La « solution à deux Etats » est
perpétuellement mal comprise. La solution envisagée n’a rien à voir avec
une possible division spatiale d’Israël
et de la Palestine et la fin de l’occupation. C’est plutôt un outil de
relations publiques pour étouffer les scrupules de ces cours sensibles
qui trouvent que l’impasse actuelle est répugnante, pour nier la
nécessité (en fait l’inévitabilité) d’une « solution à un Etat » et en
fin de compte assurer la continuation de l’occupation.
Idem pour le « processus de paix ».
Il y a toute une hiérarchie de
regroupements derrière cette tromperie qui dure depuis longtemps. Il y a
les canailles – ceux qui ont formulé les objectifs et qui sont aux
commandes. Il y a les laquais – ceux qui déblayent publiquement le
terrain pour les canailles (l’exécrable émissaire du Quatuor [1], Tony
Blair, comme pièce à conviction n°1) ou ceux qui ferment lâchement la
marche (l’Europe) ; ajoutez à cela les médias conciliants. Et il y a les
naïfs qui portent le message dans leurs cours, se castrant face aux
intérêts bien informés et l’implication dans la transformation du statu
quo.
Il y a un petit nombre de personnes qui
ne rentrent pas dans cette hiérarchie. Comme d’habitude, ce sont les
consultants, les négociateurs et les bureaucrates occasionnels qui ont
participé aux négociations pour mettre fin à l’impasse. Il y a le rare
diplomate. Ils ont des principes, sont très compétents et bien
intentionnés. Mais en fin de compte leurs efforts n’ont servi à rien – à
rien parce qu’ils ont pris au sérieux le « processus de paix » et
qu’ils ont été contrecarrés par les canailles oeuvrant dans le sens
contraire.
Il est surprenant que, durant le massacre actuel à Gaza, l’on n’ait pas entendu parler de telles personnes de valeur (à part Richard Falk) qui ont été confrontées de très près à l’intransigeance, à la belligérance et à la propension au mensonge des Israéliens
Il est instructif de reprendre les
rapports (rédigés à la même époque et se renforçant mutuellement) de
deux de ces personnes, des rapports qui fournissent un contexte et une
perspective sur ce tout dernier scandale. Leurs auteurs sont Alvaro de
Soto, un employé de longue date de l’ONU, et Yezid Sayigh, longtemps
conseiller et négociateur pour les autorités palestiniennes. Le rapport de de Soto de mai 2007
[en anglais] fut rédigé au point culminant de son passage (tronqué) de
deux ans en tant que représentant du secrétaire général des Nations
Unies durant les négociations de la « feuille de route » du Quatuor. Le
rapport de Sayigh, Inducing a Failed State in Palestine
[Provoquer un Etat défaillant en Palestine], fut publié en septembre
2007. Cet exposé donne un aperçu de la situation sept ans avant
l’imbroglio actuel, un aperçu représentatif qui a été oublié dans les comptes-rendus d’aujourd’hui – comme si tout ce conflit n’avait commencé qu’avant-hier.
Ces deux rapports sont détaillés et
sobres, comme il sied au rôle, au statut et à l’expérience passés de
leurs auteurs. Les citations assez longues qui suivent de ces rapports
sont appropriées.
