La mort de trois adolescents israéliens prétendument tués par le Hamas a servi de prétexte pour bombarder et pilonner Gaza.
L’opération « Bordure protectrice » (OBP) contre la bande de Gaza n’est pas sans rappeler le tristement célèbre plan Dagan de 2001 intitulé « Opération Vengeance justifiée », dans lequel la mort d’innocents civils israéliens avait été envisagée et prévue par les stratèges militaires de Tsahal.
Les décès devaient
ensuite être utilisés pour susciter l’appui de l’opinion publique
israélienne et justifier une opération de contre-terrorisme,
« légitime » aux yeux de la communauté internationale, contre les
territoires palestiniens occupés.
Le plan Dagan (portant le nom du chef du
Mossad Meir Dagan) a été conçu derrière des portes closes en juillet
2001 par Tsahal et le Mossad. Ses architectes avaient prévu qu’il soit
« lancé immédiatement après le prochain attentat suicide causant de
lourdes pertes, qu’il dure environ un mois et qu’il entraîne la mort de
centaines d’Israéliens et de milliers de Palestiniens » (Voir Ellis
Shuman, “Operation Justified Vengeance”: a Secret Plan to Destroy the Palestinian Authority, Intelligence Ploy behind the “Suicide bombings”, Global Research, 1er février 2004.)
L’opération
« Bordure protectrice » contre la bande de Gaza a été planifiée bien
avant l’enlèvement et l’assassinat des trois adolescents israéliens. Le
premier ministre Nétanyahou a appelé 40 000 réservistes. Dans la foulée
du pilonnage et des bombardements, une importante opération terrestre
est envisagée.
En outre, dans une
logique similaire à celle du plan Dagan, le chef du renseignement
israélien (Mossad) avait « prédit » l’enlèvement des trois
adolescents. Dans un article terrifiant intitulé L’effrayante prophétie
du chef du Mossad annonçant l’enlèvement (Mossad chief’s chillingly prescient kidnap prophecy) , Haaretz confirme :
« Le chef du Mossad Tamir Pardo avait décrit un scénario terriblement semblable à l’enlèvement des trois adolescents disparus en Cisjordanie »(Haaretz, 13 juillet 2014, c’est l’auteur qui souligne.)
Afin de justifier une
action militaire contre la bande de Gaza, on accuse, sans preuves, le
Hamas d’avoir tué des civils israéliens . Le but ultime de l’opération
« Bordure protectrice » est de briser la base institutionnelle du
leadership du Hamas et de détruire l’infrastructure civile de la bande
de Gaza, dans le but de l’annexer tôt ou tard à Israël. En date du 13 juillet, Israël aurait frappé 1320 sites dans la bande de Gaza, faisant 167 morts et plus de 1.000 blessés ( Maan News 13 juillet 2014)
Les trois garçons ont-ils été tués par le Hamas ?
Les reportages de la presse israélienne insinuent que les trois adolescents auraient été exécutés par l’État islamique en Irak et au Levant
(EIIL), l’entité djihadiste affiliée à Al-Qaïda, laquelle, incidemment,
est appuyée « ouvertement » et « clandestinement » par l’État
israélien.
Dans un article intitulé Un groupe djihadiste revendique les meurtres des adolescents, le Times of Israel confirme :
« Un nouveau groupe djihadiste palestinien prêtant allégeance à l’État islamique (anciennement connu sous le nom EIIL) a revendiqué la responsabilité de l’assassinat de trois adolescents israéliens le mois dernier en Cisjordanie [...] ainsi que d’autres récentes attaques meurtrières contre des soldats et des civils israéliens [...]
Selon le communiqué, les actions ont été menées en l’honneur d’Abou Bakr Al-Baghdadi, « calife » auto-proclamé de l’État islamique, la réincarnation de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) déclaré le mois dernier. » (Times of Israel, 3 juillet 2014.)
L’EIIL (rebaptisé État
islamique, voir la photo) constitue la principale force de combat
rebelle d’Al-Qaïda en Syrie luttant contre le gouvernement de Bachar
Al-Assad. Plus récemment, les brigades de l’EIIL sont entrées en Irak,
confrontant les forces gouvernementales.
Bien
que l’EIIL soit une entité liée à Al-Qaïda, financée par l’Arabie
Saoudite et le Qatar, les représailles d’Israël pour la mort des
adolescents visent Gaza plutôt que l’Arabie Saoudite et les États du
Golfe.
Le rôle de soutien des
États-Unis et d’Israël à l’entité liée à Al-Qaïda ne se limite pas au
domaine des opérations secrètes. L’armée israélienne (FDI) appuie
l’entité djihadiste depuis le Golan occupé. Par ailleurs, la présence de
forces spéciales occidentales et israéliennes dans les rangs des
rebelles de l’EIIL est amplement documentée.
