al-Ahram
Lors d’allocutions télévisées la semaine dernière, Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, a remis en cause la « légitimité » du président Mahmoud Abbass, tandis que ce dernier a accusé le Hamas d’exploiter « l’affaire Goldstone » pour différer la réconciliation. Le Hamas reproche au président palestinien d’avoir accepté le report, sous pression américaine et israélienne, du vote du Conseil des droits de l’homme de l’Onu sur le rapport Goldstone qui accuse Israël de « crimes de guerre » pendant son offensive à Gaza de décembre 2008 à janvier 2009. La déchirure interpalestinienne remonte à juin 2007, lorsque le Hamas a chassé de la bande de Gaza le Fatah, parti loyal à l’Autorité palestinienne qui ne contrôle plus que la Cisjordanie.
Les deux adversaires ont toutefois pris soin de ne pas claquer définitivement la porte à un accord de réconciliation interpalestinien, déjà retardé à plusieurs reprises. Le Fatah s’est rangé à un compromis de l’Egypte, qui propose aux deux parties de signer séparément un document de réconciliation afin de préserver un semblant d’unité palestinienne. Dans un premier temps, les frères ennemis devaient se retrouver à la fin du mois d’octobre au Caire pour signer en grande pompe l’accord de réconciliation nationale, élaboré sous l’égide de l’Egypte. Mais le Hamas a réclamé le report de la signature, arguant que le président Abbass avait perdu toute crédibilité à la suite de l’affaire Goldstone.
En filigrane se dessine l’enjeu crucial des élections présidentielles et législatives, censées se tenir au plus tard le 25 janvier. Si celles-ci ne sont pas convoquées, le Fatah comme le Hamas vont perdre leur légitimité, ce qui risque de déclencher une rivalité encore plus féroce entre ces deux adversaires. De fait, ni le Fatah ni le Hamas ne sont parvenus à obtenir la moindre des avancées qu’ils escomptaient sur le terrain à l’approche des élections. Le président Abbass est affaibli par le cafouillage Goldstone et les négociations sont au point mort entre l’Autorité palestinienne et Israël. Quant au Hamas, il règne sur un territoire en état de siège, dont la population est isolée et appauvrie par le blocus israélien. Pour l’heure, les deux factions pourraient s’accorder sur un report des élections à la mi-2010, comme le proposent les médiateurs égyptiens. Mais au cas où le Hamas ne signerait pas l’accord de réconciliation, le Fatah a prévenu qu’il demandera au président Abbass d’appeler à des élections dès le 25 janvier prochain, comme le prévoit la Loi fondamentale palestinienne.