23/03/2010
Les constructions israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie « affaiblissent la capacité unique des États-Unis de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix », a affirmé hier Hillary Clinton dans un discours devant le principal lobby américain pro-Israël, à Washington. Brendan Smialowski/Getty Images/AFP
George Mitchell rencontre Mahmoud Abbas à Amman et lance un appel au calme et à la retenue après les récentes violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a appelé hier Israël à faire des choix « difficiles mais nécessaires » pour la paix, au premier jour d'une visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visant à apaiser la tension avec son allié. Les relations sont passablement dégradées entre les États-Unis et Israël en raison du refus de M. Netanyahu de lâcher du lest sur la colonisation. Mais une avancée vers la paix « exige que toutes les parties, y compris Israël, fassent des choix difficiles mais nécessaires », a déclaré Mme Clinton devant le Congrès annuel de l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), le principal lobby pro-israélien aux États-Unis.
M. Netanyahu devait s'entretenir hier soir avec Mme Clinton avant un rendez-vous aujourd'hui à la Maison-Blanche avec le président Barack Obama, tout auréolé de la réussite de sa réforme du système de santé.
Le chef du gouvernement israélien a accepté sous la pression américaine de faire des « gestes de bonne volonté » afin de relancer les négociations avec les Palestiniens. Pour autant, le Premier ministre de droite n'a rien cédé sur un point capital : un gel de la colonisation à Jérusalem-Est, dont la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967. Les constructions israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie nuisent au climat de confiance, au dialogue de paix et au rôle de médiation des États-Unis, a pourtant insisté hier Mme Clinton. La sérieuse crise diplomatique avec Washington a éclaté avec l'annonce de la construction de 1 600 logements dans un quartier juif de Jérusalem-Est, en pleine visite du vice-président Joe Biden à la mi-mars.
« Le succès exceptionnel, sur le plan intérieur, du président Obama va lui donner plus de poids pour relancer les négociations » entre Israël et les Palestiniens, stoppées depuis la fin 2008, a estimé le ministre israélien des Affaires sociales Yitzhak Herzog. « Il est grand temps d'en finir avec la querelle avec Washington », a poursuivi ce ministre travailliste sur la radio militaire, soulignant l'importance des liens avec les États-Unis compte tenu de « la menace nucléaire iranienne ». En revanche, le vice-Premier ministre Sylvan Shalom, un proche de M. Netanyahu, a déploré qu'Israël « ait dû céder du lest uniquement pour permettre une rencontre avec Obama et le début de négociations indirectes avec les Palestiniens ».
De son côté, l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, s'est entretenu hier à Amman avec le président palestinien Mahmoud Abbas pour tenter de lancer les négociations indirectes. « Au nom des États-Unis et du président, j'invite toutes les parties à faire preuve de retenue. Ce qu'il faut maintenant, c'est une période de calme et de tranquillité, qui nous permette d'avancer dans les efforts que nous avons engagés », a-t-il dit après sa rencontre avec M. Abbas.
Mettant en garde contre des risques d'escalade, Mahmoud Abbas a, de son côté, exhorté Israël « à ne pas entraîner (les Palestiniens) dans ce qu'ils ne veulent pas et les Israéliens dans ce qu'ils ne veulent pas ». Évoquant le meurtre « de sang-froid » la veille de deux jeunes frères palestiniens par une patrouille de l'armée israélienne, il a estimé que « ce qui s'est passé à Naplouse était une affaire extrêmement grave ». Israël, a-t-il ajouté, doit « cesser ces agissements, et notamment les raids de colons qui agressent les Palestiniens, les battent et coupent des arbres avant de se replacer sous la protection de l'armée ». « Cette situation n'est ni tolérable ni durable », a dit le président de l'Autorité autonome, dont les propos sont rapportés par l'agence de presse palestinienne Wafa.
Parallèlement, dans la bande de Gaza, l'aviation israélienne a mené dans la nuit de dimanche à lundi un raid dans le sud du territoire, après un tir de roquettes palestinien, a-t-on appris de source palestinienne. Des appareils ont attaqué un tunnel dans le secteur de Rafah, à la frontière avec l'Égypte, sans faire de blessé, selon des témoins. Un porte-parole militaire a confirmé le raid affirmant que cette attaque vient en réponse à une intensification des tirs de roquettes, ces derniers jours.