mercredi 12 août 2009

Abbas a les coudées franches au sein de son mouvement

12/08/2009


ÉCLAIRAGE
Plébiscité à la tête du Fateh et entouré d'une direction rajeunie, le président palestinien Mahmoud Abbas est sorti renforcé du congrès de son parti au moment où le dialogue avec Israël et les islamistes du Hamas est dans l'impasse, estiment des analystes.
Miné par les querelles de chefs et la mauvaise gestion et mortifié par sa déroute à Gaza face au Hamas, le Fateh a réussi à afficher un semblant d'unité rien qu'en organisant son congrès général pour la première fois en vingt ans. Cette réunion, la première aussi depuis la mort en 2004 du fondateur du Fateh et chef historique Yasser Arafat, a permis à M. Abbas, son successeur, d'asseoir son autorité sur une formation connue pour son manque de discipline et peinant à se transformer d'un mouvement de libération à un parti au pouvoir.
Le programme politique adopté lors du congrès a certes réitéré le « droit du peuple palestinien à la résistance » contre l'occupation israélienne, mais il a surtout apporté un soutien sans ambages au règlement négocié avec Israël que M. Abbas, 73 ans, continue de prôner en dépit de l'impasse dans les négociations.
Plusieurs caciques du Comité central, la principale instance dirigeante du Fateh, ont annoncé leur retrait lors du congrès ou cédé la place à des plus jeunes lors des élections internes. « Ce congrès a été comme une bataille pour le président Abbas. Il l'a menée avec succès et en est sorti victorieux », estime l'analyste politique Abdelmajid Soweillem. « Je pense que la nouvelle direction du Fateh est, de par sa composition, encline à soutenir les négociations politiques (avec Israël) et le dialogue avec le Hamas », ajoute-t-il. Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'Université de Bir-Zeit en Cisjordanie, abonde dans le même sens. « La nouvelle équipe comprend un grand nombre de proches de M. Abbas, des gens qui, à un moment ou un autre, ont été ses collaborateurs », dit-il. Il estime qu'en menant à bien la conférence, en dépit de débats houleux, M. Abbas « a sorti le Fateh de l'unité des soins intensifs ».
Un autre analyste, Hani al-Masri, estime que la composition de la nouvelle direction du Fateh « a donné une plus grande marge de manœuvre, que ce soit en politique intérieure ou sur la scène internationale ». « Le président peut envisager plusieurs options (en ce qui concerne les négociations avec Israël) puisqu'il peut s'appuyer sur ceux, au sein du comité central, qui soutiennent ces négociations ou sur ceux, dans le cas contraire, qui y sont opposés », explique-t-il. « Bien que certains ont une ligne intransigeante à l'égard du Hamas, la plupart des nouveaux membres du Comité central, surtout ceux arrivés en tête, sont favorables à un dialogue sérieux aboutissant à des résultats », convient-il.