Si l’on vous dit « Ice Bucket Challenge », à quoi
pensez-vous ? Au grand défi de l’été sur la Toile, bien sûr ! Il aura
été difficile d’échapper, en l’espace de quelques semaines, aux
innombrables seaux d’eau glacée versés sur la tête de stars, pas peu
fières de s’être mouillées pour la maladie de Charcot, une cause bien
plus consensuelle que Gaza, comme l’a fait remarquer Badr Hari, le
kick-boxeur, en refusant de se prêter à cette nouvelle mode.
Nominé par Karim Benzema sur Instagram, comme
l’impose la règle de ce qui est devenu un passage obligé pour les divas
du showbusiness et de la planète football, Badr Hari s’est démarqué des
moutons de panurge pour de bonnes raisons : "Je ne participerai pas au Ice Bucket Challenge. C'est une connerie commerciale", a-t-il écrit sur sa page Facebook, avant d’enfoncer le clou : "Tout le monde ferme les yeux quand il s'agit de la Palestine. Et bien je ferme aussi les yeux sur le Ice Bucket Challenge". Un sacré uppercut donné à des célébrités dont les risques sont toujours très calculés, comme l’est ce challenge hyper vendeur…
Si le « Ice Bucket Challenge » a bien un mérite,
c’est d’avoir donné des idées à un journaliste palestinien, Ayman Aloul,
qui en propose une version plus caillouteuse pour alerter un monde sous
influence sur les conditions de vie inhumaines subies par les Gazaouis.
"Quand nous avons essayé de faire la version palestinienne du « Ice
Bucket Challenge », nous avons regardé autour de nous, et nous avons
trouvé l'endroit que vous voyez", a-t-il expliqué, en désignant les décombres des bâtiments détruits par la rage dévastatrice d’Israël.
"Ce défi", poursuit-il, s’adresse à tous ceux qui sont solidaires et éprouvent de la compassion pour les Palestiniens. "Nous
ne demandons pas une aide matérielle ... nous demandons la solidarité,
en particulier de ceux qui ont des abonnés et un public." Alors que
sa vidéo est intitulée #remainsbucket, c’est l’appellation « Rubble
bucket Challenge » ( littéralement "le challenge des seaux de
décombres") qui a emporté l’adhésion générale sur Facebook.
Essaimant à travers le Moyen-Orient, ce défi en
ligne, en signe de solidarité avec l’enclave palestinienne massacrée et
dévastée, a fait des émules parmi de nombreux artistes et personnalités
du monde arabe, y compris en Turquie, où les responsables d’ONG oeuvrant dans la bande de Gaza se sont empressés de le relever. La page Facebook dédiée à l’opération
s’enrichit régulièrement des vidéos réalisées dans différents pays du
Moyen-Orient, mais aussi aux États-Unis, en Malaisie, en Europe, en
Inde, et en Israël.
Ou quand, loin du marketing grossier qui engourdit
les neurones, un seau de pierres déversé sur la tête peut éveiller les
consciences sur l’une des plus grandes tragédies de notre époque. Fini
le challenge des glaçons, place désormais au challenge urgent et
salutaire des gravats !