José Luis Moraguès
CCIPPP
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"La reconnaissance d’une souveraineté palestinienne est clairement insuffisante en soi pour conduire à la fin réelle de l’occupation et du régime colonial d’Israël. Elle ne terminera pas non plus les décennies du système de discrimination raciale légalisée d’Israël, qui correspond à la définition de l’apartheid par l’ONU, ni ne permettra aux millions de réfugiés palestiniens de revenir dans leurs foyers d’origine d’où ils ont été violemment déracinés et exilés."
(BNC - 1er juin 2011)
(BNC - 1er juin 2011)
Les révolutions du monde arabe sont en train de modifier profondément tout le paysage géopolitique du moyen-orient. La modification du rapport de forces, marqué par la mise en échec de la politique états-unienne, s’accompagne d’un déplacement du centre décisionnel. La surrection des peuples en lutte, leur soif de liberté, de justice, de dignité et leur exigence d’autodétermination, constituent désormais le centre décisionnel majeur d’où viennent et viendront les changements réels. La question de la « reconnaissance » par l’ONU d’un État palestinien est déjà rattrapée par ce processus.
Le projet avancé par l’Autorité palestinienne de faire reconnaître par l’ONU un « État » palestinien a suscité jusqu’à ces derniers mois de légitimes inquiétudes : un État ? mais dans quelles frontières ? un État virtuel ou réel ? Quid du mur ? des colonies ? des réfugiés ? des Palestiniens de 48 ? Sans compter que l’amalgame du projet de « reconnaissance » avec la revendication de deux États soutenue par Israël pouvait conduire à la reconnaissance internationale d’un « État juif ». (cf. L’appel : L’État Palestinien : c’est maintenant !)
Mais les bouleversements survenus dans les pays voisins et notamment en Égypte, l’accord Fatah-Hamas, l’émergence du mouvement du 15 mars en Palestine et surtout l’extraordinaire entrée en action des réfugiés palestiniens franchissant les frontières au risque de leur vie le 15 mai, à l’occasion de l’anniversaire de la Nakba, ont complètement changé la donne. L’irruption massive et directe des réfugiés de l’extérieur comme de l’intérieur de la Palestine réclamant un État palestinien subvertit totalement le projet initial de « reconnaissance ». La revendication de « reconnaissance » par l’ONU d’un État palestinien posée comme une fin en soi et sans autre perspective que la dénonciation - une fois de plus - du non-respect du droit par Israël et ses alliés, a de fait, volé en éclat.
En s’emparant de ce projet et en le fondant en premier lieu sur la mobilisation populaire palestinienne et la Campagne internationale BDS, le BNC (Comité National de Boycott palestinien) lui insuffle un sens nouveau et le transmute en emblème d’une bataille concrète pour les droits fondamentaux et l’autodétermination, sans lesquels il ne saurait y avoir de réel état pour le peuple palestinien.
La déclaration du 1er juin 2011 du BNC est stricte sur ce point : « (...) La reconnaissance d’une souveraineté palestinienne est clairement insuffisante en soi pour conduire à la fin réelle de l’occupation et du régime colonial d’Israël. Elle ne terminera pas non plus les décennies du système de discrimination raciale légalisée d’Israël, qui correspond à la définition de l’apartheid par l’ONU, ni ne permettra aux millions de réfugiés palestiniens de revenir dans leurs foyers d’origine d’où ils ont été violemment déracinés et exilés. »
Si le contenu du projet est dès lors explicitement déterminé en référence aux trois revendications fondamentales qui portent l’Appel BDS palestinien de 2005, la question du rapport de force est également clairement posée : il s’agit, dans le cadre d’une lutte toujours respectueuse des critères de la non violence, de contraindre Israël à respecter, à appliquer le droit et satisfaire aux droits fondamentaux du peuple palestinien.
« La leçon clé apprise de l’Afrique du Sud, c’est que, pour que les gouvernements du monde mettent fin à leur complicité avec des violations graves et persistantes des droits humains et de la loi internationale par Israël, ils doivent y être obligés par une pression massive, bien organisée, de mouvements sociaux de base et d’autres composantes de la société civile. Dans ce contexte, le BDS a fait la preuve d’être la stratégie la plus puissante et prometteuse de la solidarité internationale avec le peuple palestinien dans notre lutte pour l’autodétermination, la liberté, la justice et l’égalité. »(BNC 1/06/11)
Mettre au cœur de nos activités de solidarité la campagne BDS et au cœur de la campagne BDS, la lutte pour les droits fondamentaux des palestiniens, voilà la meilleure façon de lutter « avant et après septembre » et surtout « après », non seulement pour la « reconnaissance » mais surtout à l’édification d’un État palestinien.