USA - 27-08-2009 |
C’est peut-être le tout début de l’élaboration des détails du nouveau plan de paix parrainé par les Etats-Unis pour négocier une reprise des pourparlers de paix au Moyen-Orient, mais ce qui est évident, ce sont les principes de fonctionnement. A leur cœur, il y a ce que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a toujours voulu: un lien entre le programme nucléaire iranien et un gel très partiel de la construction des colonies, en échange de l'ouverture d'une notion encore plus partielle de processus de paix dont l'accent serait mis sur la Cisjordanie.
Un pas en avant? Difficilement. Car tandis que l'on ne peut nier qu'Israël a peur de l'Iran, ses craintes exagérées de la «menace existentielle» que pose la République islamique sert un objectif diplomatique utile.
C’est faire dépendre les pourparlers de paix israélo-palestiniens aux progrès sur un sujet non lié et tout aussi difficile. À cet égard, ce n'est rien de moins qu’un déplacement du problème qui éloigne la perspective d'un règlement final au lieu de la rapprocher.
En tout cas, le lien explicite est une manœuvre dangereuse. La logique de réfléchir à de graves sanctions contre l’industrie du pétrole et du gaz iranien, dont dépend l'économie de Téhéran, est en elle-même dangereusement proche d'un acte de guerre.
Un acte de guerre qui aurait pour cadre non seulement les circonstances de l'intransigeance de l'Iran sur ses ambitions nucléaires (qui rendent nerveux de nombreux pays arabes voisins), mais les exigences d'Israël, une circonstance totalement différente. Sur le plan purement pratique, concernant l'Iran, inclure les désirs d'Israël dans une nouvelle série de sanctions ne semble avoir guère de chances de persuader les dirigeants iraniens à se comporter d'une façon différente.
La vérité est que l'Iran est pour Israël - comme pour le reste de la région et de la communauté internationale - un enjeu géopolitique et non une «menace existentielle». Ce que craignent les politiciens et généraux israéliens autant que la menace exagérée d'anéantissement, c’est est une redistribution de l'équilibre militaire qui pourrait compromettre l’unique puissance nucléaire d'Israël dans la région, ce qui affaiblirait sa capacité de dissuasion militaire, qui a été depuis si longtemps une protection de sa politique étrangère.
Et ce n'est pas seulement au regard du lien avec l'Iran que les nouveaux principes semblent profondément discutables.
Netanyahou, malgré les affirmations de certains, doit encore prouver qu’il peut être un partenaire pour la paix - la demande si souvent faite aux Palestiniens par Israël. Son ambivalence marquée concernant une solution à deux Etats est aggravée par le fait qu'il a montré (comme d'autres dirigeants israéliens avant lui) qu’il avait peu de considération pour l’opinion internationale ou les obligations qu'Israël a proposées sur la construction des colonies, qui était censée être gelée avec la feuille de route du président George W. Bush, et qui s’est poursuivie à une allure débridée.
Au lieu de cela, la seule concession qui a pu être tirée de Netanyahu semble avoir été la promesse d'un gel partiel et temporaire. Son refus d'accepter ses obligations vis-à-vis d’un arrêt total de la construction est instructif: notammentparce que M. Netanyahu estime que le président Bush a donné à Israël le feu vert pour annexer une partie des blocs de colonies dans le cadre d'un futur accord d’échange de terres.
Tout ce qu'offre Israël pour l'instant, c’est seulement un relâchement de l'étranglement imposé à la Cisjordanie par des points de contrôle israéliens qui l'ont fragmenté en tellement de bantoustans, dont la suppression progressive a stimulé – de façon non surprenante - la croissance économique palestinienne. Loin d'aller de l'avant, ce que l’on voir, c’est un petit pas vers une renormalisation de la vie des Palestiniens, et non une amélioration.
Et ce qui est frappant, c'est ce qui est à peine mentionné - la question de Gaza dirigée par le Hamas toujours sous un siège économique écrasant des Israéliens - sauf pour leur faire une promesse quelque peu lointaine que si la population de Gaza se débarrasse du mouvement islamiste (qui ne l'oublions pas a gagné les élections palestiniennes de 2006), alors elle pourrait obtenir un peu de ce que la Cisjordanie obtient actuellement.
C'est précisément pour cela que l'ambassadeur d'Israël à Londres, Ron Prosor– en écrivant sans une pointe d'ironie dans le Telegraph - a jugé opportun de féliciter son pays. A quel point Israël aide l'Autorité Palestinienne pour améliorer l'infrastructure palestinienne que son pays a tant fait pour la démanteler, mais il a oublié de le mentionner.
