Leyla Jad
Les autorités israéliennes ont déjà critiqué la plateforme [1].
« Le Congrès du Fatah est décevant et non prometteur, car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a affirmé dimanche le ministre israélien de la Défense, le travailliste Ehud Barak.
Pourtant, l’Autorité Palestinienne s’est engagée dans les négociations depuis les Accords d’Oslo en 1993, et la réalité sur le terrain a montré que c’est l’Etat hébreu qui n’a pas l’intention de « s’asseoir pour conclure un accords sur un programme de paix ».
Voici les différents points du programme :
1 – Le Fatah reste accroché à son identité de mouvement de libération nationale qui vise à mettre fin à l’occupation israélienne et à parvenir à l’indépendance pour le peuple palestinien.
Le Fatah fait partie du mouvement de libération arabe et du front des forces internationales qui cherchent d’aider la liberté et l’indépendance des peuples.
2 - Le Fatah souligne que sa principale contradiction est avec l’occupation israélienne et que toute autre contradiction est secondaire et peut être résolue à travers le dialogue.
Le Fatah se réserve le droit d’utiliser tous les moyens possibles pour défendre l’unité nationale, la légitimité palestinienne et la décision nationale palestinienne indépendante.
3 - Le Fatah reste fidèle aux martyrs et aux prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement de la colonisation et le retour des réfugiés.
4 – Malgré le fait que le Fatah reste attaché à l’option d’une paix juste, il n’abandonnera pas les autres options. Le Fatah réitère le droit du peuple palestinien et de tout peuple occupé à la résistance contre l’occupation, conformément à la loi internationale.
Nabil Amro, faisant partie de l’entourage de Mahmoud Abbas, a souligné que ce message est envoyé au peuple palestinien, aux États-Unis et à Israël.
Le Fatah réitère l’importance des négociations, en s’adressant à Israël. Il dit aux Américains que le peuple palestinien aspire à la paix et que l’obstacle dans les négociations et sur le terrain est Israël, allié de Washington.
Le message pour le peuple palestinien est que « nous appuyons l’option de la paix mais pas à n’importe quel prix. Nous voulons tous nos droits », a déclaré Amro. [2]
[1] notamment Liebermann, ministre des Affaires étrangères, dirigeant d’extrême droite, qui se garde bien de reconnaître que les points qu’il refuse et qu’il accuse les Palestiniens de revendiquer, sont inscrits dans le droit international et les résolutions des Nations unies. Voir ci-dessous dans le NouvelObs :
Selon Lieberman, la paix avec les Palestiniens est "peu probable"
"Les positions radicales et intransigeantes des Palestiniens sur Jérusalem, le droit au retour (des réfugiés) et les blocs de colonies créent un fossé insurmontable entre nous", estime le chef de la diplomatie.
A l’occasion d’une visite d’une délégation démocrate du Congrès américain, le ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Lieberman a déclaré lundi 10 août dans un communiqué qu’une perspective de paix avec les Palestiniens était peu probable dans les années à venir. "Les positions radicales et intransigeantes des Palestiniens sur Jérusalem, le droit au retour (des réfugiés) et les blocs de colonies créent un fossé insurmontable entre nous", a-t-il affirmé. "Par conséquent, la politique israélienne doit être basée sur une réalité et non pas une illusion, tout en maintenant le dialogue avec les Palestiniens et en améliorant les arrangements de sécurité et la situation économique des Palestiniens", a ajouté Avigdor Lieberman.
Une mise en garde
Le chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou considère que "tout objectif extravagant consistant par exemple à imposer un accord selon un calendrier défini se soldera une nouvelle fois par un échec, une déception, voire un affrontement". Une mise en garde à destination du président américain Barack Obama, qui a fait de la conclusion d’un accord de paix israélo-palestinien l’une des priorités de son administration. Le président israélien Shimon Peres qui recevait aussi la délégation américaine s’est efforcé de minimiser les divergences entre Israël et les Etats-Unis."Le seul point sur lequel nous divergeons est la construction dans les colonies existantes. Je crois que cela est négociable", a-t-il déclaré.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...
[2] voir aussi Hassan Moali dans el Watan :
Israël agite l’épouvantail du Fatah
Le recentrage de la ligne politique du mouvement Fatah – dont les délégués au congrès élisaient hier la nouvelle direction – autour de la « légitimité de la résistance » contre Israël a, comme il fallait s’y attendre, eu l’effet d’une bombe.
Cette allusion au recours éventuel à une lutte armée et le rejet catégorique de la notion « d’Etat juif » tel que réclamé par Netanyahu a fait monter les responsables de l’Etat hébreu sur leur grands chevaux. La classe politique israélienne a réagi unanimement, hier, contre le « nouveau » programme adopté par les congressistes du Fatah, qu’elle assimile à une copie conforme de celui de son frère ennemi, le Hamas. A Tel-Aviv, le moral est désormais en berne. « Le congrès du Fatah est décevant et non prometteur car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a dit le ministre de la Défense, Ehud Barak.
Pour le ministre de l’Environnement, Gilad Erdan, le programme montre « une absence de volonté de parvenir à un accord avec Israël ». Par ces déclarations volontairement pessimistes et faussement inquiètes, les responsables du cabinet du Premier ministre tentent de justifier par anticipation le gel des négociations de paix et le recours à la méthode forte des colonisations sauvages et des instructions en territoire palestinien. C’est une manière bien subtile de signifier à la communauté internationale, aux Etats-Unis surtout, que ce sont les Palestiniens qui freinent la cadence vers la paix. Pour ce faire, il brandissent cette fois l’épouvantail d’un Fatah soudainement devenu infréquentable pour avoir adopté, pour une fois, une stratégie réaliste face à un adversaire intransigeant. Longtemps désigné comme un partenaire crédible par Israël sans pour autant lui faire de « cadeau », le Fatah de Mahmoud Abbas a choisi cette fois la voie de la raison. Et cela ne plaît pas à Israël qui surfait allègrement sur l’extrémisme du Hamas pour justifier ses dépassements et reporter à plus tard les négociations. En face, le Fatah, qui a chèrement payé ses accointances infructueuses avec les travaillistes, la droite et maintenant l’extrême droite israélienne, ne veut plus servir de faire-valoir à une paix chimérique.
Realpolitik
En s’engageant à « libérer la Palestine » pour laquelle il a été créé, le Fatah fait d’une pierre deux coups. Il coupe d’abord l’herbe sous le pied du Hamas qui revendique le monopole de la « résistance » et entend reprendre son aura perdue de mouvement de libération. Ensuite, il signifie à l’Etat hébreu que le temps des louvoiements est révolu et que désormais, le Fatah ne signera plus de chèque en blanc à des gouvernements israéliens qui se suivent et se ressemblent dans la spoliation des droits nationaux des Palestiniens. La plateforme politique du mouvement, adoptée samedi, confirme ce changement de cap. Le Fatah rappelle ainsi « son attachement à l’option d’une paix juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la résistance contre l’occupation, conformément à la loi internationale ». Il indique aussi que « le Fatah reste fidèle aux martyrs et prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés » palestiniens. « Nous refusons de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif afin de protéger les droits des réfugiés ainsi que ceux des Palestiniens de l’autre côté de la ‘ligne verte’ » entre Israël et la Cisjordanie, stipule ce texte en référence à près de 1,3 million de citoyens arabes d’Israël. Que le Hamas critique sévèrement les résolutions adoptées par le Fatah est un signe que ce dernier lui a peut-être ravi son fonds de commerce politique.