Al Ahram Hebdo
L’offensive israélienne contre Gaza a eu lieu il y a tout juste un an. Les cicatrices palestiniennes sont toujours aussi profondes. Le bilan est bien lourd : 1 450 tués et plus de 5 500 blessés parmi les Palestiniens.
Aujourd’hui, au-delà du nombre et des statistiques, c’est toute une génération palestinienne qui est aujourd’hui fortement traumatisée par l’offensive meurtrière menée par Israël l’hiver dernier. Aujourd’hui, de nombreux quartiers de Gaza sont toujours en ruine, sans eau ni électricité. Et avec le blocus qu’Israël continue à maintenir contre Gaza et ce en dépit des protestations internationales, la reconstruction de Gaza et la reprise d’une vie normale paraissent improbables pour les Palestiniens. Dimanche dernier, le Hamas a commémoré cette guerre comme une victoire. Selon Ismaïl Haniyeh, leader du Hamas, « l’ennemi israélien a échoué dans tous ses objectifs de guerre », car le but d’Israël était d’en finir avec le Hamas et selon lui, aujourd’hui ce dernier est encore plus puissant dans l’enclave palestinienne.
Les commémorations devront donc avoir lieu du 27 décembre 2009 au 18 janvier 2010, soit autant que la durée de la guerre l’année dernière. Le but des dirigeants de Hamas est clair : « Exposer cette guerre et ses massacres qui sont sans précédent au monde entier et ce afin que les chefs de cette guerre sioniste soient jugés », a déclaré Ihab Al-Ghoussein, un porte-parole du Hamas. Et c’est précisément ce que les Palestiniens espèrent : voir les dirigeants israéliens comparaître devant la Cour pénale internationale. Le rapport du juge sud-africain Richard Goldstone qui, à la demande de l’Onu, avait mené une enquête sur la guerre de Gaza il y a quelques mois, accuse le Hamas, mais surtout Israël de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le rapport avait alors été adopté par le Conseil des droits de l’homme et par l’Assemblée générale de l’Onu, donnant un brin d’espoir aux Palestiniens et provoquant la colère de l’Etat hébreu qui rejette en bloc les accusations du rapport.
Israël, qui au cours des années tentait de se donner l’image d’une démocratie civilisée, a donc vu son image s’effondrer face a la communauté internationale. Plus encore, les dirigeants israéliens pourraient même, dans certains pays, faire l’objet d’arrestations. Comme le cas de Tzipi Livni, ex-ministre israélienne des Affaires étrangères, qui récemment a dû annuler sa visite à Londres à cause d’une demande d’arrestation lancée par des Palestiniens en Grande-Bretagne qui demandent son jugement pour crimes de guerre. Une humiliation supplémentaire contre Israël qui pourtant se borne toujours à justifier son offensive contre Gaza comme une « guerre pour la liberté » et une offensive de « légitime défense ».
Condamnations sans effet
Et pourtant, nombreuses sont les organisations des droits de l’homme qui continuent de condamner l’opération israélienne et le blocus contre Gaza. Human Rights Watch accuse Israël de maintenir ce blocus qui cause « de grands besoins humanitaires » et empêche « la reconstruction d’écoles, de maisons et d’infrastructures détruites ».
Selon le rapport de cette organisation, les destructions concernent un grand nombre de propriétés civiles, entre autres des habitations, des fermes ou des usines, qui ont été délibérément détruites par l’armée israélienne sans aucune justification militaire. Un an après l’offensive, de nombreux Palestiniens vivent encore sous des tentes dans des conditions déplorables. L’Onu dénombre 6 400 habitations détruites par l’Etat hébreu sans moyen pour les reconstruire. Le blocus est « inacceptable », a déploré le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon. « La qualité et la quantité des approvisionnements humanitaires à Gaza sont insuffisantes, la reconstruction et l’activité économique sont paralysées et la population se voit refusée les droits humains élémentaires », a-t-il ajouté, s’inquiétant du sentiment de « désespérance » qui règne à Gaza.
Des inquiétudes et des déclarations qui continuent d’être ignorées par l’Etat hébreu, ce dernier ne subissant à ce jour aucune menace de sanction par la communauté internationale.
Mais les voix internationales ne sont pas les seules à dénoncer les violations d’Israël. Au sein même de l’Etat hébreu, les défenseurs des droits de l’homme sont aussi critiques envers les politiques israéliennes vis-à-vis des Palestiniens. « Au lieu d’adresser les revendications crédibles des violations des droits de l’homme, il y a des tentatives pour discréditer la légitimité de quiconque qui tente de provoquer une prise de conscience (des violations israéliennes) », accuse Sari Bashi, directrice de Gisha, association israélienne des droits de l’homme.
Le gouvernement israélien continue donc de faire la sourde oreille face à toute accusation ou critique à son encontre. Il ne veut entendre ni les protestations palestiniennes, ni les protestations internationales et encore moins les sirènes qui vont pourtant retentir pour quelques semaines encore à Gaza, rappelant à Israël les crimes qu’il a commis et les violations qu’il continue à commettre à Gaza.
Héba Zaghloul
http://www.france-palestine.org/article13646.html