[ 02/08/2009 - 01:23 ] |
Yossi Beilin En Israël, le noyau central du mouvement sioniste croit activement à l’idée de toujours garder une majorité juive sur la terre souveraine de l’Etat d’Israël. Et cela était un objectif principal, dès le départ. Et c’est pour cette raison également que toutes les tendances, de droite comme de gauche (à une exception marginale près dans les deux camps), avaient suggéré l’installation d’un Etat juif avant même d’assurer une majorité juive. C’est pour cela aussi que la plupart des gens avaient voulu, il y a 90 ans, l’Est du Jourdain comme une partie de l’Etat juif. Puis, il y a 62 ans, ils se sont mis d’accord pour que la plupart de l’Ouest du Jourdain soit une terre juive. Et suite à la guerre de six jours (1967), les gens ont hissé, dans de grands rassemblements, le slogan « l’unité du pays ». On a mis un grand espoir dans une vaste immigration assurant une majorité même dans cette situation nouvelle, une situation qui a mis sous notre contrôle la vie des millions de Palestiniens. En effet, si l’immigration avait résolu le problème démographique, le débat sur l’avenir des territoires aurait était moins dur. On n’aurait même plus parlé du problème démographique. Le débat aurait fait partie du débat général sur les affaires de l’avenir, des droits de l’homme, des droits collectifs. Mais l'immigration juive a traîné. Et l'immigration de l'ancienne Union Soviétique n'a fait que tarder l’arrivée de l’heure de vérité pour quelques années. Il reste à savoir que c’était le problème démographique qui avait poussé Sharon à se retirer de Gaza, et non la peur de la conférence de Genève (de l’époque), comme il l’a prétendu dans une interview avec le New York Times, le 14 avril 2004. En fait, Sharon a compris la problématique que pose le contrôle direct ou indirect d’un Etat juif d’un bon nombre d’Arabes plus nombreux que les Juifs. Et pour ce qui est d’Olmert, il s’est montré prêt à évacuer 90 % de la Cisjordanie. Et Netanyahu, il n’a déclaré son intention de créer un Etat palestinien que pour la raison démographique. Le problème démographique ne pourra guère être résolu par la déportation d’un certain nombre de Juifs d’un endroit de la terre d’Israël à un autre. Il suffit de regarder ce qui s'est passé dans la ville d’Al-Khalil. Le quartier de Haute Nassira a été construit dans des confrontations difficiles. Il y a une tendance à judaïser la ville d’Al-Khalil (Hébron). Mais personne ne pourra empêcher ses Arabes d’y vivre. Aujourd’hui, plus de dix mille Arabes y vivent encore. Karmidil a également été construit dans la même intention de judaïser la ville d’Al-Khalil. Cependant, la langue régnant dans ses centres commerciaux est l’arabe. Et sur la Colline Française, beaucoup d’Arabes louent des maisons. Ainsi, même si Netanyahu réussit son inutile débat avec les Etats-Unis concernant la construction dans la ville d'Al-Quds, il n’y aura pas nécessairement de Juifs pour s’installer dans les nouveaux projets d’investissement ; et en remarquant la débandade sioniste de la ville et la montée du nombre de Palestiniens dont les fondamentalistes dans la ville la plus pauvre d’Israël, il ne sera utile d’en parler beaucoup. La couverture juive est trop courte. A un moment donné, la discussion sur combien on peut tirer sur cette couverture ne sera qu’infantile. Très malheureusement, l’immigration de masse n’est pas pour demain. La seule solution qui nous reste et qui s’éloigne malheureusement de plus en plus consiste en la délimitation de frontières stables abritant une majorité juive aux côtés d’une minorité arabe, avec des droits égaux. Cela est possible avec trois alternatives. Soit de façon unilatérale, à un prix très fort. Soit par un accord bilatéral, à un prix d’échange de territoires. Le troisième chemin sera de laisser tomber la solution sioniste. Article écrit par l’homme politique israélien Yossi Beilin dans « Israël Aujourd’hui » Traduit par le CPI |