Peut-être que nous ne devrions pas être surpris par tout cela. Netanyahou a été là avant, à gérer la position d'Israël avec un obstructionnisme obstiné - y compris ses «trois non» - de sorte que, lorsqu’il a proposé la moindre concession, elle a été considérée par la communauté internationale comme un bond en avant. Aujourd’hui, Netanyahou semble précisément reproduire la stratégie de sa précédente période en tant que Premier ministre de 1996 à 1999, en faisant semblant de discuter et en ne concédant presque rien.
Et ce qui semble pousser la logique des négociations en cours est la peur. Pas la peur de Téhéran – comme l’annonce Israël - mais plutôt la peur qu’à Washington, Londres et ailleurs, Israël pourrait anticiper l'imposition d'un nouveau régime de sanctions économiques, en lançant une attaque unilatérale contre l'Iran. Alors, la réalité, - et ce n’est pas surprenant – c’est qu’une fois encore, il semble qu'Israël dicte ce qui est dans l’intérêt d’Israël et de la région, et la politique étrangère américaine s’aligne.
Si tout cela est décevant, c'est parce que tout cela semble si loin de la rhétorique du discours de Barack Obama au Caire en Juin où il a promis un nouveau départ aux relations de l'Amérique avec le monde musulman.
Ensuite, Obama a insisté sur le fait pour qu'il croyait que la situation "des Palestiniens est intolérable», en ajoutant: «les obligations que les parties ont convenu dans le cadre de la Feuille de route sont claires. Pour obtenir la paix, il est temps pour eux - et pour nous tous – de se montrer à la hauteur de nos responsabilités." Ce sont des mots qui semblent avoir été oubliés dans le souci d'obtenir un accord. N'importe quel accord. À tout prix.
Si ce sont les principes de la tentative actuelle d’un nouveau dialogue pour la paix, alors les germes de son échec ont déjà été semés. Car, commeJonathan Freedland l’a écrit ici, «si les efforts successifs pour la paix ont échoué" c’est parce qu'ils "ont esquivé le principal, les questions existentielles de 1948".
Sa suggestion est que ce dont nous avons besoin c’est bien plus qu'une formule mécaniste d’échanges de terres et des mesures de compensations qui soient justes. Mais ce dont nous avons besoin, c’est quelque chose de plus fondamental.
Une approche vraiment honnête et équitable - comme suggéré par M. Obama au Caire - exige l'abandon d'une approche inégale qui a permis pendant trop longtemps à Israël d’être le seul à définir et à redéfinir les conditions à chaque étape du progrès.
Malheureusement, les indications montrent qu’il n’y a très peu de chances pour cela. Et si cela est vrai, Obama aura échoué dans la "responsabilité" qu'il s’est fixée à lui-même.
Un pas en avant? Difficilement. Car tandis que l'on ne peut nier qu'Israël a peur de l'Iran, ses craintes exagérées de la «menace existentielle» que pose la République islamique sert un objectif diplomatique utile.
C’est faire dépendre les pourparlers de paix israélo-palestiniens aux progrès sur un sujet non lié et tout aussi difficile. À cet égard, ce n'est rien de moins qu’un déplacement du problème qui éloigne la perspective d'un règlement final au lieu de la rapprocher.
En tout cas, le lien explicite est une manœuvre dangereuse. La logique de réfléchir à de graves sanctions contre l’industrie du pétrole et du gaz iranien, dont dépend l'économie de Téhéran, est en elle-même dangereusement proche d'un acte de guerre.
Un acte de guerre qui aurait pour cadre non seulement les circonstances de l'intransigeance de l'Iran sur ses ambitions nucléaires (qui rendent nerveux de nombreux pays arabes voisins), mais les exigences d'Israël, une circonstance totalement différente. Sur le plan purement pratique, concernant l'Iran, inclure les désirs d'Israël dans une nouvelle série de sanctions ne semble avoir guère de chances de persuader les dirigeants iraniens à se comporter d'une façon différente.
La vérité est que l'Iran est pour Israël - comme pour le reste de la région et de la communauté internationale - un enjeu géopolitique et non une «menace existentielle». Ce que craignent les politiciens et généraux israéliens autant que la menace exagérée d'anéantissement, c’est est une redistribution de l'équilibre militaire qui pourrait compromettre l’unique puissance nucléaire d'Israël dans la région, ce qui affaiblirait sa capacité de dissuasion militaire, qui a été depuis si longtemps une protection de sa politique étrangère.
Et ce n'est pas seulement au regard du lien avec l'Iran que les nouveaux principes semblent profondément discutables.
Netanyahou, malgré les affirmations de certains, doit encore prouver qu’il peut être un partenaire pour la paix - la demande si souvent faite aux Palestiniens par Israël. Son ambivalence marquée concernant une solution à deux Etats est aggravée par le fait qu'il a montré (comme d'autres dirigeants israéliens avant lui) qu’il avait peu de considération pour l’opinion internationale ou les obligations qu'Israël a proposées sur la construction des colonies, qui était censée être gelée avec la feuille de route du président George W. Bush, et qui s’est poursuivie à une allure débridée.
