Associated press
Les instances dirigeantes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont décidé samedi à Ramallah (Cisjordanie) de ne pas poursuivre les négociations de paix avec Israël tant que la colonisation israélienne continuera.
"La direction (palestinienne) a décidé qu’il n’y aurait pas de négociations, à moins d’un gel des colonies", a déclaré un des responsables du Fatah, Mohammed Dahlan, à l’issue d’une réunion de trois heures du comité exécutif de l’OLP. Cette instance réunit la plupart des factions palestiniennes dont le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, à l’exception du Hamas, au pouvoir à Gaza.
"La position palestinienne est claire, il n’y aura pas de négociations tant que la colonisation se poursuivra", a renchéri Nabil Abou Rdeneh, un des principaux conseillers de Mahmoud Abbas. Les dirigeants israéliens n’ont pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Selon Mohammed Dahlan, les Palestiniens vont désormais commencer à se préparer à un échec des pourparlers. Des responsables de l’OLP et du Fatah, a-t-il ajouté, ont formé une commission conjointe destinée à examiner la possibilité de demander au Conseil de sécurité des Nations unies la déclaration unilatérale d’un Etat palestinien en Cisjordanie, à Gaza et Jérusalem-Est, territoires pris par Israël en 1967.
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a appelé samedi les Palestiniens à ne pas quitter la table des discussions de paix à la suite de la position adoptée par les instances dirigeantes de l’OLP. Il a déclaré dans un communiqué que la paix ne pouvait être atteinte qu’au travers de négociations.
Les discussions directes entamées début septembre à Washington sont dans l’impasse sur la question des implantations juives en Cisjordanie. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a refusé cette semaine de prolonger le moratoire de dix mois sur les constructions de nouveaux logements dans ce territoire palestinien.
Mahmoud Abbas avait averti à plusieurs reprises qu’il quitterait la table des discussions de paix parrainées par les Etats-Unis si ce gel n’était pas prolongé. Mais la décision samedi du comité exécutif de l’OLP ne devrait pas constituer le dernier mot des Palestiniens.
La réunion cruciale des chefs de la diplomatie de la Ligue arabe, prévue initialement le 6 octobre au Caire, a été repoussée au 8 octobre à Syrte, en Libye. C’est à cette occasion que Mahmoud Abbas fera connaître sa réponse définitive, ce qui laisse encore quelques jours à l’émissaire américain George Mitchell pour tenter de trouver un compromis.
M. Mitchell, qui faisait la navette depuis mardi entre Israéliens et Palestiniens, n’a pas obtenu de résultats pour le moment. Il s’efforce de rallier le soutien des dirigeants arabes, et s’est rendu samedi au Qatar pour des entretiens, puis au Caire où il devait rencontrer le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Abdel Gheit et le chef des services de renseignement Omar Suleiman.
Vendredi, le chef de la diplomatie égyptienne a créé une certaine surprise en critiquant la position palestinienne de conditionner la poursuite des négociations au gel des implantations. Pour Ahmed Abdel Gheit, les deux parties devraient plutôt se concentrer sur la question des frontières d’un futur Etat palestinien.
Plusieurs membres du comité exécutif de l’OLP, dont Hanane Ashraoui, s’étaient cependant prononcés avant la réunion de samedi pour une suspension des discussions. "Le monde entier demande à Nétanyahou d’arrêter les colonies, et lui dit au monde qu’Israël est au-dessus des lois", a-t-elle déploré.
"Si les choses continuent ainsi, si, avant d’entamer des négociations sur un statut définitif, les Etats-Unis se disent incapables de faire pression sur Israël, et si personne n’est capable de dire à Israël d’arrêter les colonies, alors quel est l’intérêt de négociations ?", s’interroge Mme Ashraoui.
Entamées le 2 septembre à Washington, les négociations ont pour objectif de conclure un accord d’ici un an sur une solution à deux Etats : une Palestine souveraine à côté d’un Etat israélien en sécurité. Il s’agit des premiers pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens depuis décembre 2008.