Israël a violemment dénoncé mardi la composition d'une
commission d'enquête de l'ONU sur de possibles violations des lois
humanitaires internationales lors de la guerre dans la bande de Gaza et
dans les semaines qui ont précédé.
"Les conclusions anti-israéliennes du rapport de cette commission
sont écrites d'avance, il ne manque plus que les signatures", a déclaré à
l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal
Palmor, en visant en premier lieu le président de la commission désigné
par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, William Schabas. "Pour
cette commission, l'important ce ne sont pas les droits de l'Homme, mais
le droit des organisations terroristes telles que le Hamas", a dit le
porte-parole.
Le Conseil des droits de l'Homme a annoncé lundi la création
d'une commission internationale chargée d'enquêter sur toutes les
violations des lois humanitaires internationales et des droits de
l'Homme dans les Territoires palestiniens, particulièrement dans la
bande de Gaza, mais aussi à Jérusalem-Est depuis le 13 juin et le
déclenchement d'opérations israéliennes consécutives à l'assassinat de
trois jeunes israéliens en Cisjordanie. Ce cycle a culminé avec la
guerre à Gaza, débutée le 8 juillet.
La commission sera présidée par William Schabas, un universitaire
enseignant le droit international à Londres. Il est notoirement
considéré comme hostile en Israël où ses propos antérieurs sur son vœu
de voir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comparaître
devant la Cour pénale internationale étaient abondamment rapportés
mardi.
Dans un communiqué, le mouvement islamiste Hamas a salué de son
côté "la décision de former une commission d'enquête internationale sur
les crimes de guerre à Gaza", l'appelant "à entamer au plus vite ses
travaux". Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères
a indiqué néanmoins qu'aucune décision officielle n'avait été prise sur
une participation israélienne à cette enquête ou sur son boycottage.
Israël avait boycotté une précédente commission d'enquête nommée
par le Conseil des droits de l'Homme présidée par le juge sud-africain
Richard Goldstone après l'opération "Plomb durci" de l'armée israélienne
dans la bande de Gaza durant l'hiver 2008-2009.
Le rapport remis en septembre 2009 accusait Israël et des groupes
armés palestiniens à Gaza de "crimes de guerre", voire de "crimes
contre l'humanité", lors de cette offensive qui avait coûté la vie à
1.440 Palestiniens et 13 Israéliens.
L'opération "Bordure protectrice" lancée par Israël le 8 juillet a
fait 1.940 morts palestiniens, selon les services de secours.
Soixante-quatre soldats et trois civils sont morts côté israélien. Les
dirigeants palestiniens et la Ligue arabe ont accusé Israël de "crime de
guerre". L'opération a aussi suscité de vives tensions entre Israël et
l'ONU. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé de son
côté le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, d'avoir commis "un double
crime de guerre" en tirant des roquettes sur la population civile
israélienne et en se servant des civils palestiniens comme "boucliers
humains".