Joseph Massad - Al Jazeera
Combien de fois faudra-t-il répéter cette histoire ? Elle est
pourtant de notoriété publique aux Etats-Unis, en Europe, dans le monde
arabe, et dans le monde entier.
Ehud
Barak, ministre de la Défense israélien et criminel de guerre
multirécidiviste, s’amuse beaucoup à manipuler le matériel mortifère
qu’il affectionne tant, lors d’une visite dans une fabrique d’armes en
Israël
La presse internationale en fait des reportages depuis
la fin des années 1960. Les détails historiques de l’affaire sont
également bien connus.
En 1955, le président Dwight Eisenhower a donné à Israël
son première petit réacteur nucléaire, installé à Nahal Sorek. En 1964,
la France a permis à Israël de construire son réacteur nucléaire
beaucoup plus puissant à Dimona dans le Naqab (Néguev). En 1965, Israël a
volé 200 livres de composés riches en uranium aux Etats-Unis grâce à
ses espions à la Nuclear Materials and Equipment Corporation company en Pennsylvanie. En 1968, Israël a détourné un navire libérien dans les eaux internationales et a volé ses 200 tonnes de yellowcake [concentré d’uranium avant purification].
Israël possède des bombes nucléaires depuis le début des années 1970.
Malgré les démentis officiels américains, Golda Meir, le
quatrième Premier ministre d’Israël, aurait préparé le lancement de 13
bombes nucléaires sur la Syrie et l’Egypte en 1973 et a été stoppée de
justesse de commettre cet acte génocidaire quand Henry Kissinger a
fourni à Israël le transport aérien pour le plus massif transfert
d’armes de toute l’Histoire, pour inverser le cours de la guerre de 1973
(comme l’avait rapporté Time Magazine).
Israël a eu une collaboration permanente dans le domaine
des armes nucléaires avec le régime sud-africain d’apartheid pendant
des décennies, et cette collaboration ne s’est achevée qu’avec
l’effondrement du régime en 1994.
Depuis, les experts ont estimé qu’Israël avait en sa
possession plus de 400 engins nucléaires, dont des armes
thermonucléaires dans la gamme des mégatonnes, des bombes à neutrons,
des armes nucléaires tactiques et des suitcase nuke [armes nucléaires suffisamment miniaturisées pour être transportables dans une mallette).
Il dispose également de systèmes de missiles pouvant
être lancés avec une portée de 11500 km (qui peuvent donc aller au-delà
de l’Iran). Israël a également des sous-marins capables de lancer des
attaques nucléaires, ainsi que des chasseurs à réaction qui peuvent
lâcher des charges nucléaires.
Israël a empêché avec zèle ses voisins de même acquérir
des réacteurs nucléaires à des fins pacifiques. Cet Etat a violé le
droit international en bombardant en 1981 le réacteur nucléaire d’Osirak
- en cours de construction en Irak avec une collaboration française -
dans une attaque sans aucune provocation préalable, et même si le
réacteur devait être utilisé, selon les gouvernements français et
irakien, à des fins pacifiques et scientifiques.
Israël a aussi bombardé en 2007 ce qui, selon ce
qu’affirmaient des rapports de ses services de renseignement, aurait été
un réacteur nucléaire nord-coréen en construction en Syrie. Le Mossad
israélien a également été lié au cours des dernières décennies à
l’assassinat de nombreux égyptiens, irakiens et iraniens spécialistes du
nucléaire .
Israël continue de refuser de signer le Traité de
non-prolifération nucléaire et refuse de permettre aux membres de la
Commission internationale d’énergie atomique (IAEA) d’inspecter son
réacteur de Dimona.
Israël, un pays prédateur et agressif qui a toujours
lancé des guerres contre tous ses voisins depuis sa création, qui a
expulsé des centaines de milliers de personnes, fait des millions de
réfugiés palestiniens, libanais, égyptiens, et a assassiné des dizaines
de milliers de civils et utilisé des armes interdites au niveau
international (du napalm jusqu’au les bombes au phosphore, pour citer
les cas les plus notoires), continue d’occuper les territoires
palestiniens et d’opprimer le peuple palestinien en violation du droit
international.
