Jérusalem - 26-08-2009 |
Jeudi dernier, il y avait une vague de chaleur, mais le long de la voie pavée de pierres qui traverse le centre de Silwan - La Cité de David – c’était plus agréable.
Peut-être que la brise fraîche, ou les maisons en pierre rafraichissaient l'air, ou peut-être que c’était dû à la large vue sur les montagnes de Jérusalem. Nous étions trois : Ilan le directeur, Michel le caméraman, et moi, la personne interviewée.
Nous tournions un film qui étudie la discrimination institutionnelle manifeste à l’égard des résidents palestiniens de ce quartier de Jérusalem-Est.
Elle est accompagnée par une discrimination en faveur des colons juifs qui, pour leur part, ne cachent pas leur volonté de «judaïser» le quartier et d'effacer sa nature palestinienne.
Avant même de parvenir à positionner notre caméra, un groupe de filles religieuses s’est approché (on pourrait dire qu'elles étaient religieuses en raison de leurs jupes). Elles avaient de 8 à 10 ans, l’air suffisant et étaient de jolis moulins à paroles. L'une d'elles a ralenti à côté de nous.
"Filmez-moi", a-t’elle dit gentiment.
«Que voudrais-tu nous dire?, lui avons-nous demandé.
«Je tiens à dire que Jérusalem est une ville qui nous appartient, à nous, les juifs", a-t’elle dit en marchant - "c'est tout simplement une honte qu’il y ait des Arabes ici. Le Messie ne viendra que lorsque il n'y aura plus un seul Arabe ici".
Elle est partie. Les filles ont ricané et sont parties avec elle d’un pas nonchalant.
Deux minutes plus tard, un jeune homme costaud est arrivé, avec une arme et un talkie-walkie, sans identification sur ses vêtements. Avant même qu’il ouvre la bouche, je savais que c’était un gardien de sécurité, employé par la société de sécurité privée, dirigée par les colons, mais financée par le Ministère du Logement à hauteur de 40 millions de shekels par an.
Cette société de sécurité est depuis longtemps devenue une force de police privée qui fait la police dans tout le quartier et terrorise les résidents palestiniens sans raison légale.
Un comité mis en place par le Ministre du Logement a établi qu’il devait être mis un terme à cet arrangement et que la sécurité des habitants (juifs et arabes) devait être entre les mains des forces de police israéliennes, comme pour le reste des citoyens d'Israël.
Le gouvernement a adopté la recommandation de la commission en Juin 2006, mais a changé d'avis plus tard six mois. Les colons avaient fait pression pour que la police privée continuent d’opérer ici.
"Que faites-vous ici?», demanda le jeune homme.
«Que faites-vous ici?", lui ai-je demandé.
«Je suis un agent de sécurité», a-t’il répondu. «Dites-moi ce que vous faites ici".
«Nous sommes ici dans la rue", lui ai-je dit.
«Dites-moi ce que vous faites ici", dit-il en colère.
"Ce ne sont pas vos affaires", lui-ai-je dit.
"Comment t’appelles-tu?", m’a-t’il demandé.
«Et toi, comment-t’appelles-tu ?", lui ai-je demandé.
"Peu importe", répondit-il: «Je suis un gardien de sécurité».
"Donc, mon nom n’a pas d’importance", répondis-je.
Le garde irrité a parlé dans son talkie-walkie.
Si nous avions été des Palestiniens, nous aurions disparu depuis bien longtemps. C’est le protocole non écrite. Mais nous étions des Israéliens, parlant hébreu et un problème.
Apparemment, le quartier général lui a expliqué qu'il ne pouvait rien faire, que c'était un lieu public. Le gardien s’est posté à côté de nous, avec son arme, et il ne nous a pas laissé seuls pendant notre séjour.
Nous avons changé de position. Deux-trois minutes plus tard, deux jeunes femmes se sont approchées. Elles avaient dix-sept ou dix-huit ans. Laïques, et apparemment, elles n’étaient pas d’ici.