Au lieu de cela, la seule concession qui a pu être tirée de Netanyahu semble avoir été la promesse d'un gel partiel et temporaire. Son refus d'accepter ses obligations vis-à-vis d’un arrêt total de la construction est instructif: notammentparce que M. Netanyahu estime que le président Bush a donné à Israël le feu vert pour annexer une partie des blocs de colonies dans le cadre d'un futur accord d’échange de terres.
Tout ce qu'offre Israël pour l'instant, c’est seulement un relâchement de l'étranglement imposé à la Cisjordanie par des points de contrôle israéliens qui l'ont fragmenté en tellement de bantoustans, dont la suppression progressive a stimulé – de façon non surprenante - la croissance économique palestinienne. Loin d'aller de l'avant, ce que l’on voir, c’est un petit pas vers une renormalisation de la vie des Palestiniens, et non une amélioration.
Et ce qui est frappant, c'est ce qui est à peine mentionné - la question de Gaza dirigée par le Hamas toujours sous un siège économique écrasant des Israéliens - sauf pour leur faire une promesse quelque peu lointaine que si la population de Gaza se débarrasse du mouvement islamiste (qui ne l'oublions pas a gagné les élections palestiniennes de 2006), alors elle pourrait obtenir un peu de ce que la Cisjordanie obtient actuellement.
C'est précisément pour cela que l'ambassadeur d'Israël à Londres, Ron Prosor– en écrivant sans une pointe d'ironie dans le Telegraph - a jugé opportun de féliciter son pays. A quel point Israël aide l'Autorité Palestinienne pour améliorer l'infrastructure palestinienne que son pays a tant fait pour la démanteler, mais il a oublié de le mentionner.
Peut-être que nous ne devrions pas être surpris par tout cela. Netanyahou a été là avant, à gérer la position d'Israël avec un obstructionnisme obstiné - y compris ses «trois non» - de sorte que, lorsqu’il a proposé la moindre concession, elle a été considérée par la communauté internationale comme un bond en avant. Aujourd’hui, Netanyahou semble précisément reproduire la stratégie de sa précédente période en tant que Premier ministre de 1996 à 1999, en faisant semblant de discuter et en ne concédant presque rien.
Et ce qui semble pousser la logique des négociations en cours est la peur. Pas la peur de Téhéran – comme l’annonce Israël - mais plutôt la peur qu’à Washington, Londres et ailleurs, Israël pourrait anticiper l'imposition d'un nouveau régime de sanctions économiques, en lançant une attaque unilatérale contre l'Iran. Alors, la réalité, - et ce n’est pas surprenant – c’est qu’une fois encore, il semble qu'Israël dicte ce qui est dans l’intérêt d’Israël et de la région, et la politique étrangère américaine s’aligne.
Si tout cela est décevant, c'est parce que tout cela semble si loin de la rhétorique du discours de Barack Obama au Caire en Juin où il a promis un nouveau départ aux relations de l'Amérique avec le monde musulman.
Ensuite, Obama a insisté sur le fait pour qu'il croyait que la situation "des Palestiniens est intolérable», en ajoutant: «les obligations que les parties ont convenu dans le cadre de la Feuille de route sont claires. Pour obtenir la paix, il est temps pour eux - et pour nous tous – de se montrer à la hauteur de nos responsabilités." Ce sont des mots qui semblent avoir été oubliés dans le souci d'obtenir un accord. N'importe quel accord. À tout prix.
Si ce sont les principes de la tentative actuelle d’un nouveau dialogue pour la paix, alors les germes de son échec ont déjà été semés. Car, commeJonathan Freedland l’a écrit ici, «si les efforts successifs pour la paix ont échoué" c’est parce qu'ils "ont esquivé le principal, les questions existentielles de 1948".
Sa suggestion est que ce dont nous avons besoin c’est bien plus qu'une formule mécaniste d’échanges de terres et des mesures de compensations qui soient justes. Mais ce dont nous avons besoin, c’est quelque chose de plus fondamental.
Une approche vraiment honnête et équitable - comme suggéré par M. Obama au Caire - exige l'abandon d'une approche inégale qui a permis pendant trop longtemps à Israël d’être le seul à définir et à redéfinir les conditions à chaque étape du progrès.
Malheureusement, les indications montrent qu’il n’y a très peu de chances pour cela. Et si cela est vrai, Obama aura échoué dans la "responsabilité" qu'il s’est fixée à lui-même.
Source : http://www.guardian.co.uk/
Traduction : MG pour ISM