publié le lundi 6 septembre 2010.
http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/we-re-dividing-finally-1.311859
Traduction : M.C.
Traduction : M.C.
L’autosatisfaction de la droite qui a inondé les media n’a pas réussi à estomper ce fait clair : Ariel est une colonie, pas une agglomération israélienne.
03.09.10
Voici quelques caractéristiques de la comédie du premier ministre Benjamin Netanyahu et de la farce appelée "Unité Nationale". Son gouvernement respecte soigneusement la différence entre Ariel et Kfar Sava [ndt : Kfar Sava = ville israélienne, à quelques kms à l’ouest de la Ligne Verte]. Les clins d’œil des vedettes de sa comédie ne trompent personne. Ce gouvernement, tout comme ses prédécesseurs, n’a jamais osé abolir la différence entre Ariel et Kfar Sava. Ils sont là-bas et nous sommes ici.
Mais personne n’interdit [aux gens d’Ariel] de monter dans leur voiture, démarrer le moteur et venir voir une pièce à Tel-Aviv, tout comme ils viennent travailler ici. Contrairement à leurs voisins palestiniens, dont ils ont subtilisé les terres et l’eau, les colons d’Ariel ont au moins la liberté de mouvement.
Netanyahu continue à surfer sur la vague de la flottille : non seulement le monde entier est contre nous, raconte-t-il aux comédiens —comme si ce n’était pas sa politique qui a dressé le monde entier contre nous—, mais voilà que les acteurs Yossi Pollak, Itay Tiran et Anat Gov viennent eux aussi "diviser la nation". Quiconque lit soigneusement le prologue de la réunion du Cabinet verra que, depuis l’époque où il murmurait à l’oreille du rabbin Kedouri un jingle contre "ces gauchistes", notre leader n’a pas beaucoup changé. Ce qui a changé, ce sont les dimensions tragiques de la comédie : en clair, les pâles seconds rôles qui entourent le premier ministre, —le ministre de la défense Ehud Barak et autres marionnettes.
Et pourtant, l’explosion d’autosatisfaction qui a inondé les media (et a même effrayé certains des signataires du manifeste) n’a pas réussi à estomper ce fait clair : Ariel est une colonie, pas une agglomération israélienne. Laissons de côté la loi israélienne et le droit international —qui, lui aussi, est toujours contre nous et ne prend jamais en compte nos besoins spécifiques. Tenons-nous-en à ce fait simple : si Ariel n’était pas une colonie, ses mécènes n’auraient pas trouvé les 40 millions de shekels nécessaires à la construction d’un centre culturel pour 18 000 colons. Quelle agglomération de l’intérieur des frontières de l’état d’Israël, de même taille ou même plus grande, a trouvé de telles sommes pour construire un fantastique théâtre ?
Observons donc tristement les marionnettes qui entourent le premier ministre et écoutons le silence qui a saisi les ministres travaillistes Avishay Braverman et Isaac Herzog. Jetons un coup d’œil affligé sur Tzipi Livni, leader de Kadima qui se tient discrètement à l’arrière-scène. Est-ce là le leader de l’opposition qu’espérait Anat Gov, un des signataires du manifeste, quand elle est a appelé les électeurs du Meretz à voter pour Livni ainsi que pour Tzachi Hanegbi et Shaul Mofaz, membres de Kadima ? En bref, c’est du vaudeville, [qui ne convient] peut-être pas pour un centre culturel à 40 millions de shekels mais [qui conviendrait] parfaitement au répertoire d’une compagnie de théâtre itinérante.
Ce gouvernement, comme tous les gouvernements israéliens, sait rappeler aux institutions culturelles pour qui elles travaillent, —même si ce gouvernement le fait toujours avec la touche de médiocrité qui le caractérise—, que nous parlions du leader du Shas Eli Yishaï ou du député du Likud Limor Livnat. Indépendance artistique ? Ne faites pas rire nos politiciens. Qui sait mieux qu’eux à quel point on les courtise ? Qui n’a pas vu l’hommage obséquieux qu’a rendu le Theatre Cameri au président Shimon Peres ? Dans les coulisses du pouvoir, qui ne sait pas acheter le silence et acheter l’assentiment ? Qui n’a pas l’habitude de ces cérémonies où l’on distribue des prix d’obéissance ?
C’est pourquoi les acteurs de théâtre ont bien fait de rappeler au gouvernement que les artistes doivent avoir la foi pour jouer. Jouer n’est pas réciter. Le texte d’une pièce n’est pas un téléprompteur, et Tel-Aviv et Kfar Sava, pour être Tel-Aviv et Kfar Sava, ont besoin d’une frontière, —y compris une frontière contre les comportements de canaille.
