Serge Dumont
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a tenté de minimiser la dégradation patente des relations entre son pays et les Etats-Unis, dimanche, durant le conseil des ministres hebdomadaire, alors que les Etats-Unis ont déclenché une offensive diplomatique au sujet des colonies juives. « Les relations entre Israël et les Etats-Unis sont toujours aussi solides… Il est naturel que des alliés ne soient pas d’accord sur tout et l’important, c’est qu’ils le soient sur l’essentiel », a-t-il déclaré.
C’est que l’ambiance n’est guère à l’optimisme dans l’entourage de Benyamin Netanyahou. Certes, Washington a démenti les rumeurs courant à Jérusalem et selon lesquelles l’administration Obama envisagerait des sanctions économiques à l’encontre de l’Etat hébreu. Cependant, selon le quotidien Maariv, qui n’a pas été démenti, des analystes de l’état-major de Tsahal (l’armée) ainsi que de hauts responsables du Ministère israélien de la défense ont été chargés de plancher sur les conséquences d’un possible gel de l’aide militaire américaine (2,8 milliards de dollars par an).
« Le complexe militaro-industriel israélien se prépare au pire sans être sûr qu’il se produira et en sachant que les Etats-Unis mettraient du temps avant d’en arriver à une mesure aussi extrême », explique le spécialiste Allon Ben David. « Quoi qu’il en soit, la leçon donnée par le général de Gaulle en 1967 (ndlr : l’embargo sur les ventes d’armes françaises à Israël après la guerre des Six Jours) n’a pas été oubliée. Toutes les éventualités sont donc envisagées. »
Offensive diplomatique
Au stade actuel de leur travail, les analystes israéliens estiment qu’en cas d’interruption partielle ou totale de l’aide militaire américaine, leur pays parviendrait à préserver l’essentiel de ses systèmes de défense au prix de coupes dans de nombreux autres budgets. Il devrait cependant abandonner les projets innovants trop onéreux et réduire considérablement le train de vie de l’armée.
D’autres analyses du service d’études des Affaires étrangères ainsi que de « think thank » privés israéliens estiment que l’Etat hébreu n’a pas intérêt à exaspérer l’administration américaine puisque « nous avons plus besoin d’eux que l’inverse ».
Quoi qu’il en soit, c’est pour mieux faire comprendre aux responsables israéliens qu’ils se rapprochent de la ligne rouge que l’administration américaine vient de déclencher un « blitz » diplomatique sur l’Etat hébreu. Celui-ci a débuté dimanche avec l’arrivée à Tel-Aviv de l’émissaire américain pour le Proche-Orient Georges Mitchell. Il se poursuivra dans le courant de la semaine par la venue du ministre de la Défense Robert Gates, puis par celles de Fred Hop (l’adjoint de Mitchell) ainsi que de Denis Ross, le conseiller du président américain pour le Proche-Orient. Selon les proches de Benyamin Netanyahou, d’Ehoud Barak ainsi que du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman – qui joue un rôle marginal dans ces contacts en raison de ses positions extrémistes –, les émissaires américains viendraient « discuter du danger iranien, du terrorisme islamique, du Hezbollah, de la Syrie et d’autres problèmes importants ». Mais les commentateurs ne croient guère à cette explication. « Si Barack Obama a décidé de nous envoyer tout ce beau monde, c’est qu’il a décidé de mettre le paquet pour faire plier Israël sur la question qui tient à cœur à la communauté internationale : l’occupation et la colonisation des territoires », estime l’éditorialiste Dan Margalit. La chroniqueuse Orly Azoulaï constate que « c’est la première fois dans l’histoire des relations israélo-américaines que Washington déclenche un tel pont aérien diplomatique ». Et de poursuivre : « Les deux parties discuteront de l’Iran mais le principal de leurs échanges portera sur la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie par Israël qui paralyse la reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne ». [1]
[1] Pourtant selon Haaretz, repris en français par Courrier international,
Israël et les Etats-Unis seraient proches de conclure un accord
George Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient, est arrivé le 26 juillet en Israël, nouvelle étape de sa tournée pour promouvoir la paix dans la région. Dès son arrivée, il a rencontré le ministre de la Défense, Ehoud Barak. Les deux hommes seraient proches de conclure un accord sur la question controversée des colonies juives en Cisjordanie, titre le quotidien de tel Aviv. Washington accepterait que soient menés à terme certains projets immobiliers déjà bien avancés ; Israël s’engagerait à geler les autres pour une durée indéterminée.Selon un récent rapport, 304 509 colons seraient actuellement établis en Cisjordanie, un nombre en hausse de 2,3 % depuis janvier 2009. http://www.courrierinternational.co...
et selon Michel Paul pour RFI le 27 juillet
George Mitchell réitère le soutien des Etats-Unis à Israël
Damas, Tel-Aviv et aujourd’hui Le Caire, , George Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient, multiplie les rencontres avec en toile de fond, les récents désaccords exprimés sur le dossier de la colonisation. L’émissaire est rejoint dans la région par Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense et par le général Jim Jones, conseiller présidentiel à la Sécurité nationale. Les Etats-Unis sont déterminés à obtenir une paix durable dans la région comme l’a dit le président Obama.
Il semble qu’Américains et Israéliens soient bien décidés à mettre derrière eux la discorde sur la construction dans les colonies de peuplement et dans les quartiers juifs de Jérusalem-Est.
De part et d’autre on utilise le terme « amical » pour définir les rencontres qui ont déjà eux lieu. George Mitchell, l’émissaire spécial de Barack Obama a qualifié les divergences entre les Etats-Unis et Israël, de discussions entre amis et non de conflits entre adversaires.
« Fin de l’alerte », titre le Yediot Aharonot qui souligne que de plus en plus de signes montrent que les Etats-Unis veulent calmer le jeu. Motif selon le journal : Washington est arrivé à la conclusion qu’il n’y a aucun changement dans la position arabe, par conséquent, la tension avec Israël est superflue.
Mais surtout, selon Maariv, Mitchell qui arrive en droite ligne de Damas, propose à Israël d’ouvrir sans plus attendre des négociations directes avec les Syriens. Les Israéliens sautent sur l’occasion et affirment qu’on peut arriver à une ouverture avec Damas.
Le quotidien israélien Ayyam cite pour sa part des responsables israéliens qui se plaignent que le sénateur américain n’ait pas réussi à obtenir de geste de la part de ses interlocuteurs syriens. Mais le titre le plus important ce matin, c’est dans le quotidien Haaretz que l’on peut le trouver, en forme de signal d’alarme qui barre la première page du journal. « Pour la première fois, le nombre de colons en Cisjordanie franchit le cap des 300 000 ».
Après George Mitchell, ce lundi matin, c’est le secrétaire américain à la Défense Robert Gates qui va s’entretenir avec Benyamin Netanyahu et son homologue israélien Ehud Barack. Plus tard, dans la semaine, sont attendus le conseiller à la Sécurité nationale James Jones, et le conseiller spécial d’Hillary Clinton chargé du Proche-Orient, Dennis Ross. Au centre de tous ces entretiens, le programme nucléaire iranien. http://www.rfi.fr/actufr/articles/1...
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