Le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré mercredi (25 mai) que le plan de l’AP de demander en septembre aux Nations unies de reconnaître un Etat palestinien basé sur les frontières de 1967 n’avait pas pour objectif d’isoler ou de délégitimer Israël.
"Nous allons à l’ONU pour nous exprimer devant 192 pays et ce n’est pas un mouvement unilatéral", affirme Abbas. "Les implantations sont une mesure unilatérale."
Abbas s’est exprimé lors d’une réunion d’urgence de responsables de l’OLP et du Fatah à Ramallah pour discuter des derniers développements dans la région, à la lumière des récentes déclarations du président américain Barack Obama et du Premier ministre Binyamin Netanyahou sur le processus de paix. Selon le chef de l’AP, les négociations restent une option pour les Palestiniens, "mais s’il n’y a aucun progrès avant septembre, nous irons à l’ONU".
Obama oui, Netanyahou non
Le discours d’Obama au département d’Etat la semaine dernière, dans lequel il a parlé des frontières de 1967 et des frontières entre un Etat palestinien et la Jordanie, Israël et l’Egypte pourrait servir de "base positive" aux négociations, d’après Abbas. Les négociations avec Israël, a-t-il ajouté, devraient avoir une limite claire dans le temps et ne pas continuer éternellement. Et ces pourparlers devraient couvrir toutes les questions du statut final, selon lui.
Evoquant le discours de Netanyahou devant le Congrès, Abbas indique qu’il était rempli de "caricatures". Il n’y avait rien de positif dans ce discours car Netanyahou a "pris ses distances avec le processus de paix".
Il a réitéré son engagament dans l’accord de réconciliation entre sa faction du Fatah et le Hamas, et que cet accord devait continuer.
"Au Caire, nous nous sommes mis d’accord pour former un gouvernement indépendant de technocrates", relève-t-il. "Sa mission sera de reconstruire la bande de Gaza et de préparer les élections pendant que l’OLP sera en charge des affaires politiques."
Peu après cette réunion, la direction de l’AP a publié un communiqué appelant à un calendrier défini pour réaliser la vision d’Obama et les résolutions internationales sur la crise au Moyen-Orient avant septembre.
Indigné par les standing ovations
Le secrétaire général de l’OLP, Yasser Abed Rabbo, a salué le discours d’Obama sur les frontières de 1967 et déclaré qu’Israël devait suivre cette position.
Abed Rabbo a également condamné le discours de Netanyahou, le qualifiant de "provocateur" et l’a accusé d’"attaquer toutes les chances de lancer un véritable processus de paix". Il a averti que l’absence de ce processus conduirait les Palestiniens à considérer toutes les options, y compris celle d’aller devant l’ONU.
Tayeb Abdel Rahim, un des hauts conseillers d’Abbas, a lui aussi critiqué le discours de Netanyahou, affirmant qu’il était dangereux pour les Etats-Unis. Il a exprimé son indignation face aux 25 standing ovations reçues par Netanyahou pendant son discours. "Nous pensons que George Washington et Abraham Lincoln, s’ils revenaient à la vie, ne seraient pas reçus d’une telle façon", a déclaré Abdel Rahim.
"Briser l’occupation"
Abas Zaki, haut responsable du Fatah, a pour sa part déclaré qu’une réponse adaptée au discours de Netanyahou serait d’organiser un soulèvement comme ceux d’Egypte ou des pays de la région.
"Nous devons mettre le feu à cette zone comme ils l’ont fait en Egypte... Nous devons agir contre l’ennemi israélien", a-t-il déclaré sur Kol Israël mercredi.
Répondant à la déclaration de Netanyahou, demandant qu’Abbas "déchire" l’accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, le Premier ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh a annoncé mercredi qu’ils "briseront l’occupation".
Dans un discours à Gaza rapporté par l’agence d’information Maan, Haniyeh a affirmé que l’accord d’unité "devait être mis en œuvre avec honnêteté et précision". Il a également salué les efforts des Arabes de la région lors du jour de la Nakba pour pénétrer à l’intérieur d’Israël et appelé les manifestants à être encore plus nombreux l’année prochaine.