mercredi 29 décembre 2010

Palestine : les limites du plan B de Lieberman

publié le mardi 28 décembre 2010
Gilles Paris

 
Le plan B que serait en train d’élaborer M. Lieberman serait en fait un retour aux positions de M. Nétanyahou avant les élections de 2009 : doutes sur l’éventualité d’une percée diplomatique, à laquelle serait préférée une “paix économique” à court terme avec les Palestiniens.
En Israël, le ministre des affaires étrangères n’a pas un rôle de tout premier plan. A fortiori lorsqu’il ne colle pas étroitement aux positions du premier ministre. A peine Avigdor Lieberman avait-il prononcé un discours tranchant devant les ambassadeurs israéliens, le 26 décembre, que le bureau de Benyamin Nétanyahou rappelait cette évidence : ce n’est pas le ministre qui définit la politique étrangère du pays.
Entre deux amabilités sur la Turquie et sur les pays d’Amérique latine qui ont reconnu l’Etat virtuel de Palestine, M. Lieberman a asséné ce qui constitue à ses yeux une série d’évidences : la paix n’est pas pour demain avec les Palestiniens, signer un traité avec l’Autorité palestinienne (de Mahmoud Abbas) n’aurait guère de sens puisqu’il s’agit d’un pouvoir illégitime (dont les mandats sont arrivés à échéance depuis belle lurette), le seul objectif réaliste pour les autorités israéliennes est aujourd’hui un accord intérimaire de longue durée, d’autant que la coalition israélienne serait incapable de s’entendre sur un plan de paix définitif.
Selon un article du Haartez, le plan B que serait en train d’élaborer M. Lieberman serait en fait un retour aux positions de M. Nétanyahou avant les élections de 2009 : doutes sur l’éventualité d’une percée diplomatique, à laquelle serait préférée une “paix économique” à court terme avec les Palestiniens. Il suffit de relire le discours du ministre lors de son arrivée à ses fonctions pour reconnaître les principaux invariants.
Cette option “réaliste” selon M. Lieberman se heurte à deux obstacles : l’économie de la Cisjordanie, en dépit de la “détente” constatée sur le terrain, ne semble pas capable avant longtemps d’effacer la grande dépression palestinienne des années 2001à 2003 (plus sévère en intensité que la Grande Dépression américaine des années trente) ; les territoires palestiniens sont très, très loin d’être auto-suffisants, puisque la structure proto-étatique que constitue l’Autorité palestinienne ne fonctionnerait pas sans une perfusion internationale qui a toujours été conçue comme temporaire.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"