« La tentative de la communauté internationale
[au travers du Quatuor et de sa « feuille de route »] fin 2005
d’encourager le redressement économique palestinien reflétait une
vieille supposition que le développement économique est crucial pour le
processus de paix et pour empêcher que le conflit ne récidive. Débutant
par la première conférence internationale des donateurs en octobre 1993,
l’aide étrangère était destinée à démontrer aux Palestiniens que la
paix apporte des dividendes tangibles, et aussi à permettre la
reconstruction économique et le développement afin de créer le soutien
du public à une diplomatie continuelle. Les accords d’Oslo ont donné
corps à un processus progressif et flexible sans accord préalable sur un
Etat palestinien, et encore moins sur les questions du « statut
permanent » : les colonies israéliennes, Jérusalem, les frontières, les
réfugiés, la sécurité et l’eau. Plutôt que de faire pression sur les
parties pour qu’elles acceptent des résultats finaux spécifiques, la communauté internationale a évité l’intervention
politique directe et a facilité à la place le processus en prenant en
charge les détails pratiques et en fournissant de l’aide et autres
récompenses » (Sayigh, 9)
« La feuille de route, qui est
toujours le seul instrument diplomatique officiellement soutenu par le
Quatuor, était au mieux mort-née et au pire « une façon de consolider le
nouveau statu quo ‘aucune négociation’ » [citant Barnea & Kastner
[2], 2006]. [.] Dans cette déclaration du 20 septembre 2005, commentant
le récent désengagement de Gaza, le Quatuor avait promis de « soutenir
une croissance viable de l’économie palestinienne et de renforcer les
capacités d’ensemble de l’AP [Autorité palestinienne] d’assumer ses
responsabilités à travers la poursuite énergique de la construction d’un
Etat et de ses efforts de réforme démocratique ». Elle a échoué à
réaliser tous ces points, voire a agi dans l’effet opposé ». (Sayigh, 28)
« Le Quatuor désigna James Wolfensohn
comme envoyé spécial pour agir pour le désengagement de Gaza [.] En
l’occurrence, la mission de Wolfensohn échoua après que sa tentative de
négocier un accord sur l’accès et la liberté de mouvement fut
interceptée – certains diraient détournée – à la dernière minute par les
envoyés des Etats-Unis et en fin de compte par [la ministre des
Affaires étrangères Condoleeza] Rice en personne. Tandis que cet Accord
sur l’accès et le mouvement [AMA] du 15 novembre 2005 fut minutieusement
concocté dans l’urgence par Wolfensohn et son équipe de haut vol dans
les mois précédents, des altérations clés furent effectuées à la
dernière minute et cet accord fut en fait écarté d’un revers de la main
au moment final ». (de Soto, 9/13)
« La communauté internationale
chercha à tirer parti de l’élan généré par le désengagement israélien en
restaurant les conditions d’une croissance économique accélérée dans
les territoires occupés, mais permit ensuite à cette stratégie d’être
invalidée par le refus du gouvernement
israélien de mettre en œuvre ses engagements officiels – un échec par
omission. Par contraste, les Etats-Unis ont cherché activement à
provoquer une faillite « contrôlée » de l’Etat – l’incapacité pour
l’autorité centrale de remplir les fonctions de base et de dispenser les
biens publics essentiels, y compris la sécurité – dans l’Autorité
palestinienne dirigée par le Hamas après [sa victoire électorale de ]
janvier 2006. » (Sayigh, 8/9)
« . d’où le ton beaucoup trop punitif de la déclaration du 30 janvier [dictée par les Etats-Unis] [le Hamas doit renoncer à la violence,
aucune exigence comparable de la part d'Israël ; le Hamas doit
reconnaître Israël, avec des frontières indéterminées] de laquelle nous
n’avons pas réussi à nous distancer à ce jour, et qui a effectivement
transformé le Quatuor, qui encourageait au départ la négociation par un
document commun (la Feuille de Route), en un organisme qui, à peu de
choses près, imposait des sanctions à un gouvernement librement élu d’un
peuple sous occupation, en fixant en même temps des conditions
préalables inaccessibles pour le dialogue » (de Soto, 50)
« L’échec de ces deux réponses
[israélienne et l'intransigeance des Etats-Unis] fait partie du contexte
plus large du rôle joué par la communauté internationale qui a
supervisé la glissade dans la défaillance de l’Etat et la crise
humanitaire » (Sayigh, 9)
« [Citant la Banque mondiale, 2004] .
