Par Rania Massoud | 26/06/2010
Nikolas Kosmatopoulos, membre de l'équipage du cargo grec faisant partie de la « Flottille de la liberté », revient sur les détails du raid meurtrier israélien.
« Les Israéliens nous ont pris par surprise », raconte Nikolas Kosmatopoulos, activiste et anthropologue grec qui faisait partie de l'équipage d'un des six bateaux en route pour briser le blocus de Gaza, le 31 mai dernier. En visite à Beyrouth, le jeune activiste a livré hier son témoignage - photos et vidéo à l'appui - dans les locaux de « T marbouta », à Hamra. « Nous savions évidemment que les forces israéliennes étaient capables du pire, mais nous avons quand même sous-estimé leur brutalité, dit Nikolas. Pour nous, il était inconcevable que le (bateau turc) Mavi Marmara soit attaqué en premier, vu le nombre de personnes qui étaient à bord (près de 500). » Selon l'activiste grec, « il est désormais clair que les soldats israéliens ont agi avec préméditation ». « Comme on savait qu'il était dangereux d'approcher les côtes de Gaza en pleine nuit, nous avions décidé de ralentir notre traversée, se rappelle Nikolas. Nous étions à 80 miles de la zone dite de sécurité israélienne, donc en eaux internationales, lorsque les forces israéliennes ont attaqué. C'était, en plus, l'heure de la prière chez les musulmans. Les soldats ont commencé à tirer sur le bateau turc avant même de l'atteindre. » L'activiste raconte ensuite comment, une heure après l'arraisonnement du Mavi Marmara qui a fait 9 morts parmi l'équipage turc, les soldats israéliens ont arraisonné le cargo sur lequel il était avec une dizaine d'autres activistes grecs et suédois, dont l'écrivain Henning Mankell. « Les soldats étaient masqués et semblaient en état de panique, se rappelle Nikolas. Bien que nous ne leur ayons opposé aucune résistance, ils nous ont tiré dessus avec des pistolets de paintball. » « Mankell (62 ans) était particulièrement stressé, et à un moment donné, nous avions de sérieuses craintes sur sa santé. » Une fois arrivés au port israélien d'Ashdod, les membres de l'équipage ont été arrêtés et leurs passeports ont été confisqués. « Les passeports sont toujours entre les mains des Israéliens, affirme Nikolas. Cela pose un véritable problème sécuritaire pour nous, vu les précédents du Mossad. » « Qui sait, ironise-t-il, ils pourraient un jour les utiliser pour une nouvelle opération meurtrière à Dubaï... Une nouvelle "affaire Mabhouh", dont l'auteur serait cette fois un fameux écrivain suédois... » Nikolas assure que l'action humanitaire en vue de briser le blocus de Gaza est loin d'être terminée. « Ce que nous avons fait a déclenché une vague de soutien aux Palestiniens de Gaza, en dépit des tentatives israéliennes de falsifier les faits, dit-il en conclusion. Aujourd'hui, ils sont des centaines de personnes à travers l'Europe qui sont désireux de s'engager à nos côtés. »