dimanche 24 janvier 2010

Un tueur en terre promise

publié le samedi 23 janvier 2010
Christophe Boltanski

 
Jack Teitel voulait « purifier » Israël. Ses cibles ? Les Palestiniens, les pacifistes, les chrétiens, les homosexuels. Membre d’une colonie ultranationaliste, il a sévi pendant douze ans sans que personne ne le dénonce. Christophe Boltanski raconte pourquoi sa mortelle randonnée interroge tout le pays
Tout autour de la synagogue s’étend un paysage désertique, des montagnes rocailleuses qui prennent une teinte pourpre sous le soleil d’hiver. Des femmes, les cheveux ceints d’un foulard de coton, garent leurs poussettes devant une table chargée de bretzels et de gâteaux. Elles félicitent la mère qui tient son nouveau-né dans les bras, caressent son ventre redevenu plat. Dans la salle, les hommes portent la kippa tricotée, des franges qui dépassent de leur chemise. « Tu es ému ? », lance l’un d’eux au père enveloppé dans son châle de prière. Le parrain amène l’enfant sur un couffin. Le circonciseur s’approche avec sa blouse et son couteau. Un silence, puis un cri de bébé, vite couvert par le kaddish.
Shvut Rachel compte un nouveau membre. Et, comme à chaque fête, une bonne partie de ses habitants sont là. « Nous sommes une communauté très soudée, sioniste, légaliste, religieuse et saine », insiste le rabbin Ben Tzion Amar. Une collectivité d’autant plus repliée sur elle-même qu’elle se sent stigmatisée depuis l’arrestation, l’automne dernier, d’un des siens, Yaakov Teitel. Un extrémiste, auteur présumé d’au moins deux meurtres par balles et de plusieurs attentats à la bombe. Un tueur en série qui a pu agir, douze ans durant, sans être inquiété. Ses cibles ? Les « Arabes », mais aussi les chrétiens « missionnaires », les « gauchistes » juifs, les « sodomites » et tous les policiers qui les protègent.
Un meurtrier prudent, méticuleux
« Au début, on n’y a pas cru, dit le rabbin. On a pensé à une erreur. On a voulu manifester. » Contre le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, ou les médias, toujours prompts, selon lui, à jeter l’opprobre sur les colons. Mais depuis que Teitel est passé aux aveux, c’est à peine si rabbi Amar le considère comme l’un de ses fidèles : « Il n’a rien à voir avec nous. Il ne venait à la syna qu’une fois par semaine. Personne ne le connaissait. » Les habitants entonnent la même rengaine : Teitel, ce père de famille de 37 ans qu’ils ont croisé matin et soir pendant huit ans, dans leur petite communauté ? Forcément un fou, un solitaire, un étranger perdu en Eretz Israël.
Sa mortelle randonnée, des collines de Hébron à la plaine côtière en passant par Jérusalem, dessine un tout autre portrait : celui d’un meurtrier prudent, méticuleux, de mieux en mieux informé sur ses victimes. Un homme qui, contrairement à ses dires, peut difficilement avoir commis ses méfaits sans une ou plusieurs aides extérieures. Jack Teitel est né en 1972 à Miami, dans une famille juive ultraorthodoxe. Son père est un dentiste de l’US Navy, et il passe son enfance d’une base de marines à une autre. Est-ce dans cet univers militaire qu’il apprend l’usage des armes ? A partir des années 1990, il se rend régulièrement en Israël. Lors de ses premiers allers et retours, il se mêle parfois aux « jeunes des collines », ces bandes de révoltés mystiques qui créent des colonies dites « sauvages » sur des crêtes isolées, élèvent des chèvres et rêvent d’« expulser les Arabes ». En 1997, tout dérape. Cette année-là, il embarque sur un vol de British Airways avec, dissimulé parmi du matériel électronique, un pistolet en pièces détachées. La sécurité n’y voit que du feu. Cette fois, Teitel a fixé un but précis à son voyage : venger les attentats perpétrés un an plus tôt par les islamistes du Hamas.
Affaire classée
Le 8 juin 1997, vers 1 heure du matin, il hèle un taxi sauvage près de la poste de Salah Eddine, en face des remparts de la Vieille Ville de Jérusalem. Après s’être assuré que le chauffeur est bien palestinien, il attend un feu rouge et tire en pleine tête. On retrouvera le corps de Samir Balbisi, étudiant en architecture de 23 ans, sur le volant de sa Subaru bleue, au sud de la ville.
