Palestine - 26-07-2009 |
Les récentes accusations de Farouk Kaddumi selon lesquelles le Président de l’Autorité Palestinienne (PA) Mahmoud Abbas et son conseiller, l’ancien homme fort de Gaza Mohamed Dahlan, ont comploté avec Israël pour assassiner feu le leader palestinien Yasser Arafat, continuent d’avoir des répercussions dans toute l’arène palestinienne.
Les allégations lancées par le deuxième plus haut dirigeant au Fatah lors d’une conférence de presse impromptue à Amman la semaine dernière ont éclipsé la scission Hamas-Fatah et même l’impasse sur l’expansion des colonies juives en Cisjordanie.
L’affreuse confrontation qui s’élargit entre deux camps divergents au Fatah polarise déjà le groupe à tous les niveaux, même à la base, avec des activistes pointant un doigt accusateur soit sur Kaddumi soir sur Abbas.
La semaine dernière, le gouvernement de l’AP a décidé de fermer les bureaux cisjordaniens d’Al-Jazeera TV, après que la chaîne satellitaire basée au Qatar ait diffusé en direct une conférence de presse de Kaddumi depuis Amman. Le gouvernement basé à Ramallah et soutenu par l’Occident a accusé Al-Jazeera de « diffuser des informations fausses, partiales, incitant et encourageant à la division et à la désunion dans l’arène palestinienne. »
La décision a provoqué des réactions majoritairement négatives de la part de plusieurs bords, en particulier dans la société civile et la communauté journalistique palestiniennes, poussant le premier ministre Salam Fayyad à revenir sur sa décision quelques jours plus tard.
Très inquiet par ces accusations, le leader palestinien Abbas a fustigé Kaddumi, l’accusant de propager des mensonges minables pour faire avorter la convocation de la 6ème Conférence du Fatah, qui aurait dû se tenir depuis longtemps, et qui doit être réunie à Bethléem dans la première semaine d’Août. Les alliés d’Abbas ont eux aussi attaqué et fulminé contre Kaddumi, le traitant de « sénile », « menteur », « saboteur ». La direction du Fatah en Cisjordanie a demandé au Conseil Central du mouvement de mettre à la discussion les «canards » de Kaddumi et de « l’expulser de nos rangs ».
Pas du tout impressionné par les cris d’orfraie venant de Ramallah, Kaddumi a réaffirmé « la véracité et l’authenticité » des minutes de la réunion de mars 2004 à Jérusalem Ouest, au cours de laquelle le complot allégué d’empoisonnement d’Arafat a été discuté. Kaddumi aurait également insinué qu’il possédait d’autres preuves incriminant Abbas et Dahlan, qui corroborent et consolident ses premières accusations. Le secrétaire-général du Fatah a aussi mis au défi Abbas et ses alliés de prouver leur loyauté au groupe.
« Le Fatah ne vous appartient pas, vous l’avez détourné pour amasser des richesses et voler de l’argent. Vous vous êtes écartés du droit chemin du Fatah, le chemin de la résistance et de la libération, et vous avez choisi d’être un pion entre les mains de nos ennemis, » a dit Kaddumi.
Tandis que les deux camps en contentieux au sein du Fatah continuent d’échanger des récriminations, l’ancien conseiller politique d’Arafat, Bassam Abu Sharif, a réitéré les accusations qu’il a lancées peu de temps après la mort d’Arafat en novembre 2004. Abu Sharif avait affirmé qu’Arafat était mort par ingestion d’une substance chimique fournie par le renseignement israélien.
Abu Sharif soutenait que des soldats israéliens postés à un barrage routier à l’extérieur de Ramallah avaient stoppé l’ambulance palestinienne qui apportait régulièrement la nourriture et les médicaments au leader palestinien assiégé. « Lorsque les soldats ont fouillé l’ambulance, et pendant que les ambulanciers étaient maintenus à l’écart, ils ont substitué un médicament qu’Arafat prenait avec un autre identique contenant un poison. C’est comme ça qu’Arafat est tombé malade et finalement a succombé à sa maladie. »
Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, a failli mourir à Amman en 1997, lorsque des agents du Mossad déguisés en touristes canadiens lui ont glissé une substance chimique dans l’oreille. Les deux agents ont été capturés et Hussein, roi de Jordanie à l’époque, avait menacé de rompre tous liens avec Israël, obligeant le gouvernement israélien, dirigé à l’époque par Benjamin Netanyahu, à fournir l’antidote qui a sauvé la vie de Meshaal.
Au sujet d’Arafat, alors que l’hypothèse d’Abu Sharif est surtout de nature spéculative et risque de s’avérer impossible à vérifier, le fait que la vie du leader du peuple palestinien soit subordonnée aux actions des soldats israéliens contrôlant les barrages routiers et les checkpoints en dit long sur la nature de l’Autorité Palestinienne et sa presque totale soumission à Israël.
