dimanche 29 août 2010

Qalqilia - 28-08-2010
Izbet Tabib menacé

Par ISM 
Dans le petit village d’Izbet Tabib, près de Qalqilya, au nord de la Cisjordanie, les autorités israéliennes ont remis des ordres d’expulsion à 27 des 55 maisons. Situé en Zone C (sous contrôle israélien civil et militaire selon les Accords d’Oslo), le village n’arrive pas à obtenir de permis de construire. De plus, parce que le village est situé près du mur d’apartheid et de plusieurs colonies illégales, les villageois sont confrontés à un harcèlement quotidien et une tension constante.














Trois magasins à moitié démolis à Izbet Tabib : les propriétaires espèrent stopper toute nouvelle démolition par les bulldozers de la société israélienne Delek
Le mur a annexé de grands pans de la terre agricole d’Izbet Tabib, et les colons israéliens extrémistes ont pris l’habitude de passer par le village en voiture et de harceler les habitants en tirant en l’air ou en mettant le feu aux oliviers. Les forces d’occupation israéliennes sont pratiquement toujours présentes, créant davantage de problèmes et de crainte. Le Comité populaire et tous ceux qui tentent de résister à l’occupation sont visés par les autorités israéliennes pour réprimer toute résistance.
C’est le cas du maire et chef du Comité populaire, Bayian Tabib. Lui et son fils de 15 ans, Thair Bayain Tabib, ont été arrêtés le vendredi 30 juillet vers 14h, alors qu’ils sortaient de la mosquée après les prières de midi. Ils ont été accusés de jets de pierre sur la route principale, près de la colonie – ce qu’ils ont contesté.
Malgré le manque total de preuves, les soldats israéliens, après avoir détenus les deux hommes pendant une heure, les ont poussés dans une jeep et les ont emmenés dans un endroit reculé un peu en dehors du village. Là, le commandant a demandé que Bayain Tabib maintiennent les jeunes du village loin de la route principale et ont menacé de l’arrêter s’il n’obéissait pas. Les soldats ont pris, en toute illégalité, leurs cartes d’identité et les ont finalement relâchés une heure et demie plus tard.
Des épisodes comme celui-ci ne sont pas exceptionnels. Thair Tabib a été arrêté plusieurs fois, la première à 13 ans, et il est toujours accusé de jets de pierre. Son père, Bayain Tabib, a fait deux mois de prisons en 2002, pendant le 2ème Intifada. En tant que Chef du Comité populaire, Tabib est particulièrement dans la ligne de mire des autorités israéliennes. Les soldats se garent souvent devant chez lui et pointent leurs mitraillettes sur quiconque entre ou sort, pour intimider Tabib, sa femme, et leurs neuf enfants.
La dernière menace est la démolition partielle de trois magasins du village le 12 août par un bulldozer appartenant à une compagnie privée israélienne de gaz, Delek. L’entreprise veut construire une nouvelle station de gaz sur le secteur pour les 5.000 colons israéliens de Zufin, et beaucoup plus qui habitent à Alfei Menashe, la plus grosse colonie de la zone, car la seule station actuelle dans les environs est palestinienne. La terre leur a été vendue par un collaborateur palestinien qui possède une carte d’identité israélienne, mais les propriétaires résistent à la démolition de leurs magasins, qui détruirait le moyen de subsistance. Des activistes d’ISM sont restés toute la nuit avec le maire et les propriétaires des magasins au cas où le bulldozer reviendrait – les autres fois, ils sont venus le jeudi et on pense qu’ils reviendront ce jeudi.
En dépit de l’énorme pression que subit Izbet Tabib tant des soldats, des colons, du mur, des ordres d’expulsion et de démolition, le village est devenu un important et enthousiasmant lieu de résistance contre l’occupation. Ce qui est particulièrement unique est qu’Izbet Tabib a rejoint un tout petit nombre de villages qui ont réussi à faire détruire le mur qui passait profondément dans leurs terres agricoles et ont pu ainsi récupérer leurs terres volées, après que le verdict ait déclaré illégale la route originelle du mur.