ce qui a précipité cette crise économique était la « clôture » – un
système à plusieurs facettes de restrictions sur le mouvement des biens
et des personnes, destiné à protéger les Israéliens en Israël et dans
les colonies. Les clôtures ont coupé le réseau des transactions
économiques palestiniennes, augmentant le coût pour faire des affaires
et perturbant la prévisibilité nécessaire pour une vie économique
ordonnée. Tout redressement économique palestinien soutenu nécessitera
finalement le démantèlement du système de clôture. » (Sayigh, 9)
« Dans [l'Accord sur l'accès et le
mouvement], le gouvernement israélien s’engageait à prendre un certain
nombre de mesures [ouverture continue des passages frontaliers,
facilitation des mouvements des camions pour le commerce et les
matériaux de construction, etc.]. [.] Pourtant, à partir de juillet
2007, rien de tout cela ne s’était produit. En effet, l’accord était
lettre morte dès la mi-janvier 2006. » (Sayigh, 10/11)
« La défaite de la stratégie de
changement de régime et l’incapacité perpétuelle de la communauté
internationale de garantir l’application par les Israéliens de l’accord
sur l’accès et le libre mouvement révèle sa défaillance plus profonde à
définir des objectifs stratégiques réalistes ou à anticiper les
conséquences à long terme de ses choix politiques. Cela est évident dans
sa réponse aux deux défis principaux : la politique israélienne et les
mesures qui ont créé de façon continue de nouveaux faits sur le terrain
et, par conséquent, altéré les paramètres de toute résolution du
conflit ; [.]
« Dans le premier cas, la communauté
internationale a évité à plusieurs reprises d’affronter Israël, et
encore moins de le pénaliser, sur les mesures unilatérales qui ont
transformé le paysage des territoires occupés depuis 2000, si ce n’est
depuis 1993. Cela saute aux yeux en ce qui concerne l’expansion continue
des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem Est et leurs
infrastructures associées – plus de 1.200 km de routes ont été
totalement ou partiellement réservées à l’usage exclusif des Israéliens –
en dépit des arrangements d’Oslo et de l’obligation explicite d’un
« gel de la colonisation » dans la feuille de route du Quatuor.
« En parallèle, la communauté
internationale s’est continuellement adaptée au changement physique
constant, aux restrictions administratives imposées par le gouvernement
militaire israélien et à l’Administration civile attachée sur le libre
mouvement et l’accès aux territoires occupés. Ceux-ci ne s’appliquent
pas seulement aux Palestiniens – qui sont en outre circonscrits par les
ordres militaires, les règles des permis et les obligations de résidence
qui varient souvent sans préavis ni explication, ou qui sont annoncées
verbalement – mais également au personnel diplomatique international et
aux agences humanitaires, ainsi qu’aux experts techniques et aux
employés locaux travaillant sur les projets. » (Sayigh, 21/22)
« A partir de l’automne [2006], il
était évident que les impacts cumulés rendaient Gaza ingouvernable,
poussant le coordinateur du secours d’urgence de l’ONU, Jan Egeland, à
décrire Gaza comme « une bombe à retardement ». [.] le résultat fut une
augmentation dramatique du nombre de Palestiniens souffrant d’extrême
pauvreté [.] A partir de mai 2007, les Nations Unies fournissaient de
l’aide alimentaire à 1,1 millions de Gazaouis, sur une population de 1,4
million.[.] » (Sayigh, 26)
« Les conséquences dévastatrices de
la position du Quatuor ont été bien documentées, y compris dans les
réunions d’information du conseil de sécurité. [.] Le déclin précipité
du niveau de vie des Palestiniens, en particulier à Gaza, mais pas
seulement, a été désastreux, tant en termes humanitaires que dans
l’affaiblissement périlleux des institutions palestiniennes.