Les Balbisi habitent sur le mont des Oliviers, dans la partie arabe de Jérusalem. De leur maison, ils aperçoivent Maalé Adoumim, la plus vaste colonie de Cisjordanie, et au-delà les rondeurs immaculées du désert de Judée. Le visage adolescent de Samir trône dans le salon à côté d’un tableau alpestre. « La police nous a demandé si des gens lui en voulaient, raconte son frère Ossama. Il faisait le taxi pour payer ses études. On ne lui connaissait pas d’ennemi. Au bout d’un an, l’affaire a été classée. »
Deux mois plus tard, Jack Teitel récidive. Il repère un berger palestinien au sud de Hébron, arrête sa voiture, lui demande sa route, ouvre le feu. Après ces deux meurtres, il retourne tranquillement aux Etats-Unis. « Il a préparé chacune de ses actions avec beaucoup d’intelligence. Pas la moindre trace, pas de témoin. Nous n’avions aucune piste », affirme Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police israélienne. Pourtant, lorsqu’il retourne fin 2000 en Israël, où il a décidé de s’installer définitivement, il est embarqué par le Shin Beth dès son arrivée à l’aéroport. Les agents l’interrogent longuement sur le meurtre du berger. Ils ont été tuyautés. Par qui ? Jack Teitel a-t-il vanté ses exploits en Amérique ? Un avocat, Baruch Ben Yossef, mandaté par ses parents, parvient à le rencontrer dans les locaux de la police. « Il était plutôt calme. Il avait tout démenti en bloc, se souvient-il. Ils ont fini par le relâcher au bout d’une semaine. » Le Shin Beth lui propose aussi de devenir l’un de ses informateurs. « Sans résultat », précise aujourd’hui l’agence dans un communiqué.
« Mort aux sodomites »
Teitel décroche cependant sans difficulté la citoyenneté israélienne, conformément à la loi du retour, et obtient un permis de port d’armes. Il n’en a guère l’utilité si ce n’est pour justifier le pistolet chargé qui ne le quitte jamais. Son déménagement, qu’il fait acheminer par bateau jusqu’au port d’Ashdod, renferme un véritable arsenal, « de quoi équiper tout un peloton », dira la police. Une fois son alyah acceptée, il s’installe à Shvut Rachel. La colonie, nichée sur un piton, a été créée en 1991 en souvenir d’une habitante d’une implantation voisine tuée dans un attentat. Une centaine de familles logent dans ses pavillons bâtis à l’identique. Des « zélotes » partis, comme bien d’autres, à la conquête de « la Samarie » avec la Torah en guise de carte d’état-major et les temps messianiques pour horizon. Ici, on vote Ihoud Leoumi, un parti d’extrême droite.
A Shvut Rachel, Teitel se choisit un prénom biblique, Yaakov, et épouse en 2003 une jeune femme originaire de Manchester, Rivka, qui va lui donner quatre enfants. Son beau-frère et voisin Moshe Avitan le décrit comme un homme « discret, qui parle mal l’hébreu et ne se mêle pas aux discussions ». Le couple vit de peu. Rivka donne des cours de danse à Jérusalem. Son mari garde les petits à la maison. « Il était tout le temps sur les ordinateurs, selon Moshe Avitan. Il disait qu’il construisait des sites. Lesquels Je l’ignore. » Au cours de toutes ces années, cet entrepreneur affirme avoir très rarement débattu de politique avec lui. « Un terroriste m’a tiré dessus en janvier 2009. Depuis, je vois à peine des deux yeux. Même après ça, je ne l’ai pas entendu faire de commentaires contre les Arabes. »
L’homme fréquente pourtant nombre de boutefeux. Notamment Daniel Pinner, proche du Kach, un groupe raciste interdit. Cet activiste, qui a écrit une chanson après l’assassinat de Itzhak Rabin (son refrain ? « Il est allé en enfer ! »), a confié récemment au quotidien « Haaretz » :« Il y a vingt ans, nous avons étudié dans une yeshiva à Jérusalem. Après, il m’a aidé avec mon ordinateur et je lui ai appris un peu d’hébreu. J’ai été chez lui. C’est un type serviable, généreux. » Et d’ajouter : « Quand j’ai su que la police essayait de lui mettre tous ces meurtres sur le dos, je n’ai pas été surpris... Es font ça tout le temps. » A Shvut Rachel, un responsable de la colonie, Jacques, se présente lui aussi comme un « ami de Yaakov ». « Politiquement, j’aurais dit qu’il était plus à gauche que moi. Mais, rigole-t-il, pour moi, même Lieberman [ministre des Affaires étrangères ultranationaliste] est de gauche. »
A quel moment Teitel a-t-il recommencé à tuer après les deux premiers crimes de 1997 ? Lors des interrogatoires, il a avoué avoir posé trois mines artisanales près de la localité arabe israélienne d’Abou Gosh en 2001, et une quatrième près d’une maison palestinienne des environs de Ramallah deux ans plus tard. En pleine Intifada, ses actions passent inaperçues. Il veut faire parler de lui. Sa nouvelle obsession ? Les homosexuels. Une communauté qui, en Israël, jouit de nombreux droits, malgré les foudres des rabbins. Lorsque les autorités donnent leur accord à la tenue le 10 novembre 2006 d’une Gay Pride à Jérusalem, plusieurs leaders de la droite extrémiste appellent à la « guerre sainte ». Toute la police est en alerte. Six jours plus tôt, Teitel actionne une bombe devant le commissariat de la colonie d’Eli, qui ne fait pas de victime. Il espère ainsi désorganiser les forces de l’ordre avant la parade. « Mort aux sodomites », proclame un tract laissé sur les lieux et signé par une mystérieuse « Main rouge de la Rédemption ».