Entre temps, on a cité la veuve d’Arafat, Shuha, comme disant que « Israël est le seul suspect dans la mort de mon mari. » Suha a lavé Abbas et Dahlan de tout méfait, disant qu’ils étaient des camarades d’Arafat. Pour beaucoup d’observateurs en Palestine occupée, il est difficile de se fier aux remarques de Suha car elle est souvent apparue comme déconnectée des réalités politiques palestiniennes, menant grande vie à Paris pendant que son mari languissait sous le siège israélien à Ramallah.
Ce qui ne veut pas dire qu’il faut donner aux accusations de Kaddumi le bénéfice du doute. Mais il ne fait par contre peu de doutes que la bombe Kaddumi jettera un ombre sur les délibérations du 6ème Congrès du Fatah, lorsque – et si – il sera convoqué. On pense qu’Abbas essaiera de profiter de l’atmosphère chargée et du fait que la plupart des délégués anti-Abbas sont basés en dehors de la Palestine occupée, ou dans la Bande de Gaza, et qu’il y a peu de chances qu’ils puissent participer à la conférence à Bethléem.
Cependant, une conférence dans laquelle Abbas et ses alliés bénéficieront de l’hégémonie absolue ne fera qu’approfondir et élargir le schisme existant entre les différents camps au sein du Fatah.
De plus, Kaddumi pourrait décider de tenir une conférence Fatah rivale, à Damas ou à Beyrouth. Si ceci devait se produire, le Fatah se désintègrerait en deux camps, un basé à l’étranger et jouissant d’une « légitimité révolutionnaire» et soutenu par la Syrie et l’Iran, et probablement le Qatar, et l’autre coalisé au sein de l’Autorité Palestinienne et bénéficiant de la « légitimité internationale » et soutenu par les USA, l’union européenne et les ainsi-nommés régimes arabes modérés.
Enfin, le succès de la conférence de Bethléem dépendra également pour une large part de la coopération du mouvement Hamas. Le Hamas, qui a jusqu’à présent choisi de rester en dehors de la confrontation Kaddumi-Abbas, a insinué qu’il pourrait ne pas autoriser les délégués Fatah de la Bande de Gaza à aller en Cisjordanie, si les agences sécuritaires de l’AP continuaient à rafler et à persécuter ses leaders et ses militants, et si des centaines de détenus Hamas n’étaient pas libérés. Comme il est peu probable que l’AP relâche ces détenus, principalement parce qu’il y a un lobby puissant au sein du Fatah contre tout rapprochement avec le Hamas, il est vraisemblable que très peu de délégués Fatah de Gaza, s’il y en a même quelques-uns, puissent aller en Cisjordanie.
Le « facteur israélien » est aussi à prendre en compte. Israël a une politique établie d’empêcher les résidents de Gaza d’entrer en Cisjordanie, comme principe. Il est indubitable que ceci aussi sera un facteur important militant pour ou contre la convocation de la conférence, comme de son succès.
L’affreuse confrontation qui s’élargit entre deux camps divergents au Fatah polarise déjà le groupe à tous les niveaux, même à la base, avec des activistes pointant un doigt accusateur soit sur Kaddumi soir sur Abbas.
La semaine dernière, le gouvernement de l’AP a décidé de fermer les bureaux cisjordaniens d’Al-Jazeera TV, après que la chaîne satellitaire basée au Qatar ait diffusé en direct une conférence de presse de Kaddumi depuis Amman. Le gouvernement basé à Ramallah et soutenu par l’Occident a accusé Al-Jazeera de « diffuser des informations fausses, partiales, incitant et encourageant à la division et à la désunion dans l’arène palestinienne. »
La décision a provoqué des réactions majoritairement négatives de la part de plusieurs bords, en particulier dans la société civile et la communauté journalistique palestiniennes, poussant le premier ministre Salam Fayyad à revenir sur sa décision quelques jours plus tard.
Très inquiet par ces accusations, le leader palestinien Abbas a fustigé Kaddumi, l’accusant de propager des mensonges minables pour faire avorter la convocation de la 6ème Conférence du Fatah, qui aurait dû se tenir depuis longtemps, et qui doit être réunie à Bethléem dans la première semaine d’Août. Les alliés d’Abbas ont eux aussi attaqué et fulminé contre Kaddumi, le traitant de « sénile », « menteur », « saboteur ». La direction du Fatah en Cisjordanie a demandé au Conseil Central du mouvement de mettre à la discussion les «canards » de Kaddumi et de « l’expulser de nos rangs ».
Pas du tout impressionné par les cris d’orfraie venant de Ramallah, Kaddumi a réaffirmé « la véracité et l’authenticité » des minutes de la réunion de mars 2004 à Jérusalem Ouest, au cours de laquelle le complot allégué d’empoisonnement d’Arafat a été discuté. Kaddumi aurait également insinué qu’il possédait d’autres preuves incriminant Abbas et Dahlan, qui corroborent et consolident ses premières accusations. Le secrétaire-général du Fatah a aussi mis au défi Abbas et ses alliés de prouver leur loyauté au groupe.