L’assistance internationale, qui s’était progressivement déplacée vers
le développement et la réforme institutionnelle, est largement retournée
à l’humanitaire. [.] Les mesures prises par la communauté
internationale dans le but présumé d’amener l’entité palestinienne à
vivre en paix avec son voisin Israël ont donc précisément eu l’effet
opposé. » (de Soto, 51)
« De plus, l’économie palestinienne
s’est adaptée aux conditions de siège en se restructurant de façon
problématique. « La fragmentation intérieure » et la « compression de
l’espace socio-économique » en Cisjordanie depuis 2001 ont rompu les
relations économiques entre les zones géographiques et les acteurs –
entre les districts, les communautés rurales et urbaines, les employeurs
et les employés, les producteurs et les marchés – et accru sévèrement
les disparités sociales. [.] Le morcellement, la localisation et la
désofficialisation de l’économie palestinienne depuis 2000 sont des
tendances à long terme, alors que les producteurs se sont adaptés à la
fragmentation territoriale et à la compression du marché en se confinant
à des zones géographiques plus petites, quittant l’industrie et
l’agriculture et se tournant vers le paiement en nature et le travail
familial non rémunéré. » (Sayigh, 26/28)
« Au-delà des dégâts
provoqués en termes d’assistance internationale [.] il y a ce qui a été
infligé par Israël, en dépit des responsabilités vis-à-vis de la
population qui lui incombaient, selon la loi internationale, en tant que
puissance occupante : pas seulement le massacre de centaines de civils
lors de lourdes incursions soutenues et la destruction [délibérée] des
infrastructures [.], mais également l’arrêt du transfert à l’AP, depuis
février 2006, des droits de douanes et de la TVA qu’Israël collecte, en
vertu du Protocole de Paris signé avec l’OLP conformément aux Accords
d’Oslo, pour le compte des Palestiniens. C’est de l’argent collecté
auprès des exportateurs et des importateurs palestiniens. C’est de
l’argent palestinien. Dans des circonstances normales, il se monte à un
gros tiers des revenus palestiniens. [.]
« On se demande s’il est crédible de
juger la capacité d’un gouvernement à tenir ses engagements lorsqu’il
est privé de sa plus grosse source de revenus, à laquelle il a
indubitablement droit en vertu d’un accord approuvé par le Conseil de
Sécurité, par l’Etat qui contrôle largement la capacité de ce
gouvernement et de son peuple à générer des revenus. En fait, on attend
du gouvernement de l’AP qu’il tienne ses engagements sans avoir les
attributs de la souveraineté lui permettant de décider de son avenir,
comme le contrôle de ses frontières, le monopole de l’usage de la force
ou l’accès aux ressources naturelles, à plus forte raison des recettes
fiscales régulières. » (de Soto, 52/53)
« Il me faut préciser que je ne
tolère absolument pas les défaillances du camp palestinien, notamment
son incapacité ou sa mauvaise volonté à remplir ses obligations en vertu
de la Feuille de Route. [.] Mais il est également vrai que la politique
israélienne, que ce soit voulu ou non, semble fréquemment et
obstinément conçue pour encourager l’action continuelle des militants
palestiniens. » (de Soto, 74/75)
« En vérité, l’OLP a le droit de se
demander si Israël est un partenaire alors qu’Israël se pose
régulièrement la même question en ce qui concerne l’OLP et l’AP. » (de Soto, 21/22)
« Il est utile d’avoir conscience que
la combinaison du déclin institutionnel de l’AP et de l’expansion de la
colonisation israélienne crée une conviction croissante parmi les
Palestiniens et les Arabes israéliens, de même que chez certains juifs
d’extrême gauche en Israël, que les meilleurs jours de la solution à
deux Etats sont derrière elle. Etant donné qu’un Etat palestinien
nécessite à la fois un territoire et un gouvernement, et que la base
pour ces deux éléments est systématiquement sapée, ils pensent que la
seule façon à long terme de mettre fin au conflit sera d’abandonner
l’idée de diviser la terre et, à la place, simplement insister sur le
respect des droits civiques, politiques et nationaux des deux peuples,
Juifs et Arabes, qui peuplent cette terre, dans un seul Etat. Ce que
l’on appelle la « solution à un Etat » gagne du terrain. [.] En
attendant, Israël a cherché refuge en s’enfermant dans une position
essentiellement de rejet au regard des Palestiniens et en insistant sur
des conditions préalables qu’ils doivent savoir être irréalistes. » (de Soto, pars.128/131)
Sayigh et de Soto ont démontré que la
feuille de route du Quatuor était une farce. Elaborée dans sa structure,
creuse dans sa substance. Israël n’allait jamais faire de concessions
(ce qui est cohérent avec son intransigeance depuis les accords d’Oslo
de 1993). Et les Etats-Unis se sont assurés que l’intransigeance
d’Israël sauve la situation.
