22/08/2009
Le stage, offert par « Calibre 3 », une société israélienne spécialisée dans la lutte antiterroriste, a accueilli en un an plus d’un millier de visiteurs venus surtout des États-Unis, du Canada et d’Europe. Baz Ratner/Reuters
PROCHE-ORIENT Reportage Une société israélienne spécialisée dans la lutte antiterroriste entraîne des enfants venus du Canada, des États-Unis ou d'Europe à « tuer des Arabes » dans une colonie près de Bethléem.
Sharon Gat, patron de l'entreprise Calibre 3, aide à se maintenir une petite fille qui lui arrive à hauteur de ceinturon. Ils tiennent un fusil presque aussi grand qu'elle. Ils ajustent le tir et ouvrent le feu sur une silhouette de soldat en carton. La fillette fait partie d'un groupe d'Israéliens, d'Européens et d'Américains venus suivre un stage de tir « antiterroriste » en Cisjordanie occupée. « Il est à mon avis important que chaque Juif sache utiliser une arme et se protéger, dit Gat, un réserviste israélien. Et je ne donnerai ni dans le mensonge ni dans l'hypocrisie - cela me rapporte aussi pas mal d'argent. »
La société de Gat organise en priorité des stages d'entraînement à la lutte antiterroriste et à l'autodéfense pour des firmes de sécurité privées et l'armée israélienne. Le cours de deux heures destiné aux touristes axé sur la sécurité est un ajout récent à son catalogue de ses prestations. Il ne fait pas l'unanimité parmi les Israéliens.
Au champ de tir de Calibre 3, situé dans la colonie de Gush Etzion, près de la ville palestinienne de Bethléem, des volontaires venus d'Israël, du Canada, des États-Unis et de Belgique forment un groupe de 15 clients âgés de 10 à 50 ans. Ils s'exercent avec toutes sortes d'armes, du simple pistolet au fusil de combat M-16.
James, un natif de l'Ohio qui refuse de voir publier son nom de famille, s'est inscrit au stage en rendant visite à des amis en Israël après un voyage d'affaires en Cisjordanie. « Le moment le plus choquant, c'est quand ils nous ont fait crier "terroriste" avant de nous mettre en position de tir », dit-il. James apprécie le cours et le juge sans risque, mais moralement discutable : « Cela peut inculquer aux enfants des convictions racistes. J'ai trouvé triste d'entendre des gamins exprimer un tel racisme. Cela réduit les chances de parvenir à un règlement pacifique de la crise (du Proche-Orient). »
De plus en plus de clients
Dans le groupe qui précédait le sien, James a dit avoir entendu des enfants se vanter auprès de leurs parents d'être capables d'« abattre des Arabes ».
Sharon Gat a inauguré le stage il y a un an et demi, ce qui a fait augmenter de 15 % les revenus de Calibre 3. Un millier de visiteurs sont venus le suivre l'an dernier et il s'attend à ce que leur nombre augmente en 2009. Ce cours, dit Gat, est une version simplifiée du premier mois d'entraînement destiné aux unités antiterroristes de l'armée. Le maître des lieux insiste sur l'essentiel avec sa classe : « Avec un terroriste, je ne veux pas jouer. Je veux le tuer. » Rivka, israélienne de 20 ans, vit à Toronto. Sa famille est venue célébrer la mémoire d'un parent tué dans l'un des avions précipités sur le World Trade Center de New York en 2001. « C'était un militaire et ses enfants sont ici aujourd'hui. C'est une chose qu'ils font pour leur père, en souvenir de lui. »
Pour Rivka, cela s'inscrit dans la réalité israélienne : « Ils grandissent dans ce pays. Ils grandissent avec des militaires tout autour d'eux. Ils entreront dans l'armée un jour, alors pourquoi ne pas acquérir une expérience positive ? »
Mais le stage ne tourne pas qu'autour des armes, il a aussi pour fonction d'enseigner les « valeurs sionistes », dit Gat. « Dans l'ensemble, les Juifs de l'étranger ne nous ressemblent pas. Ils apprennent à devenir médecins et avocats. Ils donnent l'impression de vouloir gagner de l'argent, mais pas d'être des caractères forts. J'ai pensé qu'il était bien de se tenir près de ceux qui ont livré toutes les guerres et combattu pour Israël. Cela rend fier d'être juif. »
Erika Solomon (Reuters)
La société de Gat organise en priorité des stages d'entraînement à la lutte antiterroriste et à l'autodéfense pour des firmes de sécurité privées et l'armée israélienne. Le cours de deux heures destiné aux touristes axé sur la sécurité est un ajout récent à son catalogue de ses prestations. Il ne fait pas l'unanimité parmi les Israéliens.
Au champ de tir de Calibre 3, situé dans la colonie de Gush Etzion, près de la ville palestinienne de Bethléem, des volontaires venus d'Israël, du Canada, des États-Unis et de Belgique forment un groupe de 15 clients âgés de 10 à 50 ans. Ils s'exercent avec toutes sortes d'armes, du simple pistolet au fusil de combat M-16.
James, un natif de l'Ohio qui refuse de voir publier son nom de famille, s'est inscrit au stage en rendant visite à des amis en Israël après un voyage d'affaires en Cisjordanie. « Le moment le plus choquant, c'est quand ils nous ont fait crier "terroriste" avant de nous mettre en position de tir », dit-il. James apprécie le cours et le juge sans risque, mais moralement discutable : « Cela peut inculquer aux enfants des convictions racistes. J'ai trouvé triste d'entendre des gamins exprimer un tel racisme. Cela réduit les chances de parvenir à un règlement pacifique de la crise (du Proche-Orient). »
De plus en plus de clients
Dans le groupe qui précédait le sien, James a dit avoir entendu des enfants se vanter auprès de leurs parents d'être capables d'« abattre des Arabes ».
Sharon Gat a inauguré le stage il y a un an et demi, ce qui a fait augmenter de 15 % les revenus de Calibre 3. Un millier de visiteurs sont venus le suivre l'an dernier et il s'attend à ce que leur nombre augmente en 2009. Ce cours, dit Gat, est une version simplifiée du premier mois d'entraînement destiné aux unités antiterroristes de l'armée. Le maître des lieux insiste sur l'essentiel avec sa classe : « Avec un terroriste, je ne veux pas jouer. Je veux le tuer. » Rivka, israélienne de 20 ans, vit à Toronto. Sa famille est venue célébrer la mémoire d'un parent tué dans l'un des avions précipités sur le World Trade Center de New York en 2001. « C'était un militaire et ses enfants sont ici aujourd'hui. C'est une chose qu'ils font pour leur père, en souvenir de lui. »
Pour Rivka, cela s'inscrit dans la réalité israélienne : « Ils grandissent dans ce pays. Ils grandissent avec des militaires tout autour d'eux. Ils entreront dans l'armée un jour, alors pourquoi ne pas acquérir une expérience positive ? »
Mais le stage ne tourne pas qu'autour des armes, il a aussi pour fonction d'enseigner les « valeurs sionistes », dit Gat. « Dans l'ensemble, les Juifs de l'étranger ne nous ressemblent pas. Ils apprennent à devenir médecins et avocats. Ils donnent l'impression de vouloir gagner de l'argent, mais pas d'être des caractères forts. J'ai pensé qu'il était bien de se tenir près de ceux qui ont livré toutes les guerres et combattu pour Israël. Cela rend fier d'être juif. »
Erika Solomon (Reuters)