« Le Fatah ne vous appartient pas, vous l’avez détourné pour amasser des richesses et voler de l’argent. Vous vous êtes écartés du droit chemin du Fatah, le chemin de la résistance et de la libération, et vous avez choisi d’être un pion entre les mains de nos ennemis, » a dit Kaddumi.
Tandis que les deux camps en contentieux au sein du Fatah continuent d’échanger des récriminations, l’ancien conseiller politique d’Arafat, Bassam Abu Sharif, a réitéré les accusations qu’il a lancées peu de temps après la mort d’Arafat en novembre 2004. Abu Sharif avait affirmé qu’Arafat était mort par ingestion d’une substance chimique fournie par le renseignement israélien.
Abu Sharif soutenait que des soldats israéliens postés à un barrage routier à l’extérieur de Ramallah avaient stoppé l’ambulance palestinienne qui apportait régulièrement la nourriture et les médicaments au leader palestinien assiégé. « Lorsque les soldats ont fouillé l’ambulance, et pendant que les ambulanciers étaient maintenus à l’écart, ils ont substitué un médicament qu’Arafat prenait avec un autre identique contenant un poison. C’est comme ça qu’Arafat est tombé malade et finalement a succombé à sa maladie. »
Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, a failli mourir à Amman en 1997, lorsque des agents du Mossad déguisés en touristes canadiens lui ont glissé une substance chimique dans l’oreille. Les deux agents ont été capturés et Hussein, roi de Jordanie à l’époque, avait menacé de rompre tous liens avec Israël, obligeant le gouvernement israélien, dirigé à l’époque par Benjamin Netanyahu, à fournir l’antidote qui a sauvé la vie de Meshaal.
Au sujet d’Arafat, alors que l’hypothèse d’Abu Sharif est surtout de nature spéculative et risque de s’avérer impossible à vérifier, le fait que la vie du leader du peuple palestinien soit subordonnée aux actions des soldats israéliens contrôlant les barrages routiers et les checkpoints en dit long sur la nature de l’Autorité Palestinienne et sa presque totale soumission à Israël.
Entre temps, on a cité la veuve d’Arafat, Shuha, comme disant que « Israël est le seul suspect dans la mort de mon mari. » Suha a lavé Abbas et Dahlan de tout méfait, disant qu’ils étaient des camarades d’Arafat. Pour beaucoup d’observateurs en Palestine occupée, il est difficile de se fier aux remarques de Suha car elle est souvent apparue comme déconnectée des réalités politiques palestiniennes, menant grande vie à Paris pendant que son mari languissait sous le siège israélien à Ramallah.
Ce qui ne veut pas dire qu’il faut donner aux accusations de Kaddumi le bénéfice du doute. Mais il ne fait par contre peu de doutes que la bombe Kaddumi jettera un ombre sur les délibérations du 6ème Congrès du Fatah, lorsque – et si – il sera convoqué. On pense qu’Abbas essaiera de profiter de l’atmosphère chargée et du fait que la plupart des délégués anti-Abbas sont basés en dehors de la Palestine occupée, ou dans la Bande de Gaza, et qu’il y a peu de chances qu’ils puissent participer à la conférence à Bethléem.
Cependant, une conférence dans laquelle Abbas et ses alliés bénéficieront de l’hégémonie absolue ne fera qu’approfondir et élargir le schisme existant entre les différents camps au sein du Fatah.
De plus, Kaddumi pourrait décider de tenir une conférence Fatah rivale, à Damas ou à Beyrouth. Si ceci devait se produire, le Fatah se désintègrerait en deux camps, un basé à l’étranger et jouissant d’une « légitimité révolutionnaire» et soutenu par la Syrie et l’Iran, et probablement le Qatar, et l’autre coalisé au sein de l’Autorité Palestinienne et bénéficiant de la « légitimité internationale » et soutenu par les USA, l’union européenne et les ainsi-nommés régimes arabes modérés.
Enfin, le succès de la conférence de Bethléem dépendra également pour une large part de la coopération du mouvement Hamas. Le Hamas, qui a jusqu’à présent choisi de rester en dehors de la confrontation Kaddumi-Abbas, a insinué qu’il pourrait ne pas autoriser les délégués Fatah de la Bande de Gaza à aller en Cisjordanie, si les agences sécuritaires de l’AP continuaient à rafler et à persécuter ses leaders et ses militants, et si des centaines de détenus Hamas n’étaient pas libérés. Comme il est peu probable que l’AP relâche ces détenus, principalement parce qu’il y a un lobby puissant au sein du Fatah contre tout rapprochement avec le Hamas, il est vraisemblable que très peu de délégués Fatah de Gaza, s’il y en a même quelques-uns, puissent aller en Cisjordanie.
Le « facteur israélien » est aussi à prendre en compte. Israël a une politique établie d’empêcher les résidents de Gaza d’entrer en Cisjordanie, comme principe. Il est indubitable que ceci aussi sera un facteur important militant pour ou contre la convocation de la conférence, comme de son succès.
Source : Al Ahram | |
Traduction : MR pour ISM |