Saleh Al-Naami - Al-Arham Weekly
Déséquilibré par le printemps arabe démocratique, Israël menace
de plus en plus d’attaquer l’Iran pour rétablir son contrôle sur la
région manu militari, peu importe les conséquences, écrit Saleh Al-Naami
Sud-Liban,
juillet 2006, le corps d’une fillette est retirée des décombres d’un
immeuble à Cana - L’Etat sioniste n’a jamais eu la moindre hésitation à
bombarder et massacrer les populations civiles. Cet Etat ne vit et ne
survit que par une guerre permanente et sans limites dans la cruauté,
contre les populations autochtones de la région.
Ceux qui connaissent bien le Premier Ministre israélien
Binyamin Netanyahu disent qu’il rêve de suivre les traces de l’ancien
premier ministre anglais, Winston Churchill, et d’être inscrit dans
l’histoire comme le leader qui a réussi à supprimer complètement le
danger qui menace l’existence de l’état hébreu, exactement comme
Churchill a réussi à éliminer les Nazis qui ont menacé le monde jusqu’à
ce que la seconde guerre mondiale éclate. Amnon Abramovich, un
commentateur israélien influent a dit que Netanyahu croit que le
programme nucléaire de l’Iran est un danger qui menace l’existence
d’Israël et que son "projet favori" est de détruire le programme
nucléaire de l’Iran.
Noam Brening, un commentateur renommé du journal Yediot
Aharonot, dit que Netanyahu et son ministre de la Défense, Ehud Barak,
se livrent à un intense lobbying pour obtenir la
décision d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran. Brening a
écrit que Netanyahu et Barak pensent pouvoir convaincre les responsables
de l’armée et des services secrets d’attaquer malgré leur réticence.
Par le passé, ces responsables des agences de sécurité qui ont pris leur
retraite il y a quelques mois comme l’ancien chef d’état major Gabi
Ashkenazi et l’ancien responsable du Mossad Meir Dagan et l’ancien
directeur du Shin Bet, Yuval Diskin, avaient réussi à faire échouer les
machinations de Netanyahu et Barak.
Il est vrai que les dirigeants politiques israéliens
peuvent prendre des décisions et forcer l’armée à les appliquer mais les
dirigeants politiques savent que les Israéliens se rendent compte qu’il
faut que des cadres du niveau des dirigeants des agences de sécurité
soient d’accord avec les décisions qu’ils prennent. Et l’armée a
clairement indiqué à Netanyahu et Barak qu’une décision d’attaquer
l’Iran aurait des conséquences très négatives pour Israël et saperait
son statut stratégique.
Après avoir quitté son poste de chef du Mossad, Dagan a
lancé une campagne médiatique contre Netanyahu et Barak pour démontrer
qu’une attaque contre l’Iran se solderait par un désastre stratégique
pour Israël. Ceci a fort contrarié les politiciens israéliens de droite
qui l’ont accusé de saper le pouvoir de dissuasion d’Israël par rapport à
l’Iran avec ses attaques dans les médias.
Plus tard, on s’est rendu compte qu’un certain nombre de
ministres importants de droite soutenaient le camp
Ashkenazi-Dagan-Diskin, y compris Dan Maridor, Moshe Yalon, Benny Begin,
et même Avigdor Lieberman. Ben Kasbet, un commentateur renommé du
journal Maariv pense que du fait de leur récente nomination, les
nouveaux responsables de l’état major de l’armée, du Shin Bet et du
Mossad seront moins capables de résister aux pressions de Netanyahu et
de Barak et qu’ils pourraient être convaincus d’attaquer l’Iran.
Alon Ben-David, un correspondant renommé de la chaîne 10
de la télévision israélienne pense que Netanyahu veut attaquer le
programme nucléaire de l’Iran pour semer la pagaille au Moyen Orient
après le printemps arabe. Ben-David croit que Netanyahu tente de mettre
fin à la crise qu’a engendrée pour Israël la requête du président
palestinien Mahmoud Abbas qu’un Etat palestinien devienne membre de
l’ONU, et qu’il cherche à restaurer le statut d’Israël au plan
international. Il ajoute que le duo Netanyahu-Barak croit que le
déclenchement de crises est la solution de la plupart des problèmes
stratégiques que rencontre Israël, spécialement depuis l’explosion des
révolutions démocratiques dans le monde arabe.
Ben-David dit aussi que Netanyahu et Barak croient que
le meilleur moyen de le faire est de cibler les installations nucléaires
iraniennes, ce qui enverrait aux gouvernements arabes qui se mettent en
place depuis le printemps arabe un message de dissuasion. A la
différence de Brening, qui s’attend à ce que Netanyahu donne l’ordre
d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran peut-être même avant
l’hiver, Ben-David croit que cela n’aura pas lieu avant l’été parce que
les nuages d’hiver réduisent l’efficacité des images par satellite et
des avions sans pilotes qui récoltent l’information et les données
nécessaires aux bombardements.