L'une d'elles se tenait devant la caméra.
«Prenez ma photo", a-elle demandé.
"Voulez-vous être interviewée", lui avons-nous demandé.
"Oui", dit-elle.
Elle a dit qu’elle venait de Gan Yavné, pour visiter Jérusalem, la Cité de David.
"Pourquoi la Cité de David, en particulier ?", lui avons-nous demandé.
«Parce que c'est là où David était roi, c'est un endroit très important pour les Juifs. C'est tout simplement une honte qu’il y ait des Arabes ici. Mais bientôt, tous les Arabes mourront, si Dieu le veut, et Jérusalem ne sera qu’à nous».
Elle est partie.
Deux minutes se sont écoulées. Une famille orthodoxe s’est approchée.
Le mari, vêtu de noir, a demandé à Ilan le réalisateur: «Dites, est-ce des Arabes et des Juifs vivent dans ce quartier?"
"Oui, des Palestiniens et des Juifs", a répondu Ilan, «mais pour la majorité, ce sont des Palestiniens».
«C'est temporaire», a ajouté l'Orthodoxe en apaisant ses inquiétudes ; bientôt il ne restera pas d’Arabes ici.
J’ai regardé Ilan et Michael. À peine un quart d'heure s'était écoulé depuis notre arrivée, nous n'avions interrogé personne au sujet de leur attitude à l'égard des Arabes, du conflit israélo-palestinien ou de l'avenir de Jérusalem.
Nous étions juste là, au milieu de la rue. Comme des pylônes. La haine est arrivée à flots en notre direction, comme un fleuve vers l'océan. Librement, naturellement.
«Dis,», ai-je demandé à Ilan. «Allons-nous rencontrer quelqu'un qui viendra nous parler de quelque chose de positif, quelque chose d'humain, quelque chose de bon sur l'espèce humaine?"
"Oublie l’humanité", a répondu Ilan.
"Donnez-nous quelqu'un qui dira: "Que l’air est bon ici, à Jérusalem".
Silwan. N'oubliez pas le nom. Bientôt, il vous aidera à oublier Hébron.
Peut-être que la brise fraîche, ou les maisons en pierre rafraichissaient l'air, ou peut-être que c’était dû à la large vue sur les montagnes de Jérusalem. Nous étions trois : Ilan le directeur, Michel le caméraman, et moi, la personne interviewée.
Nous tournions un film qui étudie la discrimination institutionnelle manifeste à l’égard des résidents palestiniens de ce quartier de Jérusalem-Est.
Elle est accompagnée par une discrimination en faveur des colons juifs qui, pour leur part, ne cachent pas leur volonté de «judaïser» le quartier et d'effacer sa nature palestinienne.
Avant même de parvenir à positionner notre caméra, un groupe de filles religieuses s’est approché (on pourrait dire qu'elles étaient religieuses en raison de leurs jupes). Elles avaient de 8 à 10 ans, l’air suffisant et étaient de jolis moulins à paroles. L'une d'elles a ralenti à côté de nous.
"Filmez-moi", a-t’elle dit gentiment.
«Que voudrais-tu nous dire?, lui avons-nous demandé.
«Je tiens à dire que Jérusalem est une ville qui nous appartient, à nous, les juifs", a-t’elle dit en marchant - "c'est tout simplement une honte qu’il y ait des Arabes ici. Le Messie ne viendra que lorsque il n'y aura plus un seul Arabe ici".
Elle est partie. Les filles ont ricané et sont parties avec elle d’un pas nonchalant.
Deux minutes plus tard, un jeune homme costaud est arrivé, avec une arme et un talkie-walkie, sans identification sur ses vêtements. Avant même qu’il ouvre la bouche, je savais que c’était un gardien de sécurité, employé par la société de sécurité privée, dirigée par les colons, mais financée par le Ministère du Logement à hauteur de 40 millions de shekels par an.
Cette société de sécurité est depuis longtemps devenue une force de police privée qui fait la police dans tout le quartier et terrorise les résidents palestiniens sans raison légale.
