ABC News - John Lyons, Janine Cohen et Sylvie Le Clezio, lundi 21 avril 2014
Les enfants sont menacés et forcés à faire de fausses confessions
par les soldats israéliens en Cisjordanie selon des allégations qui
seront diffusées cette nuit dans le programme “Four Corners” d’ABC.
Une enquête conjointe de Four Corners et du journal The Australian
s’est penchée sur le traitement des enfants dans le système de justice
militaire en Israël.
Plus de 720 000
hommes, femmes, et enfants palestiniens sont passés par ce système
depuis qu’Israël a commencé à occuper les territoires palestiniens
en 1967.
Four Corners a examiné les affirmations selon lesquelles l’armée
israélienne arrête des centaines d’enfants palestiniens lors de
raids de nuit au nom de crimes supposés, comme de lancer des pierres
sur des soldats et des colons israéliens.
Les services de sécurité israéliens ont aussi été accusés par des
avocats et par des travailleurs auprès des jeunes, d’utiliser des
enfants palestiniens pour recueillir des renseignements.
Le porte-parole des services à l’international Yigal Palmor
a confirmé, après cette accusation spécifique, qu’il existait un plan
pour essayer de faire recueillir des renseignements aux enfants,
mais il a dit que c’était « parfaitement légitime ».
Des enfants palestiniens prétendent qu’ils ont reçus de chocs électriques
Qsai Zamara, 14 ans, raconte qu’il a été
sorti de son lit lors d’un raid de nuit sur la maison familiale dans
un village palestinien et emmené en prison par l’armée israélienne.
Il a raconté à Four Corners qu’on l‘avait battu et menacé pour lui
faire avouer qu’il avait jeté des pierres sur l’armée alors que c’était
faux.
“Il y avait une grosse machine avec des tas de fils électriques,
connectée à l’électricité. Il voulait m’infliger des chocs électriques
avec,” a-t-il affirmé.
Fathi Mahfouz dit qu’il a été arrêté lorsqu’il avait 15 ans pour quelque chose qu’il n’avait pas fait, et emmené en prison où on l’a soumis à des chocs électriques.
“Comme je n’avouais pas, il m’a envoyé dans une pièce où il y avait
une croix à laquelle il m’a pendu. J’étais pendu et il continuait à me
cogner”.
L’avocat australien Gerard Horton a interrogé des centaines d’enfants
palestiniens pour son organisation Military Court Watch et il
indique qu’on lui a parlé de tortures et du calvaire de
l’interrogation.
“[Lors de l’un des cas] quelqu’un a mis de la nourriture sur ses
parties génitales et on a fait manger cette nourriture à un chien
à cet endroit du pantalon” a indiqué Mr Horton.
“[Un] certain interrogateur est spécialisé dans les menaces de
viol des enfants, et il fait des allusions très explicites.
Il appelle quelqu’un qui attend apparemment à l’extérieur de la salle
d’interrogation et qui va, si l’enfant n’avoue pas, entrer et
le violer.”
L’information aide à prévenir la violence dit un porte-parole israélien
Le célèbre avocat Gaby Lasky, qui est spécialisé dans les cas
d’enfants palestiniens devant les tribunaux militaires israéliens,
a affirmé que dans le cadre de la recherche de renseignements l’armée
israélienne a commencé à “ficher” les enfants.
Cela comprend réveiller les enfants la nuit, les photographier,
vérifier leurs papiers d’identité et leur demander dans quel lit ils
dorment.
Mr. Lasky indique que les forces de sécurité commencent fréquemment
leur interrogatoire par des questions autour d’accusations de jets
de pierres, puis ils creusent plus largement pour obtenir des
renseignements.
L’enquête conjointe Four Corners - The Australian a obtenu des images de soldats israéliens en train de ficher des enfants.
“Il faut avoir un maillage parce que les interrogateurs vont
vouloir rassembler des renseignements sur les risques d’explosion de
violence en certains endroits ou de la part de certaines
personnes,” a indiqué à Four Corners Yigal Palmor, le porte-parole
à l’international d’Israël.
“Et je pense qu’il est tout-à-fait légitime d(interroger les gens
qui sont arrêtés pour participation à des actions violentes, de leur
demander d’où ils viennent, pourquoi ils ont été impliqués dans ces
actions violentes, qui les a envoyés et si il y a d’autres gens issus
du même endroit qui ont les mêmes intentions”.
Il a affirmé que les enfants ont été utilisés par des activistes ou
par des terroristes palestiniens pour mener des attaques violentes.
“Et quand ils sont arrêtés on les questionne sur les motivations
de ceux qui les ont envoyés, sur les activités en général de ceux qui
les ont envoyés, pour prévenir d’autres activités de même type, pour
empêcher que d’autres mineurs ne soient impliqués dans la violence”
a-t-il ajouté.
Annonces qu’Israël a essayé de recruter des enfants palestiniens comme informateurs
Mme Lasky a affirmé que des enfants étaient utiliser pour
incriminer les dirigeants du mouvement d’opposition non-violente en
Cisjordanie parce qu’ils étaient “le maillon faible”
A une question demandant si les services de sécurité israéliens
utilisent des enfants pour recueillir des renseignements, Mme Lasky
a répondu “Oui à 100%”.
Cette affirmation a été confirmée par Nader Abu Amsh, directeur de YMCA près de Béthléem, qui a affaire à beaucoup des 700 enfants palestiniens emprisonnés chaque année par l’armée israélienne.
Il assure que des enfants ont été utilisés pour espionner et que cela “brise les enfants pour toujours”.
Les assertions de Mme Lasky sont aussi confirmées par Mr. Horton.
Celui-ci, qui a recueilli des centaines de témoignages d’enfants,
dit que dans certains cas il y a eu des tentatives de les recruter
comme informateurs.
Il ajoute que lors de certains interrogatoires, les services de
sécurité ont essayé non seulement de découvrir qui serait susceptible
jeter des pierres dans le village – raison donnée pour l’arrestation des
enfants – mais qu’ils ont bien fait comprendre aux enfants que
ceux-ci pourraient être immédiatement remis en liberté “si, juste
de temps en temps, vous nous donnez un peu d’information sur l’identité
des fauteurs de troubles dans le village”.
“Ou parfois, on leur offre de l’argent, en général pas beaucoup, mais
on peut offrir à l’enfant de l’argent, un téléphone portable, pour
l’amener à fournir des informations dans le futur, et le menacer
parfois pour le cas où il ne le ferait pas.”
Enfants palestiniens brisés par les interrogatoires : YMCA
Nader Abu Amsha d’YMCA a indiqué
qu’interroger les enfants sur leur communauté leur causait des
dommages psychologiques.
“Ils (les services de sécurité israéliens) essaient d’obtenir des
informations sur le village et sur la vie des gens, les attitudes de
la communauté.
La chose la plus vicieuse et la plus horrible [est] de pousser les gens
à collaborer comme collaborateurs des occupants, de les
soumettre au régime du bâton et de la carotte.
Si vous rejetez cete idée, si voulez la refuser, vous serez puni, vous
resterez plus longtemps en prison et si vous acceptez d’être un
collaborateur, vous serez récompensé, on vous traitera
différemment et vous serez heureux.
C’est pourquoi cette façon de transformer un enfant, qui n’est pas
responsable de son acte, à devenir un collaborateur n’aide pas
seulement les Israéliens à rassembler des informations, cela brise
les enfants pour toujours.”
Traduction AFPS/RP