Palestine – CPI
Pendant un peu moins d’un quart de
siècle, Mohammed Ahmed Jabbarin est resté derrière les barreaux de
l’occupation israélienne. Il n’avait que vingt-trois ans quand il a été
interné dans les cellules de l’injustice sioniste. Il a été libéré
vingt-trois ans plus tard. Ainsi, la moitié de sa vie, il l’a laissée
derrière lui, dans les prisons de l’occupation israélienne où il
survivait dans l’attente de voir un jour l’air de la liberté, avec
impatience. Il savait néanmoins qu’un condamné à une lourde peine comme
lui ne pourrait quitter les prisons de l’occupation sioniste qu’à
travers les transactions d’échange de prisonniers. Parler d’une
transaction était pour lui une lueur d’espoir qui lui permettrait de
retourner auprès de sa femme avec laquelle il n’avait vécu que quatre
ans avant l’arrestation, et d’embrasser sa fille et son fils qu’il avait
laissés tout petits.
Au mois d’octobre 2011, la ville Om
Al-Faham a reçu son fils. Sur l’entrée de la ville, de nombreuses
personnes se sont rassemblées pour accueillir Abou Adham, après une
absence de plus de deux décennies. En effet, il a été arrêté en 1988,
accusé d’avoir tué un agent qui travaillait pour le compte de
l’occupant, accusé aussi d’être membre du mouvement du Fatah. Il a eu le
droit à toutes sortes d’interrogations, de pressions et de conditions
des plus difficiles.
Une vie difficile
Avant la détention, Abou Adham croyait que
la prison n’était qu’une salle normale : « Mais, quand j’ai été enfermé,
j’ai constaté que la prison est un autre monde, un monde à part, ayant
ses propres organisations et ses propres traditions. J’ai eu besoin de
plusieurs mois afin de m’adapter avec cette situation bien nouvelle pour
moi, loin des miens, de ma famille, de ma liberté ».
Par contre, il y a trouvé des aspects
positifs : « J’ai remarqué que dans la prison, il y a des écoles et des
universités. Les captifs profitent de leur temps pour apprendre, étudier
le saint Coran. Les études sont collectives comme dans les universités,
ou individuelles ».
Et pour ce qui est des grèves menées par
les détenus palestiniens comme moyen de résistance destiné à améliorer
les conditions de détention, il a participé à cinq grèves de la faim
dont la plus longue était d’une durée de 45 jours. Il confirme que la
grève est une grande souffrance dans laquelle le prisonnier laisse
parfois la vie. Les captifs pratiquent la grève pour avoir une
télévision, une couverture, un ventilateur, un droit de visite. Il
confirme que la politique de la prison est calquée sur celle du
gouvernement israélien. A titre d’exemple : « Avant que Netanyahu ne
vienne au pouvoir, nous avions le droit à seize chaînes de télévision ;
maintenant, nous n’en avons que dix. De plus, beaucoup de journaux et
livres arabes sont interdits ».
Différentes expériences
Mohammed Jabbarin affirme que la prison
était une vraie école pour lui. Il y a appris à lire et à écrire. Puis
il a beaucoup appris dans les domaines de l’histoire, de la politique,
de la religion. Il a accru sa patience, une patience dont tout détenu a
en permanence besoin.
La prison lui a aussi permis de rencontrer
beaucoup de personnalités palestiniennes desquelles il a beaucoup
appris. Il a rencontré, à titre d’exemple, Dr. Abdou Al-Aziz
Ar-Rantissi, Mustapha Chahada, Hassan Bou Chanab, Ahmed Attoun, Marwan
Al-Barghouthi, des personnalités de toutes les factions palestiniennes.
Un message de l’intérieur des prisons
Jabbarin porte un message des captifs
palestiniens enfermés derrière les barreaux des prisons sionistes. Ils
demandent à ce que la question des prisonniers reste en tête des
priorités de la cause palestinienne. La joie de sa liberté reste un peu
douloureuse : « Ma joie ne sera complète qu’après la libération de tous
les détenus, spécialement mon copain et cousin Mahmoud Jabbarin "Abou
Hilmi", qui avait été arrêté pour la même affaire. Combien j’ai souhaité
qu’il soit libéré à ma place ! ».
Et quant aux derniers moments avant la
libération, Jabbarin les qualifie de moments difficiles. On a eu peur de
voir un événement mettre en échec la transaction, mettant ainsi en
échec tout notre espoir.
Remerciements
Abou Al-Adham ne peut décrire ses
sentiments au moment où il a embrassé sa famille, surtout sa fille Alaa.
Il a remercié tous les habitants de la ville Om Al-Faham qui l’avaient
accueilli si chaleureusement.
Puis il a remercié l’association Ansar
As-Sajin et l’association Youssef As-Sidiq, en particulier le directeur
de cette dernière Firas Omri. Ces deux institutions travaillent beaucoup
au service des captifs palestiniens, par exemple en fournissant des
médecins et des avocats.
Il appelle à ce que les détenus aient un
suivi psychologique une fois libérés, afin qu’ils sachent comment
s’intégrer de nouveau dans la société, après de longues années
d’emprisonnement.
Mohammed Jabbarin dit enfin que tout le
peuple palestinien et toutes ses personnalités devront travailler pour
libérer tous les captifs palestiniens, coûte que coûte.
Rapport paru sur le site PLS48.NET,
le 13 novembre 2011, traduit et résumé par le département français du
Centre Palestinien d’Information (CPI)