Un ministre sur les pas d’Ariel Sharon à Al Aqsa
Une ONG israélienne Bimkom révèle que Ehud Barak a autorisé l’extension d’une colonie sauvage. Les dirigeants de l’Etat hébreu ne changent pas de tactique dans le « traitement » à l’égard de la Palestine. Au moment où les yeux du monde sont rivés sur l’Iran, devenu l’épicentre des préoccupations internationales, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a approuvé, loin des regards, un plan de construction de centaines de maisons dans une colonie sauvage en Cisjordanie occupée.
C’est l’ONG israélienne Bimkom, qui a dénoncé hier ce fait accompli, commis au nez et à la barbe de la communauté internationale. « Le plan est destiné à créer une continuité territoriale » entre la colonie de Talmon et une implantation sauvage voisine et « élargir la colonie aux dépens des villageois palestiniens dans la zone », a affirmé cette ONG Bimkom dans un communiqué diffusé hier. Ce projet, qui porte sur la construction de 300 unités résidentielles, attend encore un feu vert définitif au cours des mois à venir, y est-il précisé. Située au nord-ouest de Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, cette colonie à vocation a rogné davantage sur le périmètre palestinien qui se rétrécit comme une peau de chagrin. Et bien sûr, un responsable du ministère de la Défense était chargé hier de démentir la décision de son chef en assurant « qu’aucun nouveau permis de construction à Talmon n’avait été délivré ».
Il précise tout de même que ce fut le même Ehud Barak qui, il y a 9 mois sous le gouvernement Olmert,« a rétroactivement inséré des plans pour 30 maisons comprenant 60 logements dans le programme de développement de Talmon ». L’ONG Bimkom souligne pour sa part que « c’est la deuxième fois au cours des derniers mois » que le ministre de la Défense, Barak, approuve l’extension de colonies existantes ou de nouvelles colonies.
L’Iran a bon dos
Pour Alon Cohen-Lifshitz, un responsable de Bimkom, cela prouve « que (Ehud) Barak n’a pas l’intention de geler la construction dans les colonies existantes ni même d’empêcher d’en construire de nouvelles ». Cela est d’autant plus vrai que Barak ne fait qu’exécuter la sentence de son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, lequel a « exclu » un gel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés dans son dernier discours. Un défi, voire une provocation à la communauté internationale mais surtout au président des Etats-Unis, Barack Obama, qui avait exigé lors de son discours au monde musulman au Caire l’arrêt de toute extension des colonies et le démantèlement des colonies sauvages. Mais Netanyahou ne semble pas accorder de l’importance aux reproches des Etats-Unis, un pays « ami et allié » et où il compte sur le soutien décisif du puissant lobby juif l’Aipac.
Et dans ces « efforts » israéliens pour saborder tout espoir de paix pour les Palestiniens, un collègue de Ehud Barak, le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, du parti d’extrême droite Israël Beiteinou, a bravé l’interdit hier en se rendant sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa ! Un geste qui sent trop fort la provocation quand on sait que ce fut la visite similaire de Ariel Sharon en septembre 2000, qui avait déclenché la deuxième Intifadha. « Cette visite est une provocation. Elle va encourager d’autres Israéliens à se livrer à des provocations similaires », a déclaré cheikh Hussein, mufti d’Al Qods à l’AFP. Tout se passe comme si le gouvernement israélien s’est partagé les rôles dans la provocation. Qui peut croire Netanyahou ou Barak quand ils glosent sur la paix pendant que sur le terrain, ils allument le feu et attisent la tension ? Mais aujourd’hui, la situation en Iran offre un bon prétexte pour éloigner les regards du monde de l’insoutenable vie des Palestiniens. Il est en tout état de cause risible d’entendre Netanyahou se lamenter sur les « souffrances » du peuple iranien…
Par