Ziad Awad Salayma aurait fêté son 17e anniversaire, Mustafa Tamimi
aurait récolté les olives en famille en novembre dernier, et le vieux
Saher Milat serait en train de partager un narguilé aromatique avec ses
amis.
« Dans le cas de l’État de Palestine, la loi a, dans le meilleur des
cas, été évincée et, dans le pire, été transgressée de la manière la
plus flagrante. Les droits de l’Homme du peuple palestinien ont été
systématiquement violés. Les droits humanitaires du peuple palestinien
en tant qu’individus protégés continuent d’être bafoués. Les droits
garantis par la Charte sont perpétuellement niés, en particulier le
droit à l’autodétermination ». Déclaration palestinienne au Conseil de
sécurité des Nations Unies le 19/02/2014, parlant d’Israël (?)
* Le Dr Vacy Vlazna est Coordinatrice de Justice des
Affaires Palestiniennes. Elle était une conseillère en droits de
l’homme pour le mouvement GAM (pour un Aceh libre) lors des négociations
de paix pour Aceh à Helsinki en février 2005 avant de démissionner par
principe. Vacy était aussi coordinatrice du lobby de justice pour le
Timor-Oriental et a également travaillé au Timor-Oriental avec l’UNAMET
(Intervention des Nations unies au Timor-Oriental) et l’UNTAET
(Administration de transition des Nations unies au Timor-Oriental) de
1999 à 2001. Elle a fait don de cet article à PalestineChronicle.com.
http://www.palestinechronicle.com/p...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claire L.