Le Caire – CPI
Dr. Mousa Abou Marzouq, vice-président du bureau politique du
mouvement de la résistance islamique Hamas, a dit qu’une rencontre aura
bientôt lieu au Caire entre les mouvements du Fatah et du Hamas. Ils
discuteront de plusieurs affaires, dont la commission des élections, le
dossier de la réconciliation, les accords conclus entre Mechaal et
Abbas.
Par ailleurs, il a confirmé que l’action militaire reste l’épine dorsale de la résistance, étant sous occupation.
Abou Marzouq nous donne son point de vue, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe et résumée par nos soins.
CPI : En dépit du climat
positif durant la rencontre de la réconciliation du Caire, certains
considèrent l’accord incomplet. Qu’en dites-vous ?
Abou Marzouq : Sans le moindre doute, nous avons fait une avancée positive. Toutefois, il reste toujours améliorable.
CPI : A votre avis, quelle serait l’argumentation de ceux qui voient l’accord incomplet ?
Abou Marzouq : Ils
attachaient la réussite de la réconciliation à certaines questions. Par
exemple, il faut un programme politique unique, il faut un rendez-vous
du comité de l’OLP, il faut des dates précises pour les élections, il
faut un gouvernement commun et un seul premier ministre, il faut que
toutes les factions soient d’accord sur tous ces points. Effectivement,
les factions palestiniennes se réuniront le 12 décembre à venir et le
comité de l’OLP, le 22 décembre. Et un peu avant, le 18 décembre, une
rencontre entre le Hamas et le Fatah aura lieu afin de nous mettre
d’accord sur les commissions des élections, sur le renforcement du
climat positif régnant actuellement entre les deux mouvements.
Cependant, le sujet du gouvernement a été remis à plus tard. Ainsi, on
remarque que l’accord est une grande avancée, même s’il reste tout de
même incomplet.
CPI : Remettre le sujet du
gouvernement à plus tard n’est pas un signe qu’il y a encore un obstacle
pour l’accord, si l’on se base surtout sur les expériences du passé ?
Abou Marzouq :
Personnellement, je crois que la réconciliation et les élections sont
possibles, mais il est aussi possible qu’on ne se mette pas d’accord sur
le gouvernement et qu’on mette l’accord en danger. Puis la feuille de
route égyptienne ne parle pas d’un gouvernement unique ; certains
croient cependant que les élections pourraient donner un gouvernement
basé sur une volonté populaire.
CPI : Le sujet du gouvernement a été traité. Des noms ont-ils été donnés ?
Abou Marzouq : Aucun nom n’a
été évoqué. Le sujet est à venir avec la rencontre des factions
palestiniennes, pour qu’il y ait une discussion exhaustive sur le sujet
du gouvernement.
CPI : Un sujet très
sensible : la résistance populaire fait partie de la stratégie du Hamas.
A-t-il décidé de laisser tomber la résistance armée ?
Abou Marzouq : Certainement
pas ! L’action armée reste l’épine dorsale du programme de la
résistance. Sous l’occupation, nous ne devrons jamais oublier cela. Nous
sommes au stade de reconstruction de l’unité nationale. Nous devrons
aussi trouver un terrain d’entente, sous le titre de la résistance, avec
le mouvement du Fatah, dans le chemin d’une réelle union. Il est vrai
qu’Abou Mazen n’accepte guère de renforcer la résistance contre
l’occupation, mais il a accepté la notion de résistance populaire. Et
nous voulons que soit appliqué tout ce sur quoi nous nous étions mis
d’accord ; chacun aura cependant son programme propre à lui.
CPI : Si Gaza était le sujet d’une nouvelle agression de la part de l’occupation, il n’y aurait pas de réaction contre l’agresseur ?
Abou Marzouq : Croyez-vous
qu’en cas d’une agression contre notre peuple à Gaza, il n’y aura pas de
réaction contre l’occupant ?! Non et non, toute agression contre le
peuple palestinien aura ses répliques. Toutefois, la résistance
populaire n’est pas la résistance armée. La résistance populaire pourra
prendre plusieurs aspects : manifestation, sit-in, boycott des produits
israéliens, arrêt de la coopération sécuritaire avec Israéliens. Il y a
des milliers de façons de résister contre l’occupation. La résistance
armée est cependant réservée à une poignée de gens dans chaque ville.
Par contre, une ville d’un ou d’un demi million d’habitants qui entame
une action populaire, sous l’égide de deux mouvements, cela sera très
efficace.
CPI : Au Caire, il y avait
un travail sur l’accord de la réconciliation. En Cisjordanie, les
arrestations se poursuivaient. Comment ce dossier des détenus politiques
se serait fermé en quelques jours seulement ?
Abou Marzouq : Je crois que
le frère Abou Mazen a directement donné l’ordre aux chefs du service de
renseignements palestinien de la Cisjordanie de libérer tout détenu
politique. Et cette fois, je sens le sérieux dans la volonté de nettoyer
les prisons palestiniennes.
CPI : Dans le passé, il y a
eu aussi des accords pour libérer les détenus politiques, en vain.
Qu’est-ce qui garantit l’application des accords, cette fois ?
Abou Marzouq : Ce n’est
vrai. Il y a eu des centaines de détenus politiques ; maintenant, il
n’en reste qu’une vingtaine dans la bande de Gaza et quelque
quarante-cinq personnes en Cisjordanie. Nous sommes tous soucieux de ne
voir aucun Palestinien arrêter un autre Palestinien, dans tous les cas.
CPI : Dans la bande de Gaza, y a-t-il des dossiers inquiétants quant à la sécurité, au retour de meneurs de l’anarchie sécuritaire ?
Abou Marzouq : Personne ne
peut interdire à qui que ce soit voulant retourner dans la bande de Gaza
de le faire. Toutefois, quiconque a commis des crimes doit être
poursuivi. Nous dirons clairement qui devra être poursuivi.
CPI : Un autre dossier : quelles sont les nouvelles concernant la visite de la Jordanie ?
Abou Marzouq : Pratiquement, il n’y a que des paroles, aucune date n’a été fixée.
CPI : Certains vont à dire qu’il y en a qui veulent mettre des bâtons dans les roues de la visite de Mechaal en Jordanie ?
Abou Marzouq : Si la visite
de Mechaal en Jordanie est remise à plus tard, c’est pour des raisons
techniques et administratives, et non politiques. La visite existe, la
date n’est pas encore fixée.
CPI : Enfin, certain posent
des questions sur l’avenir de la relation entre le mouvement du Hamas et
la Jordanie. Le Hamas pourra-t-il y avoir des bureaux, par exemple ?
Abou Marzouq : Nous souhaitons que les relations soient meilleures, de notre côté. Cela dépend aussi de l’autre partie.