Madame la Ministre,
http://www.france-palestine.org
Depuis des mois, vous le savez, des hommes et des femmes sont
traduits devant les tribunaux de notre pays pour avoir appelé, sous
diverses formes, au boycott de produits israéliens, ou issus des
colonies israéliennes, pour protester contre les violations du droit
dont cet Etat se rend coupable.
C’est Michelle Alliot-Marie le 12 février 2010,
suivie en cela par Michel Mercier à la veille même de votre entrée en
fonctions, qui a, dans une lettre-circulaire adressée aux parquets,
appelé à utiliser la loi de 1881 sur la
presse pour engager de telles poursuites au motif que l’appel au
boycott relèverait de la provocation « à la discrimination, à la
haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de
personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une
ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Madame le Ministre, vous avez été alertée dès votre prise de
fonctions et à de nombreuses reprises sur ce qui pour des démocrates
de bonne foi relève d’une assimilation grossière et ignominieuse.
Vous-même, questionnée à ce sujet à plusieurs reprises, avez
répondu qu’il y avait là une interprétation de la loi qui pouvait être
considérée abusive, et que le boycott en lui-même était « une
pratique militante reconnue ». C’est du moins ce que nous en avons
compris et venant d’une ancienne militante anti apartheid, cela ne
nous a évidemment pas surpris.
La campagne internationale Boycott Désinvestissement Sanctions initiée en 2005 par 172
organisations de la société civile palestinienne n’avait d’autre
but que de faire changer la politique de l’Etat d’Israël et de l’amener
à respecter le droit international. Il est donc logique qu’elle se
développe aujourd’hui à travers le monde en réponse à la fuite en avant
agressive des dirigeants israéliens. Nul ne peut s’en étonner : de
plus en plus nombreux sont, de par le monde, ceux que révolte cette
politique et qui se font un devoir de chercher à s’y opposer, sans se
laisser intimider par des amalgames indignes.
Nous sommes quant à nous fondamentalement des antiracistes et ne
permettons à personne d’utiliser à des fins troubles la juste colère
que soulève la poursuite obstinée de la colonisation et de
l’occupation de la Palestine.
C’est pourquoi, avec celles et ceux qui se mobilisent pour le droit
des peuples au nom d’une exigence politique et morale, je vous
demande, Madame la Ministre, de faire savoir que ces circulaires
scandaleuses sont désormais caduques.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en ma respectueuse considération.
Taoufiq Tahani
Président de l’Association France Palestine Solidaritéhttp://www.france-palestine.org