Si
certains, en Australie, fourbissent leurs armes pour partir en croisade
contre l’islam, d’autres préfèrent se rallier sous la bannière de la
concorde religieuse, à l’instar de plusieurs hauts dignitaires chrétiens
et juifs qui appellent à soutenir leurs compatriotes musulmans dans le
cadre d’une campagne inédite, dont le slogan des plus pacifiques a l’art
de désamorcer tous les discours haineux : «Nous aimerons les musulmans
pendant 100 ans».
La nouvelle guerre de religion, durable et
exaltante, prédite par l’un des oiseaux de mauvais augure de l’autre
bout du monde, Peter Lehay, un ancien militaire mué en prophète de
malheur, qui a récemment annoncé dans la presse nationale « Nous nous
battrons contre l’Islam pendant 100 ans », ne passera pas par les
responsables australiens des Eglises chrétiennes, les très honorables
pasteurs Brad Chilcott et Tim Costello, entre autres, ni par le Rabbin
estimé de tous, Zalman Kastel (photo ci-dessus), qui ont contrecarré ce
sombre présage en jouant habilement sur les mots.
Face à ceux qui veulent jouer avec le feu en
déterrant la hache de guerre, ces courageux représentants des deux
autres religions monothéistes opposent leur déclaration d’amour à nulle
autre pareille, dont rien ne viendra à bout : ni les bassesses, ni les
épreuves, et encore moins l’érosion du temps…
Alors que l’inquiétude des dignitaires religieux
musulmans est palpable devant la tournure du débat politique national
relatif au terrorisme au Moyen-Orient, le rabbin Zalman Kastel, ce
directeur d’une organisation pluri-confessionnelle « Ensemble pour la
fondation de l’humanité », élevé dans la plus pure tradition juive
ultra-orthodoxe, se félicite de la collaboration fructueuse avec ses
deux présidents, dont l’un est musulman et l’autre chrétien.
"J'ai été extrêmement choqué par ces attaques
verbales qui ont déclaré la guerre à l’islam, anéantissant ainsi en
moins de temps qu’il n’en a fallu pour les établir, les apports très
positifs des échanges interreligieux qui dressent des ponts de
compréhension quotidiennement, ici en Australie. La suspicion de
terrorisme continue de peser sur les musulmans, certains déplorant de ne
voir aucune amélioration notable par rapport au climat post-11
septembre sous haute tension, et pour ma part, j’attribue cet échec à
l’incompétence culturelle des élites", a-t-il analysé, en s’exclamant : "Nous faisons tous partie de la même équipe, si je peux utiliser ce mot, et notre seul objectif commun c’est la paix !."
Pour le pasteur Brad Chilcott, installé à
Adelaïde, la rhétorique gouvernementale fait planer le spectre du 11
septembre 2001 de manière inconséquente, ce dernier fustigeant la
diabolisation de la communauté musulmane, aussi irréfléchie qu’indigne,
qui conduit droit dans le mur : la marginalisation sociale et la
radicalisation.
"Lorsque vous stigmatisez en permanence tout
un groupe de personnes, que ce soit les chômeurs, les jeunes, les
handicapés, ou les croyants d'une foi différente de la vôtre et
étrangère à votre univers de référence, vous créez les conditions de la
défiance, de la frustration, de la colère et du ressentiment envers les
autorités et le reste de la société", a-t-il dénoncé, avant, comme
son homologue juif, le rabbin Zalman Kastel, d’inviter les Australiens,
de toute sensibilité et obédience, à signer sans tarder la pétition de
soutien à la communauté musulmane qui accompagne leur grande action de
sensibilisation.