[ 02/04/2010 - 00:45 ] |
|
Dr. Azzam At-Tamimi Il est clair qu’aucune de ces deux parties ne peut se placer dans l’autre camp. L’autorité de Ramallah représente la façade officielle du mouvement du Fatah et de l’OLP. Sa légitimité, elle le tire de l’accord d’Oslo. Cet accord l’a créée comme un partenaire dans un processus de paix et de sécurité, financé et dirigé par les Etats-Unis, pour l’intérêt de l’Entité sioniste. Au fil du temps, cette autorité est devenue une partie intégrale du projet sioniste. Ainsi, le mouvement du Fatah et l’OLP ont perdu de leur crédibilité concernant le projet national palestinien. Dans l’autre camp, le mouvement du Hamas tire sa légitimité de son projet islamique et national. Son projet croit en la nécessité de la libération. Il insiste sur le choix de la résistance armée comme un moyen de chasser l’Entité sioniste de la Palestine, toute la Palestine. De ce fait, le Hamas n’a d’autre choix que de défendre sa position par tous les moyens, et de se retenir de faire des initiatives et des compromis désagrégeant sa crédibilité. Il s’engage à ne céder à aucune pression qui ne fait qu’empirer la donne. Il est évident que la bande de Gaza gouvernée par le Hamas est assiégée, mais elle est au moins libre. Si elle n’avait pas été libre, elle n’aurait pas été encerclée de partout. Cependant, la Cisjordanie dirigée par l’autorité palestinienne est toujours occupée par les Sionistes. Si elle n’avait pas été occupée, l’autorité n’aurait pas existé. Elle tire de l’occupation sa force pour fournir aux occupants israéliens et leurs colons la sécurité. Le Hamas reste sage en voulant, par principe, la réconciliation et l’unité nationale palestinienne. Toutefois, il n’est pas sage d’accepter la réconciliation à tout prix. Pour la faire, le Hamas doit poser certaines conditions. Tout d’abord, le point de passage de Rafah doit rester ouvert face aux gens et aux produits. C’est un point frontalier entre deux pays arabes, comme il en existe tant entre les autres pays arabes. Donc les mouvements, via le passage, doit être réglé par les accords arabes et selon les intérêts communs palestino-égyptiens, loin de toutes conditions sionistes et américaines. Puis il faut reconstruire Gaza. Il faut donc laisser passer tous les produits nécessaires à cette construction : ciment, fer, aluminium, bois, engins et j’en passe. Par ailleurs, il faut arrêter toutes sortes de coordination sécuritaire existant entre l’autorité de Ramallah et l’Entité sioniste. Et il faut que cette autorité libère les membres du Hamas et de toutes les autres factions palestiniennes qui avaient été enfermés selon cette coopération sécuritaire. Cela exige qu’on commence par chasser le général Dayton et par démanteler le service qui travaille sous son égide en Cisjordanie. Enfin, il faut lier les élections législatives et présidentielles à la réconciliation de façon à assurer des élections transparentes et à laisser aux gens le libre choix. On pourrait croire que les parties internationales et régionales ne sont pas obligées de donner de crédit aux conditions du Hamas, que les souffrances dans lesquelles vivent le gens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza constituent une forte pression sur le mouvement du Hamas, au profit de la communauté internationale dirigée par les Etats-Unis. Mais la réalité est tout autre. La communauté internationale soutenant l’Entité sioniste est en crise, les difficultés ne cessent de se renforcer, jour après jour. Et d’un autre côté, le peuple palestinien, dans l’ensemble, ne blâme pas le Hamas, mais surtout les parties internationales et régionales qui soutiennent "Israël". Et le mur en acier que l’Egypte construit sur la ligne séparant Rafah du Sinaï et Rafah de Gaza n’est qu’un reflet de la profondeur de la crise du régime égyptien. Il le construit après l’échec de toutes ses tentatives visant à obliger le Hamas à signer le document de réconciliation. En résumé, le Hamas reste le plus fort dans ce jeu. Et sans aucun doute, s’il change sa place de résistance et de patience, son cas ne sera pas mieux, peut-être pire : plus de pressions. Donc le mouvement du Hamas n’a qu’à rester sur sa position et résister contre toutes les pressions. Pour terminer : le Hamas n’a qu’une seule stratégie. Article écrit par Dr. Azzam-Tamimi , auteur du livre Le Hamas, chapitres non-achevés Traduit et résumé par le CPI |