04 février 2011
Une forte majorité d’Israéliens (65%) estime que la chute du président égyptien Hosni Moubarak aurait un effet négatif pour leur pays et se traduirait par l'arrivée au pouvoir d'un « régime islamiste », selon un sondage publié, jeudi 3 février 2011, par le premier quotidien du pays, le Yediot Aharonot. Du côte de l'Autorité palestinienne, on invoque la non ingérence dans les affaires de l'Egypte pour interdire les manifestations liées aux événements en Egypte. Une même inquiétude partagée par les deux camps même si elle ne répond pas aux mêmes raisons.
Avec notre correspondant à Jérusalem, Nicolas Falez
Les Israéliens ont les yeux rivés sur leur voisin égyptien et redoutent un changement radical dans le paysage stratégique régional. Le scénario du pire, pour la plupart des Israéliens, ce serait la remise en cause de l’accord de paix avec l’Egypte signé à la fin dans années 1970.
« Si les Frères musulmans ou d’autres extrémistes prennent le pouvoir, explique le professeur Raphael Israeli spécialiste du monde musulman à l’université hébraïque de Jérusalem, alors ils peuvent, comme le Hamas dans la bande Gaza, déclarer qu’ils veulent anéantir Israël et continuer à faire la guerre en Israël. Alors on recommencera du début. Ils enverront des forces armées vers le Sinaï qui était démilitarisé. A ce moment là, les accords de paix seront défaits. Et par ce fait, Israël entrera aussi dans le Sinaï. Et on reviendra à la position de force et de violence où l’on était il y a 30 ans, avant les accords de paix ».
Cette semaine, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a souhaité que la communauté internationale pèse de tout son poids pour que le gouvernement égyptien respecte le traité de paix avec Israël.
Manifestations interdites en CisjordanieOfficiellement, l’Autorité Palestinienne invoque la « non–ingérence dans les affaires de pays-frères », mais concrètement il est désormais interdit de participer en Cisjordanie à des rassemblements en solidarité avec les révoltes tunisienne et égyptienne.
Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, et selon plusieurs activistes palestiniens, des manifestations de ce genre ont été dispersées ces derniers jours parfois avec brutalité. A tel point que Human Rights Watch appelle les Etats-Unis et l’Union européenne à suspendre leur financement des services de sécurité palestiniens.
L’Autorité palestinienne redoute-t-elle d’être atteinte par le vent de la contestation qui souffle sur le monde arabe ? Ou est-elle seulement embarrassée face au tumulte qui secoue l’Egypte, l’un des parrains du processus de paix ?
En tous cas des rassemblements en solidarité avec la révolte égyptienne ont également eu lieu dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. Et là aussi, ils ont parfois été dispersés sans ménagement.
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