Toujours selon Ben-David, bien qu’il puisse sembler que
les conditions ne soient pas favorables à une attaque de l’Iran parce
qu’Israël est isolé du point de vue stratégique : "c’est la situation la
plus dangereuse depuis 1967" ; et bien qu’une opération militaire
contre l’Iran puisse déstabiliser toute la région, Netanyahu et Barak
escomptent qu’une telle attaque réduirait les menaces de révolutions
démocratiques dans le monde arabe.
Selon des commentateurs israéliens reconnus, Netanyahu
justifiera l’attaque en demandant aux responsables de l’armée et des
agences de sécurité ainsi qu’aux ministres les plus importants de son
cabinet de soutenir l’attaque parce que le temps joue du côté du
programme nucléaire iranien. Ces commentateurs ajoutent que Netanyahu a
dit à ses ministres et les généraux les plus importants que l’équipement
centrifuge des installations nucléaires iraniennes va bientôt commencer
à enrichir une autre tonne d’uranium que Tehéran va transporter dans
une installation nucléaire secrète construite sous la montagne dans la
ville religieuse de Qom. Il serait alors très difficile d’empêcher par
des bombardements aériens la fabrication d’armes nucléaires iraniennes.
Ronin Brigman, le correspondant de Yediot Aharonot
spécialisé dans les services secrets, écrit qu’il y a peu de chance de
succès dans une attaque des installations nucléaires iraniennes :
"L’Iran a compris la leçon quand Israël a détruit le réacteur nucléaire
irakien [Osirak] en 1981, et depuis, Téhéran éparpille ses installations
nucléaires dans tout le pays ; [de sorte que] nous ignorons combien
d’installations nucléaires l’Iran peut dissimuler". Il ajoute que les
installations nucléaires sont protégées par des batteries anti-aériennes
que l’Iran améliore chaque jour, et dont une partie a été construite
sous terre.
Il dit aussi que le plan d’attaque est très complexe et
qu’Israël a des capacités aériennes limitées et n’a aucun porte-avion,
ce qui nuit à la mobilité de ses forces. De plus la distance entre les
bases aériennes israéliennes et les installations nucléaires iraniennes
est d’au moins 1500 km, ce qui signifie qu’il faudra refaire le plein au
moins une fois en chemin. Brigman pense qu’il y aura des batailles
aériennes qui obligeront les avions de combat à refaire le plein une
seconde fois au moins.
Il ajoute que comme ce sera une attaque éclair, on ne
pourra bombarder que peu d’endroits et il cite des experts militaires
qui disent que même si Israël réussissait à détruire toutes les
installations nucléaires, cela ne détruirait en rien le savoir-faire des
savants du nucléaire iranien. Ce qui fait qu’en deux ou trois ans,
l’Iran pourrait reconstruire ses installations.
Il y a des Israéliens qui craignent qu’une opération
israélienne n’ait pour effet de resserrer les rangs iraniens derrière le
gouvernement en place et ne renforce le camp "extrémiste" actuellement
majoritaire. Et il y en a qui doutent qu’il soit possible de justifier
une attaque contre l’Iran puisque l’Iran a accepté les restrictions
stipulées dans le Traité de Non Prolifération et les installations
connues sont contrôlées par l’ONU, ce qui rend le développement d’armes
nucléaire difficile pour l’Iran. Qui plus est, une attaque israélienne
donnerait aux leaders iraniens une excuse pour expulser les contrôleurs
internationaux.
La position de Washington sur une éventuelle frappe
israélienne sur l’Iran n’est pas claire. Jusqu’à il y a peu, on avait
l’impression que les Etats-Unis ne voulaient pas d’une attaque
israélienne contre l’Iran, par crainte qu’une réplique iranienne ne
nuise aux intérêts étasuniens dans la région. Mais lors d’une récente
visite en Israël du secrétaire à la Défense étasunien, Léon Panetta, les
choses avaient, semble-t-il, changé. Le journal israélien Maariv a
révélé que Panetta avait indiqué à ses hôtes israéliens que Washington
ne s’opposerait pas à ce que Tel Aviv fasse ce qui lui semblerait
approprié en la matière.
Certains Israéliens croient qu’en fait le président des
Etats-Unis, Barack Obama — qui se bat pour sa réélection — n’est pas en
mesure d’exercer la moindre pression sur Israël ni de l’empêcher
d’attaquer l’Iran car il a peur de contrarier des groupes juifs et de
diminuer ainsi ses chances d’être réélu pour un second mandat.
L’intention de Netanyahu d’attaquer l’Iran et son
programme nucléaire inquiète beaucoup Uri Bar-Yosef, un intellectuel
israélien célèbre pour ses recherches et ses écrits sur les erreurs
d’Israël pendant la guerre de 1973. Il se moque amèrement du désir
brûlant de Netanyahu de prétendre devenir l’héritier de Churchill au
moyen d’une telle entreprise et il a dit que la manière de diriger de
Netanyahu, et spécialement sa manière de prendre des décisions, le
rapproche plus du dictateur fasciste Benito Mussolini qui a commis la
sottise d’engager son pays dans la seconde guerre mondiale. Et le reste
c’est de l’Histoire.
6 novembre 2011 - Al Ahram weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Dominique Muselethttp://weekly.ahram.org.eg/2011/107...
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