Le nil est la source de vie en Egypte, il a toujours été porteur de bien-être. Amr bin Al-Aass (conquérant arabe de l’Egypte) a écrit à propos du Nil sa fameuse lettre au calife Omar bin Al-Khattab, dans laquelle il décrivait la passion qu’il avait pour ce fleuve majestueux pour les dons qu’il gratifiait à l’Egypte. A tel point que le dieu du Nil chez les anciens Egyptiens faisait l’objet d’estime et de sacralisation.
Puisque l’Egypte comptait de manière absolue sur les eaux du Nil, il était donc nécessaire de sécuriser cette source et de l’éloigner des mains des manipulateurs. Et puisque beaucoup de pays se partagent la source du Nil qui traverse de nombreux autres pays, cela veut dire que la sécurisation du quota de l’Egypte nécessite une diplomatie d’eau complémentaire. Les intérêts hydrauliques de l’Egypte étaient garantis lorsqu’elle était la pionnière des mouvements de libération, arabe et africain. Gamal Abdel-Nasser, à l’époque, était l’idole des Africains ; d’ailleurs, Mandela continue toujours de répéter que Nasser était son exemple. Bien que Mandela fût celui ayant mené une guerre sans merci contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1950 et surtout 1960 pour deux raisons. La première est due au fait que le régime de l’apartheid confisque la liberté des Africains et leur droit à la vie. Et la deuxième est cette coalition criminelle entre l’Afrique du Sud raciste et Israël. Il suffit de savoir que les aviateurs juifs, qui ont mené une offensive contre l’Egypte et les autres pays arabes en 1967, étaient originaires d’Afrique du Sud. Israël, quant à lui, entravait les mouvements de libération nationaux et ravivait les séditions pour menacer l’indépendance des pays africains et encourageait les putschs à travers des mercenaires. En quelque sorte, Israël s’infiltrait dans le continent noir à un moment où l’Egypte tenait une position de prééminence, à tel point que le soutien africain à la cause palestinienne dépendait pendant longtemps du prestige de l’Egypte. Lorsque l’Egypte a mené la guerre de libération en octobre 1973, 23 pays africains ont rompu leurs relations avec Israël en un seul jour.
Le problème de l’Egypte avec l’Afrique a commencé avec la signature de l’accord de paix entre l’Egypte et Israël qui a minimisé le rôle régional de l’Egypte. La normalisation des relations égypto-israéliennes a dissipé l’embarras ressenti contre Israël dans le continent noir.
La nouvelle équation consiste à dire que l’Egypte, à travers l’accord de paix avec Israël, a non seulement perdu de son influence arabe et régionale, mais a également laissé le champ libre devant l’Etat hébreu pour gagner plus en force et en atrocité dans la région. Et plus tard pour s’ériger contre les intérêts égyptiens dans le continent africain. La question qui s’impose est : y a-t-il un problème avec les pays riverains du Nil ? Est-ce un problème d’ordre juridique, politique ou artistique ?
En réalité, nous sommes devant un problème complexe, d’ordre juridique d’apparence, mais qui se rapporte plus profondément à la détérioration de la place régionale de l’Egypte et il est révélateur de la conspiration d’Israël et de ses alliés contre les intérêts égyptiens. Vraisemblablement, Israël a compris que la paix avec l’Egypte voulait dire lui laisser libre cours de porter atteinte à ce pays et à ses intérêts.
La solution immédiate consiste à mettre en place une stratégie de négociation claire et d’évaluer le comportement de négociation qui s’est étendu sur plusieurs années. La stratégie comporte également le développement des relations égyptiennes tournées vers l’Afrique et celle la liant aux pays du bassin. Ensuite, il est nécessaire que les relations égypo-israéliennes deviennent plus modérées, d’autant plus qu’il n’est plus permis que l’Egypte continue de prendre en considération Israël aux dépens de ses propres intérêts, alors que Tel-Aviv insiste à leur porter préjudice. La question est extrêmement complexe et compliquée. Le dossier comprend des aspects juridiques et objectifs, mais la crise réside dans les aspects négatifs de cette paix illusoire entre Le Caire et Tel-Aviv.
Lorsque l’Egypte a conclu l’accord de paix avec Israël en 1979, chacune des parties, y compris les Etats-Unis, ont vu cet accord à partir des perspectives divergentes. L’Egypte s’est imaginée que cet accord serait profitable pour elle et qu’il lui procurerait les dépenses du conflit militaire et politique pour servir les plans de développement d’une manière à ce que la vie sur les rives du Nil soit plus prospère. L’Egypte rêvait que cet accord serait le prélude d’une paix réelle dans toute la région arabe. A cette époque, la compréhension égyptienne était limitée quant à la nature du projet sioniste. L’Egypte considérait l’accord avec Israël comme étant l’un de ses plus grands acquis et que son danger équivalait à la création d’Israël en 1948. Les politiques israéliens, quant à eux, ont conçu cet accord autrement. Il l’ont considéré comme le grand prix à la persistance d’Israël et à sa capacité de briser la volonté arabe, de marginaliser l’Egypte en tant qu’acteur sur la scène arabe et régional, en l’éloignant de son environnement arabe, musulman et africain. Raison pour laquelle il ne sera pas convenable de dire qu’il y a une carence égyptienne envers l’Afrique, mais qu’il y a un complot sioniste fomenté contre l’Egypte. Sans doute lorsque l’Egypte négocie avec ces pays, avec un soutien arabe, ils le feront armés d’une bonne volonté. Surtout que ces pays ne marchandaient pas les droits de l’Egypte, mais c’était le complot sioniste qui les avait incités contre elle. Ainsi, les récents résultats de l’accord de paix menacent la sécurité hydraulique de l’Egypte, qui est considérée comme la dernière ligne de survie. Pourvu que l’Egypte officielle reconsidère ses calculs et ses comptes à la lumière de ce danger.