Savigh se réfère diplomatiquement à « la
communauté internationale », mais les Etats-Unis ont dicté et imposent
l’asservissement à l’agenda d’Israël. L’Europe est toujours restée
misérablement obéissante, et la Russie, brièvement officiellement
impliquée, est restée indifférente et est préoccupée ailleurs.
Mais derrière le langage bureaucratique
de de Soto et de Sayigh est exposé le fait qu’Israël et les Etats-Unis,
ainsi que leurs satrapes, ont été stratégiquement engagés pendant une
période prolongée dans le nettoyage ethnique
d’un peuple soumis. C’est un crime épouvantable et, pourtant, toutes
les organisations qui font autorité et qui ne sont pas directement
responsables de ce crime, sans exception, accusent les victimes ou
regardent ailleurs.
L’ONU elle-même et ses agences ont
légitimé de fait le crime en cours. Cela, malgré le fait que 8 milliards
de dollars des fonds onusiens ont été consacrés à l’indemnisation de la
dévastation infligée par Israël – soutenant les institutions
palestiniennes paralysées, ravitaillant les populations désespérées et
remplaçant les infrastructures détruites (y compris les infrastructures
de l’ONU), tandis qu’Israël a traité l’ONU avec le plus grand mépris.
Regardons en face ce que les plus
grandes puissances et les agences internationales demandaient à la
direction palestinienne dans la feuille du route du Quatuor. Elle
(c’est-à-dire le Fatah, puisque le Hamas était exclu par décret) était
censée nettoyer sa structure administrative inefficace et corrompue et
faire respecter la sécurité contre la violence dirigée contre Israël. En
échange, des fonds seraient déboursés dans l’espoir d’améliorer
l’économie palestinienne, ce qui a son tour était destiné à générer la
civilité et le pacifisme parmi « les natifs ».
L’Occupation, soi-disant condamnée par
la loi internationale, est légitimée. Les failles fondamentales d’Oslo –
« aucun accord préalable sur un Etat palestinien, et encore moins sur
les questions dudit ‘statut permanent’ » – sont renforcées. Il est exigé
des victimes qu’elles se rabaissent un peu plus. Et Israël a carte
blanche pour braver les obligations mineures qui sont les siennes et de
chérir comme étant indélébiles ses crimes systémiques contre les Palestiniens.
Ainsi que Sayigh le note (23) :
« La communauté internationale a
constamment méjugé l’étendue à laquelle l’Autorité Palestinienne est
« moins qu’un Etat alors qu’on attend d’elle qu’elle agisse comme un
Etat ». [.] l’autorité n’avait pas le contrôle effectif, et encore moins
souverain, de nombreux leviers politiques et des outils dont elle avait
besoin pour remplir les tâches qui lui étaient assignées. »
C’est élémentaire, mon Cher Watson.
L’absurdité ne pouvait être manquée par ses partisans. Notamment lorsque
Israël s’engage continuellement dans des arrestations de grande
envergure de ceux qui cherchent à exercer l’autorité, comme il l’a fait
durant cette période vitale [en anglais] en 2005-2006.
Sayigh et de Soto critiquent tous deux
les défauts manifestes des factions qui contrôlent et se disputent le
contrôle de la direction palestinienne. Mais même les structures
politiques et leur personnel dans les Etats-nations disposant de la
souveraineté et d’appareils gouvernementaux qui fonctionnent sont sujets
à l’incompétence et à la corruption. Ici, il est exigé que ceux qui
cherchent à jouer un rôle de dirigeant fonctionnent comme s’ils étaient
en possession des pouvoirs, des droits souverains et des capacités
institutionnelles qui les accompagnent tout en étant forcés, à travers
la privation de ces pouvoirs et de ces capacités, à rester des collabos.
C’est-à-dire s’ils ne se languissent pas dans une prison israélienne.
