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« Libération immédiate » de Clotilde Reiss, universitaire de 23 ans, « prisonnière innocente » arrêtée le 1er juillet pour des raisons « hautement fantaisistes » : tels sont les termes utilisés à juste titre par Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy dès qu’ils ont été informés de la situation de cette jeune française détenue en Iran.
Salah Hamouri, 24 ans, étudiant à Béthléem, binational, français par sa mère, prisonnier en Israël depuis le 13 mars 2005(plus de 4 ans !) est dans le même cas mais les autorités françaises n’ont jamais utilisé les mêmes termes. Et elles n’ont évoqué son cas, mais jamais N.Sarkozy, que 2 ans après son enlèvement suite à la mobilisation du comité de soutien. Au contraire elles ont repris à chaque fois les termes invoqués par le tribunal militaire israélien siégeant en territoire occupé ! Salah a été condamné à 7 ans de prison pour un supposé « délit d’intention », non prouvé et non prouvable, à l’encontre d’un responsable de parti extrêmiste israélien. 7 ans par le tribunal militaire de la puissance occupante, tribunal illégal et illégitime au regard du droit international et de la position officielle de la France qui ne reconnaît pas l’occupation des territoires palestiniens suite à la guerre de 1967 et pas plus l’annexion de Jérusalem-Est où habite Salah et sa famille.
Nos autorités s’abritant derrière le « plaider coupable » accepté par Salah ne sont pas sans savoir que la très grande majorité des Palestiniens l’acceptent pour éviter des peines beaucoup plus lourdes . Le procureur du tribunal militaire a d’ailleurs appelé l’avocate israélienne de Salah le 18 février pour lui proposer le « marché », relevant du chantage, d’une peine 2 fois moins lourde s’il « plaide coupable »…suite à une démarche de B.Kouchner, présent en Israël les 16-17 février 2008. Mais B.Kouchner n’a jamais exigé, ni demandé, une libération pure et simple de Salah après les 3 ans de prison déjà subis.
Si les services consulaires français ont assuré leur devoir auprès de Salah transféré en Israël (« transfert »interdit par l’article 49 de la IVeme Convention de Genève sur les populations occupées) jamais nos dirigeants, en France ou lors de leur passage en Israël, n’ont appuyé Salah et sa famille, et exigé sa libération immédiate. A la différence de Gilad Shalit, israélo-français (par un grand-parent ayant vécu en France) tankiste prisonnier à Gaza depuis fin juin 2006 (16 mois après Salah) et qui participait au siège meurtrier de Gaza (punition collective en violation de la IVeme Convention de Genève : article 33) [1]. Pour lui, mobilisation immédiate de nos dirigeants, réception de sa famille plusieurs fois en France et en Israël. Rien de tout cela pour Salah pourtant déjà victime de l’occupation israélienne et qui n’est qu’un prisonnier palestinien parmi plus de 10 000 autres prisonniers dont 40 députés ou maires. Salah n’a pas d’état palestinien pour le défendre et il n’a qu’un passeport : le passeport français. Cela devrait responsabiliser d’autant plus nos dirigeants pour exiger sa libération immédiate, surtout qu’ils revendiquent de très bonnes relations avec les dirigeants israéliens.
Salah arrive le 26 juillet aux 2/3 de sa peine et pourrait « bénéficier »d’une remise de peine . Mais pour marquer son emprise sur Jérusalem-est occupée puis annexée Israël applique très rarement cette possibilité aux Palestiniens de Jérusalem et peut vouloir expulser et bannir Salah de Jérusalem voire de Palestine. Les dirigeants français, qui ont déjà trop tardé, doivent donc exiger la libération immédiate de Salah le 26 ; sans condition et sans contrepartie ; le retour dans sa famille à Jérusalem-est et la possibilité de reprendre ses études à Béthléem. N.Sarkozy doit recevoir, aussi, la famille de Salah, ne doit pas conditionner sa libération à celle de G.Shalit, l’état israélien ayant la possibilité de l’échanger avec des centaines de prisonniers palestiniens (dont des élus,des enfants et des femmes) s’il désire réellement récupérer son soldat. La France ne doit pas non plus accepter les contreparties contraires aux intérêts palestiniens ou français que les autorités israéliennes ne manqueront pas d’exiger. Les autorités françaises doivent agir réellement comme le demandent depuis des mois le comité de soutien national avec des maires, députés, sénateurs de tendances diverses, des présidents de régions ou de conseil généraux comme celui de Atlantique ou le comité de soutien de Questembert dans le Morbihan où Salah a de la famille.
[1] Son unité de char était pourtant au minimum en « délit d’intention »,si ce n’était déjà fait, de bombarder Gaza : plusieurs dizaines de tués par l’armée israélienne les semaines précédentes. Si on peut souhaiter la visite de Gilad par des instances humanitaires et sa libération il est nécessaire aussi de montrer l’intolérable « 2 poids-2 mesures » de nos autorités envers Salah et Gilad qui a été fait prisonnier dans le contexte d’un siège meurtrier de la population de Gaza et d’un emprisonnement massif de palestiniens. Sa famille ne peut le visiter à Gaza, c’est aussi le cas pour les milliers de Gazaouis qui ont des proches emprisonnés en Israël.