Rim al-Khatib
Depuis décembre 2012, le Jihad islamique compte les
violations « israéliennes » de la trêve conclue, après la dernière
guerre contre la bande de Gaza et la riposte de la résistance : plus de
1300 violations, bombardements, attaques aériennes, assassinats,
arrestations des pêcheurs, réduction de la zone de pêche et remise en
place de la zone tampon qui sépare Gaza du reste de la Palestine
occupée.
Un militant du Jihad islamique lors d’une conférence de presse à Gaza après des frappes israéliennes- Photo : AFP/Mohammed Abed
Tout au long de l’année 2013, le mouvement du Jihad islamique et sa
branche armée, les Brigades al-Quds, ont mis en garde les sionistes de
poursuivre leurs agressions, que ce soit en Cisjordanie, dans la ville
d’al-Quds, ou contre le peuple palestinien dans son ensemble. Mais les
dirigeants sionistes n’ont pas voulu entendre : ils se sont considérés
inattaquables et ont jugé que la résistance palestinienne ne pouvait pas
riposter.
Cependant, la riposte est venue ! En 40 minutes, 130 fusées furent
lancées contre les colonies proches de la bande de Gaza. Juste une
petite dose de ce que ce mouvement de la résistance palestinienne
pouvait lancer, pour mettre en garde et rappeler que la résistance armée
est présente, et qu’elle ne pouvait se taire indéfiniment, d’où le nom
de l’opération : « Briser le silence ». Briser le silence de la
communauté internationale, muette et sourde, quant aux assassinats des
Palestiniens en Cisjordanie, quant au blocus contre Gaza, quant à la
terreur exercée dans la ville d’al-Quds et les territoires occupés en
48, quant à la profanation quotidienne de la mosquée al-Aqsa, quant à la
mort lente des prisonniers, mais aussi briser le silence palestinien
qui depuis un an et demi, ne riposte pas aux agressions de l’occupant de
manière conséquente et efficace. « Briser le silence » est la riposte
nécessaire à l’impunité de l’occupant.
Pas de morts ni de blessés chez les « Israéliens », mais un million
de colons dans les abris, une panique générale, une classe politique
déchaînée, entre celui qui appelle à l’invasion de Gaza ou celle qui
réclame des frappes dures, comme celles qu’elle a ordonnées en
2008-2009. C’est la surprise totale, la déroute, les menaces, et de
nouvelles agressions (29 raids aériens sur la bande de Gaza, du nord au
sud) pendant la soirée, sans faire de victimes.
Au cours de la soirée, trois autres formations de la résistance sont
entrées en action : les Brigades de la résistance nationale (FDLP), les
Brigades Abu Ali Mustafa (FPLP) et les Brigades al-Aqsa (une branche du
Fateh), pendant que le gouvernement du Hamas à Gaza affirmait que la
résistance est légitime.
Abu Ahmad, porte-parole des Brigades al-Quds a déclaré : « notre
peuple attendait cet instant, il attendait la riposte aux agressions. Si
nous ne ripostons pas, nous verrons bientôt l’occupant s’installer dans
nos maisons », avant de poursuivre : « la résistance frappera tant que
l’agression se poursuivra, elle est prête à se sacrifier dans la voie de
Dieu, quel qu’en soit le prix ». Il avait en outre déclaré il y a
quelques semaines que la résistance frappera quand elle le jugera utile,
elle n’a pas besoin d’un feu vert quelconque. C’est elle qui décide du
moment, des cibles et de l’ampleur de la riposte. "Briser le silence" a
tenu promesse.
Parmi les premières réactions à la riposte, le gouvernement américain
qui a donné le feu vert aux agressions sionistes, en condamnant la
riposte de la résistance, accusant les résistants de « terroristes »,
comme d’habitude. Du côté arabe, c’est toujours le silence, alors que
les commentateurs palestiniens attendaient la réaction égyptienne. Au
cours de la précédente guerre en 2012, le président Morsi avait tenu à
intervenir pour faire cesser l’agression qui s’était terminée par une
trêve, que les sionistes n’ont pas respectée, mais que l’Egypte n’a pas
non plus protégée, abandonnant le peuple palestinien, seul et sans
aucune protection politique.
Du côté palestinien, l’Autorité palestinienne a réclamé la cessation
des agressions de l’occupant, tard dans la soirée, pendant que le peuple
palestinien, impatient de savoir comment les sionistes allaient réagir,
affirmait son soutien indéfectible à la résistance. Le professeur Abdel
Sattar Qassem a considéré que la riposte était nécessaire car elle
seule pouvait mettre fin aux agressions et assassinats commis ces
dernières semaines par l’occupant. Ni les communiqués, ni les
déclarations, ni les menaces verbales n’ont jamais eu d’effet, au
contraire, l’occupant a considéré qu’il avait les mains libres tant que
les Palestiniens ne réagissaient que de cette manière. D’où l’importance
de la riposte.
Il y a quelques jours, le secrétaire général du mouvement du Jihad
islamique, dr. Ramadan Shallah, mettait en garde contre le plan Kerry en
déclarant que ce plan n’a pour but que de liquider la question
palestinienne dans son ensemble, et supprimer la Palestine du cœur et de
la conscience des Arabes et des musulmans. Il est vrai que la
résistance palestinienne ne peut venir à bout de l’occupant, toute
seule, sans la participation de l’ensemble arabo-musulman, mais ce
qu’elle peut faire, c’est maintenir la flamme de la résistance , c’est
riposter aux agressions, c’est matérialiser dans les actes la volonté
inébranlable du peuple palestinien, c’est insuffler la détermination et
l’optimisme alors que les négociations interminables de l’Autorité
palestinienne ont réduit le peuple palestinien à un pessimisme mortel.
« Briser le silence » a mis les sionistes devant des choix
difficiles : vont-ils envahir Gaza ? Ils savent qu’une telle aventure
signifie une nouvelle défaite, puisque la résistance est mieux préparée
qu’en 2008-2009, malgré la destruction des tunnels. Vont-ils lancer des
frappes « chirurgicales » en tuant les civils ? Vont-ils assassiner les
dirigeants et les cadres de la résistance, et notamment du mouvement du
Jihad islamique ? Toute réaction de leur part peut entraîner une guerre
plus longue que celle qu’ils souhaitent. Ils ont la bénédiction du monde
occidental, pas de doute là-dessus, mais les réactions des peuples
arabes peuvent être plus décisives qu’ils ne le croient.
En Jordanie, la colère couve depuis l’assassinat de sang-froid du
juge Zu’ayter, il y a quelques jours. Le parlement jordanien réclame
l’expulsion de l’ambassadeur sioniste et les Jordaniens ne peuvent que
descendre massivement dans les rues et réclamer la fin de l’accord de
Wadi Araba qui a officialisé la soumission de la Jordanie à l’occupant
sioniste. Dans les territoires palestiniens occupés, la colère a dépassé
le stade de l’attente, depuis quelques semaines, puisque des rapports
signalent la recrudescence des actes de résistance. Comment les
dirigeants sionistes vont réagir ? Ils ne le savent pas encore, et tous
les scénarios sont possibles. Mais la résistance armée palestinienne a
décidé de ne plus se taire. C’est le plus important. Ses armes vont
servir à protéger le peuple palestinien et à empêcher la liquidation de
la Palestine.
Que Dieu protège les résistants ! Gloire à tous les martyrs tombés pour que vive la Palestine !