mercredi 1 juin 2011

Comment définissez-vous la "coexistence" ?

Palestine - 31 mai 2011
Par Palestinian Field Negro
Post du 22 mai 2011
La raison pour laquelle j'écris cet article est que j'ai vu augmenter, ces dernières années, le nombre d'Israéliens qui viennent partager la lutte des Palestiniens confrontés chaque jour à l'occupation israélienne, et je veux leur poser la question, comment définissez-vous la "coexistence" ? Le temps a passé rapidement, des décennies se sont écoulées depuis que la solution de deux États a été mise sur la table. Les Palestiniens ont perdu leur temps à négocier, ont abandonné beaucoup de ce qui était jadis leurs droits, et ont perdu beaucoup plus qu'ils n'ont gagné en négociant avec l’État israélien d'apartheid. Ceci dit, je ne crois pas qu’il soit même réaliste de songer à une quelconque sorte de solution de deux États, qui veut tout simplement dire un État exclusivement juif, avec, à côté, un semi-État palestinien truffé de colonies illégales et d'un mur qui volent toutes les ressources naturelles et les terres stratégiques palestiniennes, sans parler de Jérusalem Est, qui n'est pas gouvernée par les Palestiniens.
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Avec les développements les plus récents, Netanyahu, le Premier ministre israélien, a refusé d'envisager de revenir aux frontières de 1967. Rien de nouveau en cela, mais il est maintenant officiel qu'Israël ne veut pas d'un État palestinien.
Je n'ai jamais été partisan de la solution de deux États puisque, pour ceux qui y aspirent, elle refuse le droit au retour des Palestiniens. Elle refuse le droit palestinien à revendiquer leurs propriétés volées, à aller vivre dans leurs villes natales de Yaffa, Haifa, Safad, Tibériade et autres. Certains Israéliens et Palestiniens prônent cette solution. En tant que Palestinien, je considère qu'elle est un rêve bien éloigné de la réalité. Il n'existe aucun moyen (actuellement) pour qu'Israël rende Jérusalem Est aux Palestiniens, le mur et les colonies partout en Cisjordanie ont déjà dessiné les frontières de l’État palestinien, et même la Cisjordanie est à peine sous contrôle palestinien.
Je critique souvent les quelques Israéliens qui viennent en Cisjordanie soutenir les Palestiniens luttant pour leur État, un État qui coexisterait avec Israël, un pauvre Etat de Palestine non armé à côté d'une puissance nucléaire de destruction de masse, Israël. Les Israéliens partisans de la solution de deux États ont oublié à qui appartenait la maison dans laquelle ils vivent, à qui appartenait la terre sur laquelle est construit leur centre commercial, à qui appartenait la terre de Palestine à laquelle on se réfère aujourd'hui par le nom d'Israël.
La Palestine historique est une terre qui accueille toutes les religions, toutes les personnes. Israël cherche à devenir un État exclusivement juif ; même Barack Obama a commencé à faire référence à Israël en tant qu’État juif dans son dernier discours sur le Moyen-Orient. Un État juif fixera son ordre du jour sur l'expulsion des quelques Arabes de 1948 de leurs domiciles vers des camps de réfugiés, dans un minuscule État palestinien, ou dans les pays voisins.
Je refuse le sionisme ; je refuse même de discuter de cette lutte avec un sioniste. Le sionisme est un autre monde qui décrit le nettoyage ethnique total des Arabes de leur terre, entre le fleuve et la mer, et les remplace par des Juifs venus du monde entier qui n'appartiennent même pas à cette terre.
Nous avons perdu nos terres en 1948, nous avons perdu encore plus de terre en 1967, et nous sommes en train de perdre ce qui reste de Palestine aujourd'hui. La seule façon de ne pas tout perdre, c'est de ne plus rien abandonner. J'accepterai de vivre dans un État réunissant Juifs et Arabes, avec des droits égaux et bien sûr, l'application du droit au retour.
Je respecte tous les Israéliens qui sont prêts à m'avoir, ou tout autre Arabe, comme voisin dans leur appartement à Tel-Aviv. Je suis prêt à respecter tous les Israéliens qui pensent que nous sommes tous égaux et que nous méritons tous les mêmes droits égaux de vie. Aujourd'hui, les Arabes de 1948 vivent dans des ghettos autour de Haifa, Yaffa, Jérusalem et autres à cause des lois et réglementations d'apartheid israéliennes extrêmement racistes qui considèrent les Arabes comme des inférieurs dans l’État d'Israël. Ce n'est pas acceptable.
Je suis très inspiré par l'expérience sud-africaine qui a réussi à obtenir des droits égaux pour tous les citoyens, quelles que soient leur race ou leur ethnicité. De même que leur système d'apartheid est tombé, le système d'apartheid israélien peut tomber et tombera, je l'espère, la démocratie prévaudra, les gens parleront et leurs voix seront entendues.
Nous ne sommes pas différents, personne ne mérite d'être traité différemment d'un autre à cause de sa religion ou de son origine ethnique. Nous sommes tous des Sémites, après tout ; nous pouvons et devrions vivre ensemble, et non séparés par des murs et des frontières.
Je pose la question aux Israéliens, comment définissez-vous la "coexistence" ? M'acceptez-vous comme voisin ? Sommes-nous différents ?
Prenez le temps de lire et de signer ceci (Action for a One-State initiative - Action pour une initiative d'Un État).
Si vous voulez prendre part à la campagne contre l’État d'apartheid d'Israël et contre le régime sioniste, rejoignez le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions.
- Site en anglais : BDS Movement
- Site en français : Campagne BDS France
Cordialement,
Un nègre palestinien de terrain
Traduction : MR pour ISM