Derrière
le paravent de ses mensonges d’Etat, Israël se croit à l’abri de la
démystification de sa duplicité perverse, alors même qu’un rapport accablant
publié par l’Observatoire Euro-Mid pour les droits de l’Homme et les
témoignages de victimes palestiniennes décrivent l’indescriptible
réalité des boucliers humains utilisés sans état d’âme par l’armée
israélienne d’occupation, une armée où l’on cherche vainement l’once de
moralité dont elle se prévaut pour commettre l’innommable.
Imputée au Hamas, qui a le dos bien large, par une
communauté internationale qui confond résistance et terrorisme quand ça
l’arrange, mais mise en pratique par les criminels de guerre de l’Etat
hébreu, l’utilisation, illégale et monstrueuse, de civils comme
boucliers humains est tout sauf une vue de l’esprit pour le jeune Ahmad
Abu Raida, 17 ans, traumatisé par son calvaire, long de cinq jours, aux
mains de ses bourreaux israéliens.
"J'ai vécu la peur, la terreur, j’ai été
insulté, humilié, et interrogé tous les jours. J’ai été privé de
nourriture, ou alors obligé de manger des choses dégoûtantes, je ne
pouvais plus dormir normalement. Je n’ai pas été traité comme un être
humain", a confié l’adolescent rescapé de l’horreur, qui tente de
surmonter, avec courage, l’anxiété qui l’habite désormais, ainsi que ses
profondes blessures psychologiques, pour témoigner de son supplice
auprès de la Défense des Enfants International Palestine
(DCI-Palestine).
Arraché aux siens, le 23 juillet dernier, à
Khuza'a, près de la ville méridionale de Khan Younis, dans la bande de
Gaza, Ahmad Abu Raida est devenu l’otage et le bouclier humain d’un
groupe de soldats israéliens sans pitié, qui avaient droit de vie et de
mort sur lui pendant cinq jours interminables, au cours desquels les
coups de pied, les coups de poing, les injures racistes, et même, comble
de l’odieux, les menaces sexuelles, pleuvaient.
Dans un raffinement de cruauté, ils lui firent
endurer des tortures psychiques et physiques inhumaines, les mains
toujours attachées dans le dos, en vue de lui extorquer des
renseignements sur le Hamas, le privant de nourriture et de sommeil,
tout en le contraignant à marcher devant eux à la recherche de tunnels.
Un jour, sous un soleil de plomb, en plein après-midi, ses geôliers
poussèrent le sévice jusqu’à lui ordonner de creuser un tunnel.
"[Le capitaine et les soldats] marchaient
derrière moi, avec leurs fusils pointés sur moi. Ils m'ont fait
rechercher tous les accès aux tunnels", a poursuivi Ahmad Abu
Raida, tandis que celui qui a recueilli sa parole avec bienveillance et
consternation, son proche confident Rifat Kassis, directeur général de
DCI-Palestine, a condamné avec force la redoutable propagande du
gouvernement israélien et les crimes de guerre dont sont coutumiers ses
soldats : "L'armée israélienne a toujours accusé le Hamas d'utiliser
les civils - en particulier les enfants - comme boucliers humains, mais
cet incident prouve de manière irréfutable qu’Israël applique une
méthode barbare qu’elle reproche à son ennemi juré. Les responsables
israéliens font des accusations généralisées tandis que les soldats
israéliens se livrent à des actes qui constituent des crimes de guerre",
s'est-il indigné.
Abandonné par ses tortionnaires dans une maison
pendant quelques heures, Ahmad Abu Raida, convaincu que sa fin était
proche, a écrit une lettre posthume à ses parents, qui eux-mêmes le
pensaient mort, sur un bout de papier trouvé par terre. Le dimanche 27
juillet, le jeune garçon qui, du haut de ses 17 ans, avait trouvé la
force intérieure de se résoudre à l’inéluctable, a finalement été
libéré.