En avril 2007, il tente de faire sauter le monastère chrétien de Beit Jamal. « Les moines distribuaient des bonbons aux enfants juifs pour les attirer à eux », dira-t-il aux policiers. Un laboureur palestinien est blessé dans l’explosion. C’est la dernière « croisade » de Jack Teitel : frapper les prédicateurs qui courtisent le peuple d’Israël. Parmi eux, il y a David Ortiz, un Israélo-Américain qui dirige une congrégation évangélique à Ariel, l’une des plus grandes colonies de Cisjordanie. « Citoyens d’Ariel, soyez vigilants ! Ces gens sont des chrétiens missionnaires qui se font passer pour juifs... Leur but est de vous convertir », proclame une affichette retrouvée sur un abribus où figurent sa photo, son nom et son adresse. Dans une aile de son appartement transformée en temple, il célèbre la gloire de Jésus, qu’il appelle « Yehoshua », devant une centaine d’adeptes, des immigrants russes pour la plupart. Il a truffé son domicile de caméras de surveillance. « Une vieille habitude new-yorkaise. »
« Mais qui était cette femme ? »
Une vidéo en date du 20 mars 2008 montre une voiture Skoda qui passe à deux reprises dans une rue avant de déposer un homme en treillis, le visage masqué par un mouchoir. L’inconnu gravit l’escalier d’un immeuble et abandonne sur le pas de la porte un panier rose rempli de bonbons. « Hag Sameah ! » Bonne fête, dit la carte. On est à la veille du carnaval de Pourim. Dans la maison, il n’y a que la bonne et le fils cadet des Ortiz, Ami, 15 ans. « Il y a plein de chocolats », raconte l’adolescent à sa mère au téléphone avant d’ouvrir. Le souffle le projette en arrière, brise la table de la cuisine. Pour accroître sa puissance destructrice, la bombe était lestée de clous et de vis. Brûlé, percé de toutes parts, le garçon a subi depuis douze opérations.
Son père en est persuadé : l’auteur de l’attentat n’a pas agi seul. « Il y avait le chauffeur », dit-il. Il en veut aussi pour preuve un e-mail reçu trois mois plus tôt d’un certain Daniel Ivgeny : « Avec ma petite amie Ronit, je veux participer à vos offices pour voir si ça me plaît. » La police a pu établir que Teitel en était l’auteur. « Je n’ai pas répondu car j’ai trouvé ce message suspect. Mais qui était cette femme ? » Avec une ironie amère, le pasteur reconnaît qu’il partage avec le meurtriers « certaines idées, mais pas les mêmes méthodes ». Il fait partie de ces chrétiens fondamentalistes pour qui la création du « Grand Israël » annonce la venue du Royaume de Dieu sur terre. Et à ses contempteurs, il rappelle que les évangéliques américains ont versé « plus de 6 millions de dollars à Ariel ».
Six mois après l’attentat au panier de chocolats, le 25 septembre 2008, l’historien Zeev Sternhell, de retour de France, est « accueilli » par un colis déposé sur le palier de son appartement de Rehavia, à Jérusalem. Protégé par ses deux valises, il n’est que légèrement touché par la déflagration. Mais le choc dans le pays est immense. Cet éminent professeur est lauréat du prix d’Israël 2008. Son crime ? Il figure parmi les fondateurs de La Paix maintenant. « Un être malfaisant », dénonce le tract trouvé sur place, prêt « à tuer vos proches » et à piétiner « les lois de la Torah ». L’explosif est le même que celui utilisé contre les Ortiz. Les policiers viennent enfin de comprendre : ils ont affaire à un tueur en série. Une unité spéciale est mise sur pied. Des listes de suspects sont dressées. Le 1er août 2009, un individu masqué pénètre dans un centre pour jeunes homosexuels situé en plein coeur de Tel-Aviv, The Aguda, et mitraille ses occupants. Bilan : 2 morts, 14 blessés. L’étau autour de Teitel se resserre. Ses voisins se souviennent de visiteurs étranges à Shvut Rachel qui se prétendent du « service des eaux ». En réalité, des hommes du Shin Beth qui, désormais, le suivent à la trace. Le 7 octobre, alors qu’il colle des affiches bénissant l’auteur du massacre des gays, il est arrêté par des agents du Shin Beth.
