mercredi 13 avril 2011

Contre vents et marées

publié le mardi 12 avril 2011
Joharah Baker

 
Oui, les Palestiniens se révoltent contre Israël, ils s’en prennent à lui et parfois causent des dégâts. C’est que, comme tous les malheureux écrasés sous le poids de l’oppression, ils tentent de survivre.
La semaine dernière, 17 Palestiniens, des civils et des combattants, ont été tués par des bombardements israéliens, aériens et terrestres. Cette fureur est venue en réponse à un tir de missile qui, de Gaza, a frappé un bus scolaire israélien, blessant deux enfants. Le Hamas a revendiqué l’attaque mais a déclaré ignorer que le bus transportait des écoliers. Israël n’en a bien sûr pas tenu compte. Il a commencé à pilonner la bande de Gaza, menaçant de faire pire si les Palestiniens continuaient à tirer des roquettes. Si quelqu’un connaît la capacité d’Israël de mettre en oeuvre ses menaces, ce sont bien les Palestiniens. ’Plomb durci’ ne date que de deux ans et les gens de Gaza souffrent encore terriblement de la destruction que cela a causé.
La question c’est que, oui, les Palestiniens se révoltent contre Israël, ils s’en prennent à lui et parfois causent des dégâts. C’est que, comme tous les malheureux écrasés sous le poids de l’oppression, ils tentent de survivre. Ils savent aussi parfaitement que, quand ils décident de tirer une roquette ou d’organiser une manifestation, ils n’arrivent pas à la cheville de l’armée israélienne et qu’ils paieront en conséquence un prix très lourd.
De longues frappes aériennes et les bombardements des chars ne sont pas la seule méthode qu’utilise Israël pour écraser les Palestiniens. Selon, l’UNWRA (l’agence des Nations unies d’aide aux Palestiniens) Israël a atteint le record de destructions de maisons en Cisjordanie au mois de mars. 76 maisons et bâtiments agricoles ont été rasés par les autorités israéliennes contre 29 en janvier et 70 en février. En conséquence, 158 personnes dont 64 enfants se retrouvent sans abri. Chris Gunness, porte-parole de l’ UNRWA, a déclaré que cette politique était sans le moindre doute une politique « de discrimination contre un groupe ethnique », ajoutant que « c’est en Cisjordanie que le futur Etat palestinien doit être établi. Sa viabilité est un peu plus érodée avec chaque nouvelle démolition. » [1].
En réponse à cette violation évidente des droits humains élémentaires, Israël concocte ses justifications habituelles, toutes camouflées sous l’apparence trompeuse de la légalité.
"L’Administration civile est responsable de l’application des lois, concernant la planification et la construction en Judée-Samarie (Cisjordanie)… A ce titre, les structures illégales construites par les Israéliens comme par les Palestiniens sont évidemment démantelées,” déclare le Capitaine Amir Koren, porte-parole de l’ Administration civile israélienne en Cisjordanie. C’est curieux, on n’entend jamais parler de démolition de maisons israéliennes.
De toutes les façons, les Palestiniens sont désavantagés quelle que soit la manière dont on présente la situation.
Si des roquettes partent de Gaza, on peut discuter pour savoir si c’est une bonne tactique ou non pour résister à Israël, mais en aucun cas on ne ju à la même aune Israël et les Palestiniens (y compris le Hamas) parce que jamais les deux parties ne se sont trouvées sur un pied d’égalité.
Quand Israël détruit 76 maisons en un mois, les Palestiniens n’ont aucun recours légal. Au contraire, c’est uniquement parce qu’il est quasiment impossible d’obtenir des permis de construire, qu’ils construisent « illégalement ». Quand les bombes israéliennes détruisent les maisons, les écoles, les centrales électriques et la vie des gens dans la bande de Gaza, les Palestiniens doivent compter sur le monde extérieur pour avoir un peu de répit, aussi léger qu’il soit. Et ils n’ont pas non plus d’Etat souverain ou de gouvernement pour mettre Israël devant ses responsabilités, comme ils ne peuvent se reposer sur les supposées enquêtes menées par Israël sur la violation du droit, pour avoir un recours légal. En d’autres termes, ils se trouvent du mauvais côté du manche.
C’est pourquoi il est exaspérant d’entendre appeler « les deux parties » à la retenue. Ca ne veut pas dire que les Palestiniens ne doivent pas vivre selon des normes qui leur permettront d’avoir leur place parmi les nations civilisées. Ca ne veut pas dire non plus qu’on doit faire comme si un Etat souverain existait, qui soit égal en puissance et en brutalité à l’armée d’occupation israélienne.
Pour les Palestiniens, le conflit avec Israël est une constante bataille difficile, mais comme le petit David, ils n’y renonceront pas, quels que soient les désavantages qui s’accumulent contre eux.
[1] L’Etat de Palestine que de nombreux pays ont déjà reconnu avant la demande d’admission aux Nations unies prévue pour septembre 2011,comprend la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est qui deviendra la capitale de Palestine, ET Gaza . Malgré les efforts obstinés des autorités d’occupation pour empêcher toute contigüité entre les deux parties du territoire palestinien, car « diviser pour régner » est une pratique bien connue qui a fait ses preuves dans l’histoire, il n’y a qu’ UNE Palestine. Contraints par la violence de la spoliation de leur patrie en 1947-49 puis de l’occupation israélienne, avec la complicité des grandes puissances et des régimes arabes, les Palestiniens ont accepté qu’elle soit injustement réduite au territoire ’de 67’, soit 22 % de la Palestine historique.
publié par Miftah
traduction et note : CL, Afps