En mars, un officier de l’armée autrichienne de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) dans le Golan occupé a « confirmé qu’Israël a fourni un soutien logistique et militaire à grande échelle aux terroristes et rebelles [de l'EIIL et d'Al-Nosra] dans différentes parties de la Syrie »
Le représentant de la
FNUOD a confirmé l’existence d’une « salle d’opération conjointe » entre
Israël et les rebelles d’Al-Qaïda, vouée à « l’acheminement de l’aide
[israélienne] aux terroristes ».
Cette assistance n’est pas limitée à la logistique :
« Selon la chaîne télévisée israélienne Channel 1,“des sources des services de sécurité“ ont mentionné un nouveau système de missile appelé ,“Mitar,“ établi au Golan et servant de couverture d’appoint aux groupes militants anti-Syriens.
Selon le reportage, le système comprend des missiles de moyenne et longue portée. » ( Al Alam 3 mai 2014, c’est l’auteur qui souligne.)
Un hôpital militaire de Tsahal dans le Golan occupé a été installé pour traiter les rebelles d’Al-Qaïda blessés.
En février, le Jerusalem
Post rapportait que le premier ministre Benjamin Nétanyahou avait
visité l’hôpital de campagne de Tsahal dans le Golan occupé, mis en
place pour soutenir les rebelles djihadistes opérant en Syrie et traiter
les rebelles d’Al-Qaïda blessés.
Le Jerusalem Post
reconnaît que l’hôpital est utilisé pour appuyer l’insurrection
djihadiste. Nétanyahou a fait référence à l’hôpital comme étant le lieu
« séparant le bien du mal dans le monde ».
Pour Nétanyahou, « le
bien est Israël », qui, ironiquement, appuie sans réserve les
« combattants de la liberté» d’Al-Qaïda en Syrie. « Le mal » fait
référence à l’Iran, qui soutient Bachar Al-Assad.
« Le bon, a dit le premier ministre, c’est Israël qui “sauve des vies du massacre quotidien qui a lieu en Syrie. Voilà le vrai visage d’Israël“. Le mal, a-t-il ajouté, c’est l’Iran, qui arme ceux qui massacrent. » (Jerusalem Post 19 février 2014.)
Alors que l’hôpital de
campagne de Tsahal a été créé pour soutenir Al-Qaïda dans une opération
coordonnée par les forces spéciales de Tsahal, Nétanyahou accuse tout
bonnement l’Iran d’« appuyer des groupes terroristes à travers le
monde ». (Jerusalem Post 19 février 2014.)
Nétanyahou ne nie pas
l’appui de son gouvernement aux djihadistes. Les hauts gradés des FDI
ont tacitement reconnu que « des éléments du djihad international en
Syrie » sont soutenus par Israël :
Nétanyahou a visité le plateau du Golan avec le ministre de la Défense Moshe Yaalon et le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Benny Gantz.
Sur un belvédère donnant sur la frontière syrienne, le major-général Yair Golan du Commandement Nord OC a informé Nétanyahou de la présence d’éléments du djihad international en Syrie, ainsi que des travaux en cours pour renforcer la barrière frontalière israélo-syrienne. (Ibid.)
Le terroriste blessé est-il à la solde du renseignement israélien? Dans l’image ci-dessous :
« Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et le ministre de la Défense Moshe Yaalon aux côtés d’un mercenaire blessé, à l’hôpital militaire de campagne israélien dans le Golan occupé, à la frontière de la Syrie, le 18 février 2014» (Ibid., c’est l’auteur qui souligne.)
Qui a tué les trois adolescents israéliens ?
Ironie du sort, le même
groupe djihadiste qui aurait enlevé et tué les trois adolescents est
appuyé par l’armée israélienne dans le plateau du Golan occupé.
Simple coïncidence.
Il a été confirmé que le
chef de l’EIIL et imam Abou Bakr Al Baghdadi, qui aurait ordonné
l’enlèvement et l’assassinat des trois adolescents israéliens « a reçu
une formation militaire intensive pendant une année entière aux mains du
Mossad, ainsi que des cours de théologie et d’art de la parole. “(Gulf
News 15 juillet 2014.)
L’ancien employé de la National Security
Agency (NSA) étasunienne, Edward Snowden, a révélé que les services de
renseignement britannique, étasunien et israélien (Mossad) ont travaillé
ensemble pour créer l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIS).
Snowden dit que les services de
renseignement des trois pays ont créé une organisation terroriste
capable d’attirer tous les extrémistes du monde en un seul lieu, en
utilisant une stratégie appelée « guêpier ».
Des documents de la NSA se rapportent à
la mise en œuvre récente d’un guêpier pour protéger l’entité sioniste en
créant des slogans religieux et islamiques.
Selon des documents publiés par Snowden,
« la seule solution pour la protection de l’État hébreu » est de créer
un ennemi près de ses frontières ».
Michel Chossudovsky