Un comité mis en place par le Ministre du Logement a établi qu’il devait être mis un terme à cet arrangement et que la sécurité des habitants (juifs et arabes) devait être entre les mains des forces de police israéliennes, comme pour le reste des citoyens d'Israël.
Le gouvernement a adopté la recommandation de la commission en Juin 2006, mais a changé d'avis plus tard six mois. Les colons avaient fait pression pour que la police privée continuent d’opérer ici.
"Que faites-vous ici?», demanda le jeune homme.
«Que faites-vous ici?", lui ai-je demandé.
«Je suis un agent de sécurité», a-t’il répondu. «Dites-moi ce que vous faites ici".
«Nous sommes ici dans la rue", lui ai-je dit.
«Dites-moi ce que vous faites ici", dit-il en colère.
"Ce ne sont pas vos affaires", lui-ai-je dit.
"Comment t’appelles-tu?", m’a-t’il demandé.
«Et toi, comment-t’appelles-tu ?", lui ai-je demandé.
"Peu importe", répondit-il: «Je suis un gardien de sécurité».
"Donc, mon nom n’a pas d’importance", répondis-je.
Le garde irrité a parlé dans son talkie-walkie.
Si nous avions été des Palestiniens, nous aurions disparu depuis bien longtemps. C’est le protocole non écrite. Mais nous étions des Israéliens, parlant hébreu et un problème.
Apparemment, le quartier général lui a expliqué qu'il ne pouvait rien faire, que c'était un lieu public. Le gardien s’est posté à côté de nous, avec son arme, et il ne nous a pas laissé seuls pendant notre séjour.
Nous avons changé de position. Deux-trois minutes plus tard, deux jeunes femmes se sont approchées. Elles avaient dix-sept ou dix-huit ans. Laïques, et apparemment, elles n’étaient pas d’ici.
L'une d'elles se tenait devant la caméra.
«Prenez ma photo", a-elle demandé.
"Voulez-vous être interviewée", lui avons-nous demandé.
"Oui", dit-elle.
Elle a dit qu’elle venait de Gan Yavné, pour visiter Jérusalem, la Cité de David.
"Pourquoi la Cité de David, en particulier ?", lui avons-nous demandé.
«Parce que c'est là où David était roi, c'est un endroit très important pour les Juifs. C'est tout simplement une honte qu’il y ait des Arabes ici. Mais bientôt, tous les Arabes mourront, si Dieu le veut, et Jérusalem ne sera qu’à nous».
Elle est partie.
Deux minutes se sont écoulées. Une famille orthodoxe s’est approchée.
Le mari, vêtu de noir, a demandé à Ilan le réalisateur: «Dites, est-ce des Arabes et des Juifs vivent dans ce quartier?"
"Oui, des Palestiniens et des Juifs", a répondu Ilan, «mais pour la majorité, ce sont des Palestiniens».
«C'est temporaire», a ajouté l'Orthodoxe en apaisant ses inquiétudes ; bientôt il ne restera pas d’Arabes ici.
J’ai regardé Ilan et Michael. À peine un quart d'heure s'était écoulé depuis notre arrivée, nous n'avions interrogé personne au sujet de leur attitude à l'égard des Arabes, du conflit israélo-palestinien ou de l'avenir de Jérusalem.
Nous étions juste là, au milieu de la rue. Comme des pylônes. La haine est arrivée à flots en notre direction, comme un fleuve vers l'océan. Librement, naturellement.
«Dis,», ai-je demandé à Ilan. «Allons-nous rencontrer quelqu'un qui viendra nous parler de quelque chose de positif, quelque chose d'humain, quelque chose de bon sur l'espèce humaine?"
"Oublie l’humanité", a répondu Ilan.
"Donnez-nous quelqu'un qui dira: "Que l’air est bon ici, à Jérusalem".
Silwan. N'oubliez pas le nom. Bientôt, il vous aidera à oublier Hébron.
Source : http://epalestine.blogspot.com | / |
Traduction : MG pour ISM |