Oualid Ammar - Le Quotidien d’Oran
Plus les voix s’élèvent dans le monde pour réclamer cette commission d’enquête internationale, plus Israël gonfle d’arrogance. Les commandos israéliens qui ont participé à l’abordage du « Mavi-Marmara » sont aujourd’hui considérés comme de véritables héros et personne ne remet en cause l’existence du blocus naval contre Ghaza...
Il n’y aura pas de réconciliation avec Israël tant que ce pays n’acceptera pas une enquête internationale sur son raid contre la flottille pour Ghaza, a prévenu hier la Turquie, tout en soulignant que « si Israël donne son accord pour une telle commission d’enquête indépendante sous l’égide de l’ONU, les relations bilatérales vont naturellement prendre une autre direction ».
Rien n’indique que Tel-Aviv accorde un intérêt particulier à son ancien partenaire. C’est a priori « un non net et sans appel » que le régime sioniste oppose à tout le monde, ONU incluse. Pour l’instant, il ne veut pas entendre parler d’une commission d’enquête internationale. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, craint un « précédent problématique ». Plus les voix s’élèvent dans le monde pour réclamer cette commission d’enquête internationale, plus Israël gonfle d’arrogance. Les commandos israéliens qui ont participé à l’abordage du « Mavi-Marmara » sont aujourd’hui considérés comme de véritables héros et personne ne remet en cause l’existence du blocus naval contre Ghaza, rapportent les correspondants de presse occidentaux. Ils ne font pas cas d’une minorité d’Israéliens qui en a ras le bol de cette stratégie permanente de la guerre et de la tension internationale.
L’attaque d’une flottille humanitaire dans les eaux internationales de la Méditerranée est considérée par la communauté mondiale comme un acte de piraterie d’Etat gravissime.
Mais on peut faire confiance à Tel-Aviv pour contrer cette accusation, ne serait-ce qu’en tergiversant sur la nature de la commission d’enquête, en gagnant du temps. Gagner du temps en ignorant tout le monde est une des constantes de la stratégie israélienne. A un moment donné, Tel-Aviv faisait valoir que pour réaliser la paix, le problème était dans la non-reconnaissance d’Israël par les Palestiniens. Communauté internationale, Américains poussés par le lobby sioniste de l’AIPAC en tête, se braquèrent alors sur l’OLP pour qu’elle plie. Péniblement, les Palestiniens ont reconnu la résolution 242 de l’ONU, et donc l’Etat d’Israël. C’était il y a 22 ans ! Depuis, les Israéliens sont constamment en train de manœuvrer, de faire de la diversion, de créer de faux problèmes pour empêcher l’instauration effective d’un Etat palestinien et de la paix.
Aujourd’hui, on se demande quelle parade – hormis le soutien indéfectible direct ou indirect de ses alliés occidentaux, et même de quelques pays arabes – va trouver Israël pour gagner du temps. Ah oui ! On oubliait presque ces « graves inquiétudes que suscite le nucléaire iranien ». Cet autre sujet de diversion qui veut faire oublier le sort du ghetto de Ghaza, le vol des terres palestiniennes restantes et leur colonisation et, également, l’épouvantable arsenal nucléaire israélien du Neguev.
Ankara a exclu les Israéliens de ses manœuvres militaires qui ont commencé hier. Peut-être bien que cela arrange les Israéliens. Tranquilles du côté de la Ligue arabe, ils ne veulent plus des Turcs, devenus trop regardants sur le dossier palestinien. C’est peut-être pour cela que sur tous les bateaux de la flottille, ils ont choisi de cibler juste le « Mavi-Marmara ».
8 juin 2010 - Le Quotidien d’Oran - Analyse