Ce scénario est risible, de la matière
brute pour un Opéra Bouffe. Mais il a été écrit par des sadiques, des
racistes impénitents, à une époque où le racisme a été universellement
répudié comme étant une chose du passé, et ses conséquences ont été
diaboliques.
Rien de ce qui a été demandé aux Palestiniens ne pouvait possiblement marcher dans leurs intérêts.
Donc, nous avons cette expérience de
laboratoire de type Mengele dans les Territoires Occupés : privation
continue de liberté, de moyens d’existence et d’humanité. Donc, nous
avons les massacres à Gaza de 2006, 2008-2009, 2012 et actuels (en ai-je
oublié ?). Il y en aura encore plus à l’avenir. C’est la vengeance
israélienne contre les Palestiniens qui persistent audacieusement à
habiter une terre mise sous mandat exclusivement pour ses habitants
légitimes à présent écartés de sa possession en totalité.
A l’époque, Le rapport de de Soto a attiré peu d’attention de la part des médias. Ce rapport était mentionné dans l’édition du Guardian
du 17 juin 2007. L’auteur note : « les plus hauts responsables de l’ONU
en Israël ont prévenu, dans un rapport confidentiel accablant, que la
pression américaine a « agressivement réduit » le rôle de l’ONU en tant
que négociateur impartial au Proche-Orient ». Il est sûr que cet
article néglige de souligner la condamnation implicite de l’Ouest par de
Soto et la tutelle qu’il exerce sur les crimes d’Israël.
Cependant, un article publié le 15 juin dans Inter Press Service
articule de façon précise la teneur du rapport de de Soto et ses
implications. Non seulement de Soto condamnait la partialité des
Etats-Unis (qui inclut le financement du Fatah vaincu afin qu’il engage
une confrontation militaire contre le personnel du Hamas) mais il
accusait le secrétaire général d’alors, Kofi Annan, d’avoir failli à
garantir l’indépendance et la capacité de levier du personnel de l’ONU
dans la poursuite de résolutions justes. Et, note cet article, le
nouveau secrétaire général Ban Ki-moon a prouvé qu’il était plus
préoccupé par la révélation de ce rapport confidentiel que par les
implications choquantes de son contenu.
Les importants rapports de de Soto et de
Sayigh ont disparu dans l’éther. En un an, la Bande de Gaza a été
complètement et indéfiniment fermée, mettant les Gazaouis à un régime de
famine qu’ils ont subi jusqu’à ce jour. En novembre 2007, à Annapolis,
les canailles ont dûment arrangé la prétendue résurrection de la feuille
de route, à laquelle l’infortuné Abou Mazen [Mahmoud Abbas] a présenté
sa liste de doléances dans l’ambition d’une résolution rapide en un an.
Mazen a ensuite été avisé d’aller se faire cuire un oeuf et le jeu
israélo-américain a naturellement prévalu depuis.
Les « préoccupations de sécurité »
d’Israël sont le code pour l’espace vital d’Israël, son idée fixe.
Israël impose le cycle de répression et d’assassinats comme étant
intégral à son vol de terres continu, qui invite naturellement à la
résistance, laquelle menace la sécurité d’Israël, et qui a pour
conséquence plus de répression et d’assassinats et plus de vol de
terres.
Une solution à deux Etats ? Mon cul ! Y
a-t-il la moindre raison d’espérer l’extinction des « préoccupations de
sécurité » d’Israël avant que les Palestiniens aient disparu eux-mêmes
du terrain ? Aucune ! Ensuite, Israël pourra commencer à s’occuper à
plein temps de ses voisins.
Evan Jones est professeur d’économie-politique, aujourd’hui à la retraite, de l’université de Sydney.
______
Notes :
[1] Le Quatuor (ou Quartette] est constitué de l’ONU, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la Fédération de Russie.
[2] Nahum Barnea et Ariel Kastner ont
rédigé une monographie détaillant le mécanisme de canaux officieux
établis par Sharon entre son administration et la Maison Blanche et
explorant les motivations de ce dernier pour établir cette ligne de
communication.