L’événement qui a déclenché la guerre du Premier ministre israélien ultra-droitier « Bibi » Netanyahou contre l’Autorité palestinienne de Gaza peut s’avérer être une fraude comme celle des prétendues « armes de masse » ayant servi à justifier l’invasion de l’Irak et le renversement illégal de Saddam Hussein en 2003.
L’événement en question est l’enlèvement, en juin, de trois adolescents israéliens en Cisjordanie
et la découverte de leurs corps quelques semaines plus tard. Peu après
que les corps eurent été découverts, Netanyahou s’est précipité pour
déclarer, sans aucune preuve, que le Hamas était responsable de leur
mort, et initié une action punitive qui a conduit au déclenchement le 6
juillet de l’opération actuelle.
Selon Sheera Frenkel, correspondante au Moyen-Orient
pour le compte de BuzzFeed, ni le renseignement israélien ni la police
ne croient que le Hamas a commandité les trois meurtres. Un responsable
du renseignement israélien qui a travaillé en Cisjordanie et qui est
étroitement associé à l’enquête a confié à Frankel qu’il a l’impression
que l’enlèvement des trois jeunes a été utilisé par les politiques pour
promouvoir leur propre dessein :
L’annonce [que le Hamas était responsable] était prématurée. S’il y avait eu un ordre de la part de n’importe quel responsable du Hamas à Gaza ou à l’étranger, ceci aurait été un cas d’enquête facile. Nous aurions eu ce type de renseignement. Mais il n’y a aucune donnée, et il faut par conséquent conclure que ces hommes ont agi de leur propre chef.
Ce responsable a de plus confié à
Frankel qu’il était préoccupé de voir comment les événements sur le
terrain sont biaisés par les politiques. La popularité du Hamas augmente
en Cisjordanie, et Netanyahou s’est retrouvé sous la pression de l’aile
droite pour faire quelque chose à ce sujet. Le Hamas en Cisjordanie est
fragmenté, il y a beaucoup de factions – est-ce que ces hommes auraient
pu rompre avec le Hamas et se constituer comme une faction séparée ?
Cela est possible. Mais ce n’est pas le scénario le plus probable, ni
celui que nous privilégions, a-t-il conclu.
L’ancien chef du Shin Beth (service de sécurité israélienne) Yuval Diskin a déclaré au quotidien allemand Der Spiegel dans un entretien le 24 juillet que « cela
a commencé avec l’enlèvement de trois adolescents israéliens en
Cisjordanie. D’après ce que j’ai lu et ce que je sais concernant la
manière d’opérer du Hamas, je pense que le bureau politique du Hamas a
été pris par surprise. On a l’impression que cela n’a pas été coordonné
avec eux ni ordonné par eux. »
Rappelons pour terminer que Henry
Siegman, ancien président de l’American Jewish Congress et actuel
dirigeant du U.S./Middle East Project, a publié le 22 juillet dans Politico une attaque cinglante contre « Bibi » Netanyahu et sa politique meurtrière à Gaza. L’invasion de la Bande de Gaza « n’a pas été déclenchée par le tir de roquettes du Hamas contre Israël, mais par la détermination d’Israël
de renverser le gouvernement palestinien d’unité formé au début juin,
même si ce gouvernement s’appliquait à honorer toutes les conditions
imposées par la communauté internationale pour la reconnaissance de sa
légitimité. »
Netanyahou, écrit Siegman, a rejeté toutes les propositions avancées par John Kerry lors des négociations de paix, car « lui et son gouvernement se sont lancés dans un effort frénétique pour éliminer les Palestiniens en tant qu’entité politique » et leur nier toute forme de souveraineté, c’est-à-dire « l’élément principal définissant l’auto-détermination et un Etat ».