Afp
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu va tenter cette semaine à Londres et Paris de convaincre ses interlocuteurs de ne pas reconnaître un Etat palestinien qui serait proclamé sans un règlement préalable avec Israël.
Dans sa plaidoirie, M. Netanyahu compte exploiter à fond l’accord de réconciliation signé mardi entre le mouvement Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. "L’accord entre le Hamas, qui appelle à la destruction de l’Etat d’Israël, et le Fatah doit inquiéter tous les Israéliens, mais aussi ceux qui aspirent à la paix entre nous et nos voisins palestiniens", a martelé dimanche M. Netanyahu. "Tel est le message que je vais transmettre dans les capitales du monde, et spécialement aux dirigeants européens, durant mes visites à Londres et Paris cette semaine", a-t-il ajouté.
Nul doute qu’il exploitera aussi la condamnation par le Hamas du raid américain qui a tué le chef du réseau Al-Qaïda Oussama Ben Laden, qualifiant ce dernier de "moujahid "(combattant islamique). La tâche de M. Netanyahu s’annonce néanmoins ardue. Le chef de la diplomatie britannique William Hague a exprimé lundi au Caire sa satisfaction "de principe" sur l’accord de réconciliation .
La France, de son côté, n’a pas exclu à priori de travailler "avec un gouvernement d’unité qui s’engagerait en faveur de la non-violence et d’un accord de paix".
Les pays européens "sont déjà très absorbés par ce qui se passe en Libye et en Syrie", souligne le chercheur Jonathan Spyer, du centre Interdisciplinaire d’Herzliya, près de Tel-Aviv.
M. Netanyahu assure pour sa part qu’il planche sur une nouvelle initiative de paix. Il doit en réserver la primeur aux membres du Congrès américain devant lesquels il doit prononcer un discours à la fin du mois.
A la suite de l’échec de la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens en septembre dernier, l’Autorité palestinienne de M. Abbas, basée en Cisjordanie, a adopté une stratégie visant à obtenir une reconnaissance internationale d’un Etat palestinien sur les frontières de juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
Les Palestiniens devraient tenter d’obtenir la reconnaissance de cet Etat en septembre prochain à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies. Israël et les Etats-Unis s’opposent à ce projet en expliquant que la seule solution passe par des négociations.
En revanche, des représentants de la France et de la Grande-Bretagne ont fait savoir que leurs gouvernements envisageaient de reconnaître un Etat palestinien sur les lignes de 1967 afin de favoriser une relance des négociations. M. Spyer ne prévoit pas de percée diplomatique durant la visite de M. Netanyahu. Mais, selon l’analyste, les arguments israéliens contre la légitimité du Hamas, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, devraient avoir un certain poids.
Un point de vue que ne partage pas le spécialiste diplomatique du Jerusalem Post, Herb Keinon. "Depuis des mois, il y a des voix au sein de l’UE proclamant que la paix se fait justement entre ennemis (...), que le Hamas peut être apprivoisé et qu’aucun accord n’est possible sans ce mouvement islamiste", argue-t-il. "Plutôt que de rejeter cet argument comme le ferait la majorité des Israéliens, beaucoup en Europe vont estimer que le Hamas après cet accord est devenu pragmatique et plus modéré", analyse M. Keinon.
L’accord Fatah-Hamas prévoit la formation d’un gouvernement d’indépendants pour préparer des élections présidentielle et législatives simultanées dans un délai d’un an.
D’ici là, il devrait perpétuer le statu quo, aussi bien sur les négociations avec Israël que sur le contrôle respectif du Hamas sur Gaza et de l’Autorité palestinienne dans les zones autonomes de Cisjordanie.