Israël s’appuie sur une idéologie étatique raciste,
anti-arabe et anti-musulmane, à laquelle souscrivent ses dirigeants, les
structures gouvernementales et les institutions et qui se retrouve dans
sa culture populaire et politique et dans un grand éventail de ses
lois.
En effet, Israël a non seulement constamment lancé des
guerres contre ses voisins, mais il a aussi exhorté les puissances
mondiales à envahir ces mêmes voisins tout en se faisant le
commanditaire de campagnes racistes et haineuses anti-arabes et
anti-musulmanes aux États-Unis et en Europe. Israël a intégré ce racisme
dans ses programmes scolaires et universitaires et dans une grande
partie de sa production culturelle.
Politiques racistes
Protecteur d’Israël, les Etats-Unis sont le seul pays au
monde qui ait jamais délibérément utilisé des bombes nucléaires contre
des populations civiles, qui continue de vouloir justifier cette
décision 66 ans après cet acte génocidaire, et qui conditionne sa
population, dans ses programmes scolaires et dans les médias pour
continuer à la défendre.
Les Etats-Unis ont également assuré que l’arsenal
nucléaire d’Israël ne serait jamais discuté au Conseil de sécurité des
Nations unies, malgré les propositions régulières au fil des décennies
pour pouvoir en parler. L’insistance des Etats-Unis à garder la capacité
nucléaire d’Israël « secrète » [malgré son caractère public] a pour
raison, entre autres choses, de faire perdurer l’aide américaine à
Israël car au niveau légal, une condition clé pour recevoir une telle
aide est que les pays bénéficiaires soient signataires du Traité de
non-prolifération nucléaire. Or Israël refuse de le signer.
Pourtant, les États-Unis et Israël, qui ont été les
principales menaces à la paix mondiale et même les principaux fauteurs
de guerre au niveau mondial depuis la Seconde Guerre mondiale, insistent
à prétendre que l’Iran, un pays dont le régime actuel n’a jamais envahi
aucun pays - mais a plutôt été envahi par l’Irak de Saddam Hussein en
1981 à l’instigation des dictatures du Golfe riches en pétrole et leurs
parrains américains et français - serait une menace pour la paix dans le
monde si elle possédait une arme nucléaire.
La politique raciste des États-Unis quant à savoir qui
devrait être autorisé à posséder des armes nucléaires et qui ne l’est
pas (en fonction de critères raciaux, au bénéfice de ceux qui sont
européens ou de souche européenne), il doit être clair que dans la
mesure où existerait une course au nucléaire au Moyen-Orient, elle est
encouragée par le bellicisme d’Israël et sa possession de ce genre
d’armes de destruction massive. Si le Moyen-Orient doit être une zone
exempte d’armes nucléaires, alors les pressions internationales doivent
commencer par s’appliquer sur Israël qui est le seul pays de la région à
posséder de telles armes, et non pas par l’Iran, que celui-ci soit ou
non en train d’en développer.
Le racisme de l’administration Obama envers les Arabes
et les Musulmans n’a vraiment pas de limites, mais pour les habitants du
Moyen-Orient (Arabes, Turcs, et Iraniens), les critères racistes dont
use Obama ne sont pas terriblement persuasifs. Avoir ou ne pas avoir
l’arme nucléaire est une question de sécurité humaine et absolument pas
un privilège racial européen. Alors que les Etats-Unis n’ont pas à
craindre les bombes nucléaires israéliennes, les pays voisins d’Israël
et leurs populations civiles ont été pendant des décennies (et
continuent d’être) terrorisés par l’existence de ces mêmes bombes, et
pour de bonnes raisons.
Une fois que Barack Obama aura compris cela, les peuples
de la région reconsidéreront leur opinion sur la crédibilité des
Etats-Unis quand ceux-ci disent craindre une prétendue prolifération
nucléaire.
* Joseph Massad est
professeur associé de politique arabe et d’histoire intellectuelle à
l’Université de Columbia. Son dernier livre s’intitule : The Persistence of the Palestinian Question ; Essays on Zionism and the Palestinians - Version française : La persistance de la question palestinienne.
10 novembre 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/indepth/op...Traduction : al-Mukhtar