lundi 4 avril 2011

Gaza : la trêve fragile entre le Hamas et Israël menacée

03/04/2011
Trois combattants des Brigades Ezzedine al-Qassam, le bras armé du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, ont été tués dans la nuit par une frappe aérienne israélienne près de Khan Younès (sud du territoire palestinien). Un quatrième homme a été blessé.
Les tués -des commandants locaux des Brigades al-Qassam- ont été identifiés sous les noms d'Ismaël Lubbad, Abdallah Lubbad et Mohammed Eldayah. Ismaïl Lubbad était un ancien garde du corps de l'ex-leader du Hamas Abdelaziz Rantissi assassiné en 2004 par un raid aérien israélien à Gaza.
Des milliers de personnes ont assisté aux funérailles des trois "martyrs" enveloppés dans des drapeaux verts du Hamas.
Le raid israélien, qui a visé une voiture dans laquelle circulaient les trois brigadistes, est susceptible de remettre en question la trêve tacite réimposée par le Hamas il y a une semaine entre les principales factions palestiniennes de Gaza et Israël. Même s'il n'est dans l'intérêt d'aucun des deux camps de se livrer à une surenchère à ce stade, en raison des bouleversements en cours dans la région, selon les analystes.
L'armée israélienne a affirmé que la frappe, préparée conjointement avec le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, était une opération préventive contre "une cellule terroriste du Hamas qui planifiait des enlèvements d'Israéliens dans la Péninsule du Sinaï et en Israël pendant les prochaines fêtes la Pâque juive".
Les stations balnéaires du Sinaï, en Égypte, sont populaires auprès des Israéliens qui viennent y passer des vacances, notamment pendant la semaine pascale.
Dans un communiqué, le porte-parole des Brigades al-Qassam, Abou Obeida, a qualifié d'"ineptie" les affirmations israéliennes. "Si l'ennemi veut jouer avec le feu, alors il sera détruit par le feu", a-t-il averti. La branche militaire du Hamas avait auparavant déjà prévenu que "ce crime sioniste lâche est une sérieuse escalade et qu'Israël en subira toutes les conséquences".
La frappe israélienne est survenue alors que la tension était quelque peu retombée ces derniers jours après une vague de tirs de projectiles palestiniens vers Israël, lors des pires violences depuis la dernière guerre de Gaza il y a plus de deux ans.
La plupart des tirs ont été attribués au Mouvement du Jihad islamique en Palestine (MJIP). Dans un communiqué, ce groupe radical a réaffirmé samedi qu'il laisserait "à ses combattants sur le terrain le soin de déterminer où et quand répondre aux crimes de l'ennemi".
"Le consensus annoncé récemment ne signifie pas que nous ne ferons rien pendant que l'occupant continue son agression", a-t-il menacé.
À la suite de la récente confrontation, Israël a menacé de réagir "avec une grande force et une grande détermination" aux tirs palestiniens de roquettes.
Certains dirigeants ont laissé entendre qu'Israël pourrait recourir à l'élimination "ciblée" de chefs des organisations paramilitaires de Gaza.
Le Hamas a obtenu le week-end dernier de ces organisations un "retour au calme" à Gaza afin d'éviter une nouvelle épreuve de force avec Israël, après la dévastatrice opération "Plomb durci", censée faire cesser les tirs de roquettes, qui avait coûté la vie à 1 400 Palestiniens pendant l'hiver 2008-2009.
Les mouvements palestiniens de Gaza se sont engagés à respecter cette trêve de facto mais à condition qu'Israël en fasse autant.
Le récent cycle de violences entre Israël et les groupes armés de Gaza a été déclenché par la mort de deux combattants des Brigades al-Qassam lors d'une frappe aérienne israélienne le 16 mars à la périphérie de la ville de Gaza.