Interrogé, il lâche tout : Sami Balbisi, le chauffeur de taxi palestinien ; Ami Ortiz, le fils de l’évangélique ; Zeev Sternhell, le pacifiste. Et même l’attaque contre le centre Aguda. Mais, sur ce dernier point, il ment. Il ne pouvait pas être sur les lieux de l’attentat puisque, au même moment, il rendait visite à son épouse, hospitalisée pour cause de grossesse difficile. « A-t-il voulu couvrir un complice ? », s’interroge Yossi Graiver, l’avocat des Ortiz. Lorsqu’il a été ramené chez lui par la police, Teitel a hurlé en direction des habitants de Shvut Rachel : « Je n’ai pas trahi ! » Dans son jardin, les enquêteurs ont exhumé de quoi fabriquer des bombes, des pistolets, des fusils-mitrailleurs. Et aucun voisin, sans parler de son épouse, n’aurait rien vu ? « Il a reçu de l’aide », estime Zeev Sternhell. Le tract retrouvé au domicile du professeur le démontre. « Il est évident que ce texte a été écrit par quelqu’un d’autre. Son hébreu était primitif. »
Désormais, la presse israélienne titre sur « le terroriste juif » et se demande comment Teitel a pu échapper pendant si longtemps à la police. « S’il a fallu douze ans pour attraper un sérial killer, cela montre que le Shin Beth n’a ni informateur, ni marge de manoeuvre, ni motivation pour surveiller les colons », écrit Nahum Barnea dans « Yediot Aharonot ». Un avis partagé par Zeev Sternhell : « Depuis longtemps, les colons ont développé des habitudes de violence. Ils se comportent comme s’ils n’étaient pas soumis à la loi israélienne. » Au centre Aguda, le directeur, Shaul Gannon, remplit un carton de sachets de préservatifs que des volontaires iront distribuer en ville. « Il y a d’autres Jack Teitel dans ce pays, dit-il. L’assassin de Rabin non plus n’était pas seul, il était poussé par une idéologie de la haine. »
Jack Teitel
« C’est un plaisir et un honneur d’avoir servi mon Dieu, je n’éprouve aucun regret », s’écrie Jack Teitel à son arrivée devant le tribunal de Jérusalem, le 9 décembre. Le colon de 37 ans a été inculpé de meurtres avec préméditation, de tentatives d’homicide, de fabrication et de détention illégale d’armes. Tout un vaste arsenal, retrouvé chez lui (ci-dessous).
David Ortiz
JackTeitel a-t-il aussi commis des exactions aux Etats-Unis, son pays d’origine ? Le FBI a confié au pasteur David Ortiz, père d’une victime, Amiel, que l’homme est recherché depuis neuf ans outre-Atlantique pour des « crimes très, très violents », sans autre précision.
Yossi Graiver
Yossi Graiver représente à la fois les Ortiz, mais aussi les Balbisi, des Palestiniens dont le fils, Samir, aurait été tué par Teitel.« Une défense à l’image de notre société pluraliste », s’écrie cet avocat israélien qui se dit « juif religieux ». Il compte demander pour ses clients les mêmes compensations que celles versées par l’Etat aux victimes de terrorisme.
Shvut Rachel
De jeunes activistes tentent d’étendre à une colline voisine le territoire de Shvut Rachel pour protester contre le gel ordonné par le gouvernement de la construction dans les colonies.
Asher Weisgan
Ce n’est pas la première fois que la colonie de Shvut Rachel fait parler d’elle. En 2005, l’un de ses habitants, Asher Weisgan, avait tué 4 ouvriers palestiniens et blessé 2 autres afin de protester contre le démantèlement des colonies de Gaza. Il s’est pendu dans sa cellule un an plus tard.
Zeev Sternhell
L’attentat contre l’intellectuel pacifiste Zeev Sternhell en 2008 suscite un tollé général. Mais les réactions de certains ténors de l’extrême-droite sont beaucoup plus ambiguës. « Des gens comme Sternhell devraient prendre garde à leurs propos, lance l’ultranationaliste Itamar Ben Gvir. Ses recommandations aux Arabes d’attaquer des colons constituent une provocation susceptible d’alimenter la violence. »
Homosexuels
Des Israéliens se recueillent après l’attentat contre The Aguda, le centre d’accueil pour jeunes homosexuels. Son directeur, Shaul Gannon, n’en revient toujours pas : « Que des gens haïssent suffisamment les gays pour être prêts à les tuer, je le savais. Mais ici, dans ce club, à Tel-Aviv, c’est incroyable ! » La ville est l’une des plus ouvertes du monde aux gays et lesbiennes.
publié par Le Nouvel Observateur
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2357/articles/a416132-.html