La frontière contre ce genre de comportement est la Ligne Verte. Ainsi donc, quiconque veut défendre la culture hébraïque devrait se tenir à l’écart d’Ariel, afin de renforcer cette frontière-même.
03.09.10
Voici quelques caractéristiques de la comédie du premier ministre Benjamin Netanyahu et de la farce appelée "Unité Nationale". Son gouvernement respecte soigneusement la différence entre Ariel et Kfar Sava [ndt : Kfar Sava = ville israélienne, à quelques kms à l’ouest de la Ligne Verte]. Les clins d’œil des vedettes de sa comédie ne trompent personne. Ce gouvernement, tout comme ses prédécesseurs, n’a jamais osé abolir la différence entre Ariel et Kfar Sava. Ils sont là-bas et nous sommes ici.
Mais personne n’interdit [aux gens d’Ariel] de monter dans leur voiture, démarrer le moteur et venir voir une pièce à Tel-Aviv, tout comme ils viennent travailler ici. Contrairement à leurs voisins palestiniens, dont ils ont subtilisé les terres et l’eau, les colons d’Ariel ont au moins la liberté de mouvement.
Netanyahu continue à surfer sur la vague de la flottille : non seulement le monde entier est contre nous, raconte-t-il aux comédiens —comme si ce n’était pas sa politique qui a dressé le monde entier contre nous—, mais voilà que les acteurs Yossi Pollak, Itay Tiran et Anat Gov viennent eux aussi "diviser la nation". Quiconque lit soigneusement le prologue de la réunion du Cabinet verra que, depuis l’époque où il murmurait à l’oreille du rabbin Kedouri un jingle contre "ces gauchistes", notre leader n’a pas beaucoup changé. Ce qui a changé, ce sont les dimensions tragiques de la comédie : en clair, les pâles seconds rôles qui entourent le premier ministre, —le ministre de la défense Ehud Barak et autres marionnettes.
Et pourtant, l’explosion d’autosatisfaction qui a inondé les media (et a même effrayé certains des signataires du manifeste) n’a pas réussi à estomper ce fait clair : Ariel est une colonie, pas une agglomération israélienne. Laissons de côté la loi israélienne et le droit international —qui, lui aussi, est toujours contre nous et ne prend jamais en compte nos besoins spécifiques. Tenons-nous-en à ce fait simple : si Ariel n’était pas une colonie, ses mécènes n’auraient pas trouvé les 40 millions de shekels nécessaires à la construction d’un centre culturel pour 18 000 colons. Quelle agglomération de l’intérieur des frontières de l’état d’Israël, de même taille ou même plus grande, a trouvé de telles sommes pour construire un fantastique théâtre ?
Observons donc tristement les marionnettes qui entourent le premier ministre et écoutons le silence qui a saisi les ministres travaillistes Avishay Braverman et Isaac Herzog. Jetons un coup d’œil affligé sur Tzipi Livni, leader de Kadima qui se tient discrètement à l’arrière-scène. Est-ce là le leader de l’opposition qu’espérait Anat Gov, un des signataires du manifeste, quand elle est a appelé les électeurs du Meretz à voter pour Livni ainsi que pour Tzachi Hanegbi et Shaul Mofaz, membres de Kadima ? En bref, c’est du vaudeville, [qui ne convient] peut-être pas pour un centre culturel à 40 millions de shekels mais [qui conviendrait] parfaitement au répertoire d’une compagnie de théâtre itinérante.
Ce gouvernement, comme tous les gouvernements israéliens, sait rappeler aux institutions culturelles pour qui elles travaillent, —même si ce gouvernement le fait toujours avec la touche de médiocrité qui le caractérise—, que nous parlions du leader du Shas Eli Yishaï ou du député du Likud Limor Livnat. Indépendance artistique ? Ne faites pas rire nos politiciens. Qui sait mieux qu’eux à quel point on les courtise ? Qui n’a pas vu l’hommage obséquieux qu’a rendu le Theatre Cameri au président Shimon Peres ? Dans les coulisses du pouvoir, qui ne sait pas acheter le silence et acheter l’assentiment ? Qui n’a pas l’habitude de ces cérémonies où l’on distribue des prix d’obéissance ?
C’est pourquoi les acteurs de théâtre ont bien fait de rappeler au gouvernement que les artistes doivent avoir la foi pour jouer. Jouer n’est pas réciter. Le texte d’une pièce n’est pas un téléprompteur, et Tel-Aviv et Kfar Sava, pour être Tel-Aviv et Kfar Sava, ont besoin d’une frontière, —y compris une frontière contre les comportements de canaille.
La frontière contre ce genre de comportement est la Ligne Verte. Ainsi donc, quiconque veut défendre la culture hébraïque devrait se tenir à l’écart d’Ariel, afin de renforcer cette frontière-même.
Yitzhak Laor